Second chant funèbre pour Louis XVIII

Ce cantique est le deuxième de ceux chantés lors de la pompe funèbre organisée le 25 novembre 1824 par le Grand Orient de France en l'honneur de Louis XVIII. 

Le texte est, comme pour le premier, du Frère Bouilly et la musique du Frère Chenié.

Le roi est mort, vive le roi : la cérémonie ne peut se terminer sans une proclamation de fidélité au successeur, Charles X.

CHANT FUNEBRE,

PAROLES DU FRERE BOUILLY, OFFICIER DU GRAND ORIENT DE FRANCE,

Musique du Frère CHÉNIÉ, attaché à l'Académie royale de Musique.

RÉCITATIF.

Suspendez vos concerts, filles de l'harmonie,
Entonnez le chant des douleurs :
De la mort le pâle génie
Vient pour s'abreuver de vos pleurs.
Il va frapper !... Sa main fatale
Méconnaît la race royale 
Et l'antique sang des Bourbons...;
Pour elle une tige adorée
N'est pas plus sainte et plus sacrée
Que les plus obscurs rejetons.

CHANT.

STROPHE PREMIÈRE.

Louis, toujours grand, magnanime,
Sait répondre avec calme au signal qu'il entend...
Il est chrétien ; sa foi l'anime,
L'éclaire, le soutient, lui dit : « Le ciel t'attend.»
Son ame, ouverte à l'espérance,
Voit déjà le séjour d'un éternel bonheur,
Pendant qu'aux saints autels la France
Dépose, en gémissant, ses voeux et sa douleur.

STROPHE SECONDE.

Alors, sa famille éplorée
De son chef expirant veut encor contempler
La tête auguste et vénérée
Qu'ennoblit le malheur, au lieu de l'accabler.
Dans sa douleur religieuse,
Elle tombe à ses pieds, embrasse ses genoux...
« Adieu, dit-il, soyez heureuse,
» Et que le Dieu du ciel soit toujours avec vous !
»

STROPHE TROISIÈME.

Il n'est plus !!! L'airain funéraire
Par ses lugubres sons porte partout l'effroi ;
Le peuple en vain regrette un père,
Pleure, gémit... La France est veuve de son roi !
La foule court, se précipite
Vers le sombre palais de la mort et du deuil,
Et là, l'œil en pleurs, interdite,
S'arrête avec respect devant un froid cercueil.

INVOCATION.

O toi, de tous les biens source pure, éternelle, 
Dieu puissant qui lis dans les cœurs,
Que ta clémence paternelle
Place au rang des élus l'objet de nos douleurs !
CHARLES, son successeur, son frère,
Vient à nous aujourd'hui, comme un ange de paix ;
De ses nobles vertus il est dépositaire :
Qu'il soit heureux ! qu'il règne ! et puisse pour jamais,
Sous un soleil serein, sur le sol des Français,
Fleurir le lys héréditaire !

Retour à la Pompe funèbre de Louis XVIII :

Retour au sommaire du Chansonnier :