Bonne fin (d'année) !

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La célébration de la Saint-Jean d'Hiver 1816 de la Loge de Boulogne-sur-Mer St-Frédérick des Amis Choisis eut lieu à la date inhabituelle du 31 décembre.

Cette décision avait été prise sur la suggestion du Premier Surveillant, le Frère Boulongne, qui avait dit que c'était le moyen de bien finir et de bien commencer l'année.

Cette réflexion inspira au Frère Hédouin les couplets suivants, qu'il chanta au cours du Banquet.

              
        
IL FAUT FAIRE UNE BONNE FIN.

 

Air : J'ai vu partout dans mes voyages.

 

On peut, dans des couplets de fête,
Dire en riant la vérité ;
Heureux si dans ma chansonnette
J'unis la raison, la gaieté. 
Ami du vin, de la tendresse,
Aujourd'hui j'ai pris pour refrain
Ce vieux dicton de la sagesse:
« Il faut faire une bonne fin. »

 

 

Même dans les jours de l'enfance,
Grégoire caressait Bacchus ;
Dans les jours de l'adolescence,
Il adorait son divin jus.
L'âge mûr vint, puis la vieillesse,
Il mourut le verre à la main,
En murmurant avec ivresse :
« Il faut faire une bonne fin. »

 

 

Lise, à peine à la fleur de l'âge,
Avait un amant sous ses lois ;
A vingt ans ce fut une rage :
Elle comptait par trois fois trois,
A quarante ans on vit la belle
Prendre pour directeur un saint,
Et dire en baissant la prunelle :
« Il faut faire une bonne fin. »

 

 

Le Français, amant de la gloire,
Se distingue dans les combats,
Et la palme de la victoire
A son cœur offre mille appas.
Périr aux champs de la vaillance,
C'est pour lui le plus beau destin ;
Soldats, voilà votre espérance :
« Il faut faire une bonne fin.
»

 

 

Aussitôt que naîtra l'aurore,
Doit naître aussi le nouvel an :
De l'an qui passe un jour encore
Est à nous, ah ! profitons-en !
Chantons, rions, mes très-chers frères,
Qu'ici nous trouve le matin,
Remplissant et vidant nos verres.
« Il faut faire une bonne fin. »

Au frère Boulongne.

 

C'est à toi, frère tant aimable,
A toi, que je dois ma chanson ;
A toi qui partout, comme à table,
Nous représente Anacréon.
Si quelqu'un trouve que ma muse
A mal encadré ton refrain,
Personne au moins ne me refuse
« D'avoir fait une bonne fin. »

Le deuxième couplet serait-il une référence à l'esquisse d'opéra-comique de Voltaire (1773), les deux Tonneaux, où Grégoire est un cabaretier-cuisinier, prêtre du temple de Bacchus ?

Voir l'air J'ai vu partout dans mes voyages.

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