La planche à tracer

 

La chanson ci-dessous provient des pages 205 à 207 du Dictionnaire Maçonnique.

Le Frère Gille mentionné par Quantin comme un des chansonniers attitrés de la Loge - dont il était secrétaire - est l'auteur d'une autre chanson du même recueil.

La planche à tracer

chanté en Loge à la Fête d'hiver de l'an 5815

Air de la sonnette

Un frère qui, dans cette loge,
Deux fois l'an, ceint laurier nouveau,
Avec esprit a fait l'éloge
De la truelle et du niveau.
Sur ses traces qu'on me pardonne
Si je tente de me glisser ;
Sans aspirer à sa couronne
Je chante la planche a tracer.

Chacun de vous se dit peut être :
"Bien téméraire est son projet ;
Et dans le temple il est un maître,
Qui traiterait mieux ce sujet."
Chacun agile à me juger,
S'il ne le dit doit le penser:
"Frère Quantin au Frère Gille,
Passez donc la planche à tracer."

Sur la poussière des rivages
Traçons l'histoire de nos maux ;
Et laissons, si nous sommes sages,
Faire les zéphirs et les flots.

        Mais que ces souvenirs aimables,
Dont on aime a se caresser,
Soient en traits profonds et durables
Graver sur la planche à tracer.

La haine n'est qu'une folie :
Qu'elle ne trouble point nos jours ;
Le mal qu'on m'a fait, je l'oublie,
Le bien, je m'en souviens toujours :
D'un Néron l'image cruelle
De mon esprit peut s'effacer ;
La tienne, ô divin Marc-Aurèle,
Reste sur ma planche à tracer.

Cette planche est une merveille
Dont le prix hausse chaque jour ;
On n'en a point une pareille
Au garde-meuble de la cour ;
Maint projet sage et salutaire
Vient de lui même s'y placer ;
Nous devrions au ministère
Preter notre planche à tracer.

Il est bon que chacun le sache
Contre l'arbre aimé des Maçons,
On a brisé plus d'une hache ;
C'est un avis aux bûcherons.
Je demeure aussi froid qu'un marbre
Quand maint cri vient nous menacer ...
C'est avec du bois de cette arbre
Qu'est faite ma planche à tracer.

Notre Ordre a droit au rang suprême ;
Que ne puis-je à tous les regards,

   Au haut du Capitole même
Arborer ces saints étendards !
Ah ! pour le bonheur de la terre ,
Je l'entreprends, sans balancer ;
Si, l'un de ces jours, de Voltaire
Je trouve la planche à tracer

J. Quantin

Nous n'avons pas encore pu retrouver l'air mentionné (celui de la sonnette). La correspondance littéraire nous apprend (cfr. bas de la p. 21) qu'il est extrait de La rencontre imprévue, ou les Fous de Médine, qu'il date de mai 1790 et qu'il est de Solié (dont c'étaient les débuts comme compositeur).

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