1789
Dans cette perle de la littérature anti-maçonnique que constitue son ouvrage (1867) Les Francs-Maçons et les sociétés secrètes (source d'une autre page de ce site), Alexandre de Saint-Albin reprend évidemment les thèses de Barruel selon lesquelles la maçonnerie est l'organisatrice de la Révolution française.
On sait que cette thèse, dépourvue de tout fondement historique, a été ensuite colportée avec constance tant par des pamphlétaires anti-maçonniques que par des maçons républicains qui se faisaient de ce mythe un titre de gloire, nourrissant ainsi les convictions des premiers.
A sa p. 345, Saint-Albin appuie effectivement ses accusations sur la citation (partielle) d'un Frère chantant l'enfantement de la Révolution, fille de la Franc-Maçonnerie :
Frères, en ces temps-là notre sainte doctrine
Réparait tous les maux et soutenait la ruine
D'un monde agonisant.
De l'humaine raison ce fut le seul asile,
Hiram alors gardait les droits du plus débile
Contre le plus puissant.
Oui, tandis que partout le mal régnait en maître,
Les nôtres s'en allaient, disant à tous : Peut-être
Demain sera meilleur !
Peuple, espère toujours, le bien seul est solide.
...
Supporte encor la nuit : bientôt luira l'aurore ;
Sur ces débris honteux le temps peut faire éclore
Un monde jeune et neuf.
Et le peuple espérait, car sa vue éblouie
Lisait écrit au mur comme une prophétie
Ces mots : QUATRE-VINGT-NEUF.
Et ce jour vint enfin ; abus, meurtre, esclavage,
Rien ne resta debout, après ce grand orage
Du vieux monde emporté.
L'homme, levant ses mains libres vers la Lumière,
Jeta ce cri puissant aux confins de la terre :
Liberté ! Liberté !
En indiquant que sa source est Le Monde maçonnique de janvier 1867 (p. 533), Saint-Albin mentionne comme auteur le Frère Goupil, Vénérable de la Loge l'Alliance Fraternelle.
Grand médecin, mais aussi poète, Edmond Goupil (1838-1919) est effectivement un républicain convaincu, qui nous est connu en tant que Président du Comité Pottier et qui dans les années 1890 y signe comme :
Il est aussi le dédicataire d'un féroce sonnet de Pottier, A Napoléon Ier.
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