A une jeune framaçonne

 

Même s'il ne s'agit très probablement que d'un madrigal plutôt que d'une chanson, nous avons tenu à faire apparaître ici cet aimable marivaudage bien dans l'esprit du temps, trouvé dans l'Almanach des Muses pour 1769, puisqu'il prouve l'existence des Loges d'Adoption bien avant leur reconnaissance officielle par le Grand Orient de France en 1774.

A UNE JEUNE FRAMAçONNE

Le jour de sa Réception.

DEPUIS que vous êtes des nôtres,
l'Amour pend la truelle aux traits de son carquois ;
notre ordre vous tient sous ses loix :
mais tous les coeurs sont sous les vôtres. 

Chose curieuse, une autre édition du même Almanach ajoute la signature de Monsieur Lemiere - alors même que sa Table des matières classe toujours cette pièce parmi celles dont l'auteur est anonyme.

Il pourrait à notre avis s'agir - d'autant que le même recueil contient plusieurs poèmes signés Le Mierre - d'Antoine-Marin LE MIERRE (1723-1793), poète et auteur dramatique (entré à l'Académie en 1781), membre en 1778-9 des Neuf Soeurs selon Le Bihan dans son ouvrage Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France. Selon Louis Amiable dans Une loge maçonnique d'avant 1789, la loge des Neuf Soeurs, (ouvrage réédité par EDIMAF en 1989, augmenté d'un commentaire et de notes critiques de Charles Porset), il fut agrégé à cette Loge le 16 janvier 1779. Le terme agrégé est ambigu et peut aussi bien signifier initié que affilié (c'est-à-dire déjà antérieurement membre d'une autre Loge). Les Mémoires secrets auxquels se réfère Amiable parlent bien d'initiation, mais leurs auteurs ne sont sans doute pas initiés à de telles nuances.

En tout cas le Lemiere rédacteur de ce texte était bien maçon en 1769, sans quoi il n'aurait pu écrire depuis que vous êtes des nôtres.

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