Stances funèbres pour Cambry

Cette pièce est la deuxième des 3 qu'on trouve au Tracé de la Fête funèbre en mémoire du Frère Jacques de Cambry (ci-contre), célébrée le 27 février 1809 par la Loge parisienne des Commandeurs du Mont Thabor.

Voir ici sur le compositeur, le comte de Sorgo.

 

STANCES FUNÈBRES.

Paroles du Souverain Commandeur J. F. ROGER, Orateur adjoint ; musique du Frère Commandeur Comte de SORGO

MUSES, vous n'avez plus que des concerts funèbres ;
Vos lauriers sont cachés sous de tristes cyprès.
Et le deuil, en pleurant, du voile des tènèbres
A couvert vos attraits.

La plaintive amitié, les yeux baignés de larmes,
Tout entière livrée à de noirs souvenirs,
Repousse l'éloquence ; et, dédaignant ses charmes,
Ne veut que des soupirs.

Quelle austère douleur ! quelle scène affligeante !
Des couleurs du néant, vos regards abattus,
Tout redit à mon coeur, d'une voix déchirante :
Cambry, Cambry n'est plus !

Echos, restez muets ; échos, faites silence !
Multipliez sans fin les transports du bonheur,
Mais sachez retenir, comme une confidence,
Le cri de la douleur.

Respect aux malheureux ! respect à leur tristesse ;
Ils trouveront toujours trop d'échos dans leurs coeurs l
Raison, console-nous : ô divine sagesse !
Viens apaiser nos pleurs !

Cambry, Cambry n'est plus ! je ne le veux pas croire.
Loin d'ici, loin d'ici ces discours imposteurs,
Notre ami n'est pas mort ! interrogeons sa gloire,
Interrogeons nos coeurs !

Cambry n'existe plus ! La douce bienfaisance
N'a-t-elle donc jamais trouvé que des ingrats ?
Ah! dans tout coeur sensible à la reconnaissance,
Cambry ne vit-il pas?

        Les tendres sentimens qui forment l'existence,
Bannis de tous les coeurs, lui seraient-ils ravis ?
N'avons-nous plus pour lui que froide indifférence ?
N'aurait-il plus d'amis ?

Ses ouvrages charmans ne sont-ils plus utiles ?
Seraient-ils effacés par d'illustres rivaux ?
Seraient-ils méprisés par des auteurs habiles,
Ou vantés par des sots ?

Non, Cambry vit toujours, car nous l'aimons encore ;
Car il nous laisse, au lieu de regrets superflus,
Avec une amitié dont notre coeur s'honore,
L'exemple des vertus.

Eh ! quoi ! Cambry mourir ! C'est pour l'homme vulgaire
Qne sont faites les lois d'un assuré trépas ;
Mais quand on s'est ouvert une illustre carrière,
Non, non, l'on ne meurt pas.

On va prendre sa place au temple de mémoire ;
On se fraie un chemin dans la postérité ;
Ah ! bien loin de mourir, on assure sa gloire,
Son immortalité !

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