Dans nos repas point de valets
Cliquez ici pour entendre l'air alternatif Du serin qui te fait envie
Cette chanson intitulée Dans nos repas point de valets est la deuxième de trois dont nous savons qu'elles figuraient dans les Étrennnes de l'Amitié ou nouvel Almanach des Francs-Maçons, par le Frère Nau, parues à Paris en 1775 ou 1776.
Ce n'est cependant pas par ce recueil que nous y avons accédé, mais bien via L'Esprit des almanachs, analyse critique et raisonnée de tous les almanachs tant anciens que modernes, ouvrage publié en 1783 par Nicolas Le Camus de Mézières, qui les a recopiées (p. 181 pour celle-ci).
La chanson semble exprimer très anticipativement (c'est le moins qu'on puisse dire, dans cette société d'ordres qu'est la société d'Ancien Régime) le rêve si démocratique d'une société sans classes, où il n'y aurait ni maîtres ni valets ; en considérant, paradoxalement, comme un asservissement le fait de dépendre de serviteurs, il pousse à l'extrême l'idéal maçonnique d'égalité.
Et pourtant, il y a bien dans les Loges du XVIIIe des Frères servants. Mais, comme par une sorte de tour de passe-passe, et comme le dit la chanson, ils ne sont ici ni serviteurs ni valets, puisque ce sont des Frères.
Les Frères servants Comme l'écrit Larudan dans Les Francs-Maçons écrasés :
Et, selon Pérau dans l'Ordre des francs-maçons trahi et Le secret des Mopses révélé (p. 74), dans les banquets - mais cela n'est certainement le cas que dans certaines Loges :
Mais cela n'empêche pas qu'ils soient effectivement considérés comme des Frères, puisque, même s'ils sont exclus des Travaux, ils sont invités à en partager la conclusion en se joignant à la Chaîne d'Union dans laquelle on chante le Cantique de Clôture. Episode que Ragon commente avec lyrisme :
On peut trouver deux articles plus complets sur les Frères servants :
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DANS NOS REPAS POINT DE VALETS. Air : La feuille à l'envers. SI l'on a quelque grace à rendre |
Voir ici sur l'air La feuille à l'envers.
La chanson sera reprise, avec la mention d'air Du serin qui te fait envie :
(p. 19) dans une édition (1784 ou 85 ?) d'un autre périodique (n° 626 chez Grand-Carteret), Anacréon en belle humeur, ou le plus joli chansonnier françois, sous le titre L'inutilité des valets.
(p. 200) dans l'Almanach des Grâces 1795, sous le titre Moralité et avec la mention [auteur] anonyme ; Gagner quelqu'un à son service y devient Gager un homme à son service.