Couplets à Minerve

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La première édition que nous connaissions de ces Couplets est dans le volume 2 (1801-1802) du Miroir de la Vérité d'Abraham (pp. 125-7, reproduites ci-dessous).

Ils sont reproduits au Code Récréatif des Francs-Maçons de Grenier (pp. 274-6) ainsi que (seulement les premier et deux derniers couplets) à l'édition de 1811 de la Lyre maçonnique (pp. 27-8).

Il est spécifié qu'ils furent chantés à la première Réunion de la Respectable Loge des Elèves de Minerve en banquet, le 13e jour du 12e mois 5,801, 24 pluviose an 10 (i. e. le 13 février 1802) par le Frère Rizaucourt, Orateur de cette Loge.

La Loge sera installée le 9 avril 1802 et le Miroir de la Vérité en rendra compte (vol. 2, pp. 216-247) avec d'autant plus de faveur que c'est précisément Abraham qui en est le Vénérable.

Voir ici sur l'air (qui est mentionné par toutes les éditions) Jeunes amans, cueillez des fleurs.

                     

      

COUPLETS

Chantés à la première Réunion de la Respectable Loge des Eleves de Minerve en banquet, le 13e jour du 12e mois 5,801, 24 pluviose an 10.

Air : Jeunes amans, cueillez des fleurs.

Unissons tous nos sentimens, 
Et dans une sainte allégresse, 
Faisons fumer un pur encens 
Sur les autels de la sagesse. 
En cet instant, du haut des cieux, 
Une déesse nous observe, 
Sur nous elle a fixé les yeux ; 
                C'est la docte et belle Minerve.              bis.

Du temple que nous élevons 
Toujours s'étendra la durée ; 
Ce ne sera qu'aux vrais Maçons 
Que nous en permettrons l'entrée. 
Au sein de la fraternité 
Nous ne craindrons aucune atteinte, 
O Minerve ! ô divinité ! 
                   Si tu règnes en cette enceinte.              bis.

Pour instruire un jeune mortel 
Et le former à la sagesse, 
Quittant le séjour éternel, 
Long-tems tu restas dans la Grèce ; 
De Télémaque, ô bon Mentor ! 
Tu fus le guide salutaire. 
Daigne ici bas descendre encor, 
                     Viens, que ton flambeau nous éclaire.              bis.

Féconde source de bienfaits,
D'attraits, de beauté, de puissance ;
Au doux olivier de la paix,
Minerve, tu donnas naissance.
Mais las ! trop souvent les humains
Te rebutent dans leur délire . . . . .
Fais qu'enfin, formés par tes mains,
                  Nous éternisions ton empire.              bis.

Du cerveau du Maître des dieux, 
O toi qui sortis toute armée, 
De l'encens qui brûle en ces lieux 
Vers toi s'élève la fumée. 
Dans ce temple majestueux, 
Que toujours ton esprit réside ; 
Rends tous tes élèves heureux, 
                  Et couvre-les de ton égide.              bis.

Le couplet 3 fait allusion au Télémaque de Fénelon, où Minerve, sous la figure de Mentor, accompagne le jeune prince, et fait servir tous les accidents du voyage à son instruction. 

Tout à coup, elle [Calypso] aperçut les débris d’un navire qui venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages flottant sur la côte ; puis elle découvre de loin deux hommes, dont l’un paraissait âgé ; l’autre, quoique jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa fierté, avec sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse comprit que c’était Télémaque, fils de ce héros. Mais, quoique les dieux surpassent de loin en connaissance tous les hommes, elle ne put découvrir qui était cet homme vénérable dont Télémaque était accompagné : c’est que les dieux supérieurs cachent aux inférieurs tout ce qu’il leur plaît ; et Minerve, qui accompagnait Télémaque sous la figure de Mentor, ne voulait pas être connue de Calypso. (Les Aventures de Télémaque, Premier livre)

ci-contre : Télémaque, accompagné de Minerve sous la figure de Mentor, arrive dans l'île de Calypso.

René-Antoine Houasse - Minerva

à gauche, tableau de René-Antoine Houasse (1645–1710) : Minerve naissant toute armée du cerveau de Jupiter (cfr dernier couplet : Du cerveau du Maître des dieux,  O toi qui sortis toute armée), fendu d'un coup de hache par Vulcain.

Par Minerve armée les Chymistes entendent ordinairement leur mercure. Quand la Fable dit qu'elle naquit du cerveau de Jupiter par un coup de hache que lui donna Vulcain, c'est le mercure qui se sublime par la coction que fait le feu, ou Vulcain. (Dictionnaire mytho-hermétique de Dom Pernety, 1758, p. 309)

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