Jean MALHERBE
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Jean MALHERBE naît à Olne (près de Liège) en 1741. De 1759 à 1763, il séjourne à Rome pour y travailler le violon au Collège Liégeois. A son retour, il s'installe à Maastricht en 1763-64. En 1767, on le retrouve à La Haye, où il entre bientôt à l'orchestre de la Comédie Française (dit aussi l'orchestre de l'Opéra), dont il prendra la direction, et à l'orchestre de la Cour. En 1775 il y est rejoint par son frère cadet Henri, également violoniste. Il se lie d'amitié avec Colizzi. Il est à ce moment relativement prospère, car le pays est en paix et la musique est soutenue par de riches mécènes. Mais les Pays-Bas vont entrer pour longtemps dans une période de turbulences successives, et la situation financière de Malherbe va se dégrader progressivement, en même temps que son état de santé. La situation politique troublée ayant amené la Cour à s'installer à Nimègue, il devient impossible à Malherbe de cumuler les deux emplois qui lui avaient donné une certaine aisance, et il entre dans une spirale de difficultés financières que n'arrangeront pas les événements militaires consécutifs à la Révolution française. Il meurt dans la misère en 1800. |
Dans un écrit anonyme, mais attribuable à la princesse Amalia de Gallitzin (célèbre par son érudition autant que par sa piété), on trouve ce portrait de Malherbe :
C'est une de ces personnes qui se font aimer et estimer de tous ceux qui la connaissent ... ceux même ... que la musique intéresse peu ou point du tout aiment à l'entendre jouer du violon et l'écoutent avec plaisir ... Sa composition dont il est un peu chiche est pleine de feu et de chant ... à ce talent supérieur il joint un caractère doux, complaisant et une excellente éducation : toujours occupé à faire plaisir et toute sa conduite prouvent que c'est plutôt l'honneur que l'intérêt qui le guide : point jaloux des talents d'un autre ... il cherche au contraire à rendre service, et à obliger tous ceux qui se présentent chez lui, malgré qu'il ait été le plus souvent payé d'ingratitude ... Serait-il sans défauts ? Non, je lui en connais un, sa modestie est outrée.
Même si ce texte établit avec certitude que Malherbe ait composé, il ne semble en subsister aucune trace.
Son fils aîné Willem fut violoniste dans des orchestres de La Haye.
C'est dans la seule année 1771 que Malherbe apparaît au Tableau de la Loge les Coeurs Unis (fondée en 1749, affiliée en 1757 à la Grande Loge d'Angleterre ; elle absorba en 1768 l'Egalité des Frères et disparut entre 1800 et 1802 ; elle a été bien fournie en musiciens). Il semble donc qu'il n'ait fait qu'un séjour particulièrement bref en franc-maçonnerie ; ce qui explique peut-être que, contrairement à Mozart par exemple à pareille époque, il n'ait bénéficié d'aucune aide quand il fut, dans les dernières années de sa vie, aux prises avec des difficultés financières ?
Nos sources pour cette page sont :
l'ouvrage de Monique DE SMET, La vie du violoniste Jean Malherbe (Olne 1741-Amsterdam 1800) Maître de Chapelle de S.A.S. le Prince d'Orange et de Nassau d'après ses lettres inédites (Bruxelles, Palais des Académies, 1962)
l'ouvrage de MALCOLM DAVIES, The masonic muse. Songs, music and musicians associated with Dutch freemasonry: 1730-1806 (Koninklijke Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis, Utrecht 2006)