Cantique

Cliquez ici pour entendre l'air, séquencé par Christophe D.

Ce cantique sans autre titre que le peu spécifique cantique maçonnique mais d'incipit l'ordre illustre des Francs-Maçons est la troisième de trois chansons dont nous savons qu'elles figuraient dans les Étrennes de l'Amitié ou nouvel Almanach des Francs-Maçons, par le Frère Nau, ouvrage paru à Paris en 1775 ou 1776. 

Il constitue une sympathique expression de philosophie maçonnique.

Ce n'est pas par ce recueil (que nous n'avons pas encore eu l'occasion de consulter) que nous y avons accédé, mais bien via L'Esprit des almanachs, analyse critique et raisonnée de tous les almanachs tant anciens que modernes, ouvrage publié en 1783 par Nicolas Le Camus de Mézières, qui les a recopiées (p. 181 pour celle-ci).

Le 2e couplet montre bien le caractère symbolique des outils, qui fait la différence entre la maçonnerie opérative (qui élève des châteaux) et la maçonnerie spéculative (qui dresse des temples à la vertu).

Le 3e constitue une présentation percutante du thème le plus prégnant du chansonnier maçonnique du XVIIIe : l'égalité, qui ne tient compte ni de l'or, ni de la fausse grandeur, message qui s'adresse particulièrement (et plus explicitement que d'habitude) aux riches, à la noblesse.

Et le 4e, qui précède l'invitation traditionnelle à porter les santés, rappelle que les maçons sont des humains comme les autres et que l'indulgence (qui est, selon Tschoudy, la vertu favorite des Maçons) est une caractéristique de l'aménité maçonnique.

Voir ici sur l'air Découpez, découpez donc. 



     

C A N T I Q U E    M A Ç O N N I Q U E.

 

Air : Découpez, découpez donc.

 

L'ordre illustre des Francs-Maçons
De vives lumieres
Remplit les deux hémispheres :
L'ordre illustre des Francs-Maçons
Donne au genre humain les plus sages leçons
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien
Au torrent des vices
Opposons nos édifices.
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;
Que la vertu soit toujours notre lien.

 

Le compas comme le niveau,
La regle & l'équerre
Sont les instrumens d'un frere,
Non pour élever un château :
Des moeurs ce sont le symbolique tableau.
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;
Par nos bons exemples
Aux vertus dressons des temples.
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien,
Et que la sagesse soit notre lien.

 

Loin que l'or, la fausse grandeur
Ici nous impose,
Tout vain luxe s'y dépose.
Jamais l'or, la fausse grandeur
Parmi nous ne trouve aucun adorateur.
Maçonnez, maçonnez, maçonnez bien,
Disons nous sans cesse
Aux riches, à la noblesse.
Maçonnez, maçonnez, maçonnez bien ;
C'est l'égalité qui fait notre lien.

 

Une foiblesse, un peu d'humeur,
[Car enfin nous sommes
Nés comme les autres hommes]
Une foiblesse, un peu d'humeur
N'est jamais par eux repris avec aigreur.
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;
Par reconnoissance
Pour leurs soins, leur indulgence ;
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;
Resserrons ainsi notre charmant lien.

 

Au Maitre.

Vous qui dirigez l'Orient,
Recevez le gage.
De notre sincere hommage.

 

Aux Surveillans. 

Et vous qui réglez l'Occident,
Nous vous adressons le plus pur sentiment,
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;

 

On charge.

Portons, mes chers Freres,
Trois santés qui nous sont cheres,
Maçonnons, maçonnons, maçonnons bien ;
Bon feu par trois fois, & qu'il n'y manque rien.

Le feu s'exécute.

Retour au sommaire des chansons diverses du XVIIIe :

Retour au sommaire de l'Esprit des Almanachs :