Hommage funèbre à Cambry (1809)

La Loge parisienne des Commandeurs du Mont Thabor a célébré le 27 février 1809 (et donc avec un certain retard, puisqu'il était mort le 31 décembre 1807) une Fête funèbre en mémoire du Frère Jacques de Cambry (1749-1807), Commandeur-fondateur (tous les membres de cette Loge étaient des Commandeurs). 

Cambry 

Ce personnage, à la fois écrivain et haut fonctionnaire, méritait bien d'être remis en lumière.

Il fut notamment - avec Mangourit - un des fondateurs à Paris en 1805 de l'Académie celtique (qui deviendra plus tard la Société des Antiquaires de France). (NDLR : au XIXe, un antiquaire est plutôt ce qu'on appelle maintenant un archéologue - ou même un folkloriste - qu'un commerçant d'antiquités).

Signalons à ce propos que l'article de Jean-Yves Guiomar, La Révolution Française et les origines celtiques de la France (paru dans les Annales historiques de la Révolution française, N° 287, 1992, pp. 63-85), donne de précieuses informations sur les liens entre l'Académie celtique et la maçonnerie, ainsi que sur Cambry lui-même.

Les Commandeurs du Mont Thabor

Les historiens de la maçonnerie donnent diverses dates (notamment le 1er mars, le 6 septembre et le 6 novembre 1808) pour la création, au Rite Ecossais Philosophique, de la Loge parisienne des Commandeurs du Mont Thabor (nous ignorons si ce nom a été choisi pour commémorer une bataille en 1799 lors de l'expédition de Syrie ou par référence religieuse).

Bésuchet pour sa part (qui signale qu'elle a un chapitre et un conseil de 30e) donne le 11 mars 1807 : cette date (qui figure d'ailleurs à la médaille de la Loge) nous semble vraisemblable, d'autant qu'elle justifie que Cambry, mort fin 1807, en soit mentionné comme un des fondateurs.

Les Commandeurs du Mont Thabor avaient une Loge d'Adoption, les Dames Ecossaises de la Colline du Mont Thabor

Le Tracé de cette cérémonie a été imprimé par les soins de la Loge et peut être consulté ici sur le site de la BNF.

Il a été recopié par Vuillaume aux pp. 79-118 de son recueil de 1823 intitulé L'ORATEUR FRANC-MACON, ou CHOIX DE DISCOURS PRONONCÉS A L'OCCASION DES SOLENNITÉS DE LA MAÇONNERIE ; c'est de cette édition que proviennent les images de ce site.

C'est Mangourit, en tant qu'Orateur de la Loge, qui prononça (pp. 84-113) l'éloge funèbre de Cambry. 

Mangourit (1752-1829)

Michel Ange Bernard Mangourit du Champ Daguet fut initié dès 1771 à la loge rennaise de La Parfaite Union. 

Dans son ouvrage RENNES : Les Francs-maçons du Grand Orient de France, Daniel Kerjan consacre tout un chapitre à son itinéraire insolite.

En 1819, le Tome second de Hermès, ou Archives maçonniques a publié ses Portes symboliques du Temple, en 3 livraisons (La Vertu, pp. 174-205 ; la Sagesse, pp. 233-273  ; l'Accomplissement, pp. 322-339).

La France littéraire lui a consacré en 1833 une notice.

 Bésuchet donne de Mangourit la biographie suivante : 

MANGOURIT (Michel-Ange-Bernard de), ancien lieutenant criminel au bailliage de Rennes, ancien résident de France en Valais, a rempli honorablement ces différentes fonctions publiques, et s'est distingué dans notre association par des créations recommandables. Il est, depuis long-temps, officier du Grand Orient de France : plusieurs fois il a occupé la double présidence de vénérable et de très-sage de la loge et du chapitre du Mont-Thabor. On lui doit la conception d'un rite particulier, celui des Sublimes Elus de la vérité, qu'il établit à Rennes, et qui avait pour objet de rapprocher quelques frères, d'opinions et de sentiments élevés, qui se trouvaient confondus dans une loge trop nombreuse. Ce système maçonnique, dont les réglements ont été publiés, paraît encore en vigueur dans le chapitre de la Trinité, vallée de Paris. Il a aussi créé une société androgyne dans la loge chapitrale du Mont-Thabor ; le chapitre métropolitain des Dames-Ecossaises de l'hospice de Paris, colline du Mont-Thabor. En qualité de chef d'ordre ou de fondateur, il en a rédigé les statuts et les cahiers, qui ont été imprimés en 1812. Cette association a eu de l'éclat, mais elle n'est plus en activité depuis quelques années. Enfin il a créé la Société littéraire maçonnique des F.'. P.'. (francs-penseurs), composée de maçons distingués, et dans laquelle, pendant les trois années de son existence, il a donné lecture d'un Cours de philosophie maçonnique, formant 1 vol. in-4° de 520 pages. Plusieurs discours et rapports de cet illustre frère ont été publiés par les loges des rites où il les prononçait : de ce nombre est une pièce devenue fort rare ; elle a pour titre : Les Ecossais de France, venant au secours de l'Union royale, orient de la Haye, ou Fraternelles observations adressées par la respectable mère-loge écossaise de France à la très-illustre grande loge de Hollande, in-8° de 27 p. 1829.

Ce digne frère, retenu depuis long-temps dans l'inaction du corps par suite de maladies, n'en chérit pas moins ses frères. Son cœur est aussi brûlant, son intelligence aussi vive et aussi saine qu'au printemps de sa vie. (Une dernière crise vient de l'enlever à ses amis le 17 février 1829.)

On trouve à ce Tracé les textes de 3 pièces musicales :

p. 83 : STANCES FUNÈBRES, Paroles du Frère SAINT-AMAMD (sic), Officier honoraire ; musique du Frère FOIGNET, chantées par le Frère LAFORÊT, Officier honoraire, accompagnées sur la harpe, par le Frère FOIGNET fils

p. 114 : STANCES FUNÈBRES, Paroles du Souverain Commandeur J. F. ROGER, Orateur adjoint ; musique du Frère Commandeur Comte de SORGO

p. 115 : CHANT FUNÈBRE, Paroles du Frère J. LAVALLÉE ; musique du Frère FOIGNET père, Officier honoraire

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