Eloge de la maçonnerie
C'est sur une page du très riche site Poèmes satiriques du XVIIIe siècle que nous avons trouvé, sous les références $6694 et Bibliothèque Mazarine, manuscrit de Castries 3989, p.133-36, cet Eloge de la franc-maçonnerie daté de 1745, et qui ne figure dans aucun des chansonniers du XVIIIe siècle que nous connaissons.
La note (1) fait référence au décret de prohibition pris le 3 mars 1745 par le canton de Berne (José Ferrer-Benimeli analyse en détail cet épisode aux pp. 395-403 de son ouvrage les Archives secrètes du Vatican et de la Franc-maçonnerie).
La politique, tyrannie
À l’humanité pervertie,
Entreprit de donner des lois :
Mais la franche Maçonnerie,
Rappelant la vertu bannie
Nous a rétablis dans nos droits (1).
Chœur (bis)
La paix règne dans nos asiles,
L’union fait notre bonheur,
Et plus nos plaisirs sont tranquilles
Plus ils ont pour nous de douceur.
Par elle rendus à nous-mêmes
Des préjugés d’un vain système
Nous avons secoué l’erreur,
Et c’est cette loi toujours pure
Que nous imposa la nature
Qui détermine notre cœur.
Chœur (bis)
La paix règne dans nos asiles,
L’union fait notre bonheur,
Et plus nos plaisirs sont tranquilles
Plus ils ont pour nous de douceur
Sans retour, sans crainte, sans peine,
La tendre amitié nous enchaîne
Dans l’auguste fraternité
Le secret qui fait notre essence
En bannissant la défiance
En fonde la solidité.
Chœur (bis)
La paix règne dans nos asiles,
L’union fait notre bonheur,
Et plus nos plaisirs sont tranquilles
Plus ils ont pour nous de douceur.
Laissons au vulgaire stupide
Sa fausse sagesse pour guide
Et n’écoutons que la vertu.
Toujours compatissant et tendre
Son oracle se fait entendre
Au cœur qui n’est pas corrompu.
Chœur (bis)
La paix règne dans nos asiles,
L’union fait notre bonheur,
Et plus nos plaisirs sont tranquilles
Plus ils ont pour nous de douceur.
Rentrons dans un droit légitime,
Le sentiment seul nous anime,
L’opinion n’a plus de voix.
C'est lui qui bannit la licence
Et l’on voit chez nous l’innocence
Régner à la place des lois.
Chœur (bis)
La paix règne dans nos asiles,
L’union fait notre bonheur,
Et plus nos plaisirs sont tranquilles
Plus ils ont pour nous de douceur.
(1). Cette chanson est à la louange des Francs-maçons. Cependant cette société est fort en mépris chez les Suisses et surtout dans le canton de Berne qu’on vient de rendre une ordonnance qui l’interdit dans tout le canton.