Cantate pour Askeri-Khan

 

Aux pages 106 à 108 du Tome VII des Annales maçonniques de Caillot, on trouve une Cantate, sur un texte (assez délirant) de Voyard, qui fut chantée lors de la Séance solennelle pour la réception dans l'Ordre des Franc-maçons du Frère Askeri-Khan, Ambassadeur de Perse près la Cour de France :

CANTATE.

Paroles du F. Voyart.

Musique de Charles Boscha fils.

R É C I T A T I F.

Les artistes français, jaloux de ton suffrage,
Ont entendu le mot d'un des plus grands guerriers !
Parole d'Asker-Khan ! sois un heureux présage 
Ils seront couronnés par d'immortels lauriers!
Ils invitent ma voix timide
A t'exprimer leurs voeux reconnaissants.
Il n'est point de talent aride,
Quand le coeur dicte nos accents !
Tu verras qu'il est notre guide,
Si tu daignes écouter nos chants.

C H A N T.

O toi ! qui de l'heureuse Asie
Quittas le séjour enchanteur,
Où les fruits sont de l'ambroisie,
Où le climat est un bonheur,
Tu sais ici jouir encore
Sous l'empire de l'aquilon !
Asker-Khan admirant ce que l'art fit éclore,
Est inspiré par Apollon.

Tu viens des beaux lieux où I'aurore
Semble ouvrir les portes du jour,
Où Phébus échauffe et colore,
Où naquit le premier amour.
Site chéri de la nature,
Elle y prodigua ses bienfaits,
Là, plaît la beauté sans parure,
Le plaisir y double d'attraits!
Asker-Khan, loin de sa patrie,
N'aurait que de sombres ennuis, 
Si le goût pour les arts, si la philosophie,
N'éloignaient de lui les soucis.

R É C I T A T I F.

Et vous, enfants des arts, qui dispensez la gloire !
Hâtez-vous ! hâtez-vous, il faut la décerner
A celui dont le bras enchaînant la victoire,
De l'ennemi vaincu sut se faire admirer !
Prince aimable ! ta renommée
Te devança dans nos climats :
Que ta haute vertu soit partout proclamée !
Elle sait illustrer les plus grands potentats.

C H A N T.

Asker-Khan, comme le zéphire,
Vient des confins de l'Orient,
Rendre hommage au héros que l'univers admire
A cet astre de l'Occident.
A toi seul, à ta main guerrière,
Etait dû le sublime honneur
D'apporter d'un autre hémisphère
Les dons offerts à la valeur !
Asker-Khan, c'est à ton génie
Que tu dois ce tribut payé par les beaux arts :
A l'immortelle d'Uranie
Ils ont joint le laurier de Mars.
Et quand l'estime et la puissance
Réunissent nos souverains,
Ce sont les arts et la science
Qui rapprochent tous les humains.

C H OE U R.

Oui, célébrons les arts, et célébrons la guerre
A jamais conservons d'Asker le souvenir :
Les arts sont impuissants pour conquérir la terre ;
Mais ils ont conquis l'avenir.

 

A propos de Charles Boscha fils 

Qui est le "Charles Boscha fils" mentionné comme le compositeur de la Cantate ci-dessous? 

Il ne peut s'agir que d'un profane (sinon il eût, à l'instar du parolier, été désigné comme Frère). Mais on imagine difficilement qu'il lui ait été demandé de composer de la musique pour la Loge si son père n'avait été lui-même maçon. 

Il doit donc s'agir de Nicolas-Charles BOCHSA (on écrit parfois BOSCHA), né en 1789 à Montmédy et mort en 1856 à Sydney en Australie, dont le père Charles était hautboïste et éditeur de musique (mais dont nous n'avons pas encore retrouvé trace de l'appartenance maçonnique, pourtant probable en fonction de ce qui précède). 

Selon Michel Faul, Nicolas Bochsa fut l'un des plus grands harpistes du XIXe siècle, qui a défrayé la chronique tout au long de sa carrière... et pas seulement pour des raisons musicales.(Il a été condamné par contumace aux travaux forcés après s'être réfugié en Angleterre)

Il fut non seulement un harpiste virtuose, qui inventa plusieurs techniques pour la harpe, et plusieurs manières de jouer avec un flageolet chromatique, mais aussi un compositeur. 

Il a travaillé à la Cour française de 1813 à 1817 et à Londres de 1822 à 1827.

Ses nocturnes pour harpe et basson ont été écrits en collaboration avec François René Gebauer (1774-1845).

Rien n'indique que Bochsa Fils, sur les traces (probables) de son père, soit lui-même devenu maçon. Cela ne saurait étonner, si l'on se rappelle qu'il faut pour cela être probe, libre et (selon les critères du moment) de bonnes moeurs. Ayant été - ce qui explique sans doute ses expatriations successives - poursuivi à plus d'une reprise (notamment pour faux et bigamie), il ne devait sans doute pas être considéré comme tel ...

(d'après le site consacré au livre de Michel Faul, NICOLAS-CHARLES BOCHSA : Harpiste, compositeur, escroc et le site Un cor dans mon coeur)

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