quand Gaborria improvise en loge d'Adoption

  Cliquez ici (midi) ou ici (MP3)  pour entendre un fichier de l'air Que ne suis-je la fougère

 

Ce cantique comprenant 4 couplets de 8 vers heptasyllabes figure à un feuillet manuscrit (recto-verso) qui se trouve au catalogue du Fonds dit Gaborria détenu par la médiathèque de la Communauté Urbaine d’Alençon.

Il est intitulé pour la fête de la Saint-Jean de la Loge d'adoption des Disciples de Pithagore.

Nous disposons de peu d'informations sur la loge des Disciples de Pythagore ; du fait qu'elle fut constituée à Paris en 1808, nous pouvons déduire que le cantique n'est pas antérieur à cette date.

En parcourant le Fonds Gaborria, on se rend compte qu'il arrivait souvent à Gaborria de tomber à court de papier : ici manifestement il lui a fallu improviser le brouillon, et d'une chanson, et d'un discours, si bien que le texte de la chanson est surchargé par un autre, commençant par Mon Illustre Soeur. Cela rend le déchiffrement (que ne facilitent ni les ratures ni l'orthographe imparfaite) particulièrement délicat, et même à notre avis incertain par endroits. Ci-dessous, pour se rendre compte du problème, les images du document (en petit format car pour le déchiffrement il vaut mieux se rapporter à l'original).

Mais en fait il ne s'agit pas d'une création originale de Gaborria : celui-ci est parti d'une chanson datant de 1778, dont il a repris (pas tout-à-fait exactement, voir par exemple le remplacement de en vain par enfin au début du 2e couplet) les 3 premiers couplets et réécrit le 4e - ce qui explique que ce couplet soit celui où l'on trouve des ratures à son manuscrit. 

Ci-dessous, nous avons mis en regard le texte original et celui du manuscrit de Gaborria. Ce dernier n'hésite pas à évoquer l'Amour (pourtant en principe proscrit en Loge d'Adoption ! ), non seulement au couplet 3 où il recopie Sesmaisons, mais aussi, avec plus d'insistance encore, au couplet 4, qui est de son cru.

 Il n'y a pas ici de mention d'air, mais les autres versions de la chanson que nous connaissons donnent l'air Que ne suis-je la fougère.

Texte original de Sesmaisons

Divinités bienfaisantes,
Qui nous donnez le bonheur,
Que nos voix reconnoissantes
Aillent jusqu'à votre cœur.
Nous sentons l'insuffisance
De nos trop foibles talens :
Mais faut-il de l'éloquence
Quant on a des sentimens.

 

En vain nous voudrions peindre
Tant de vertus, tant d'appas :
L'esprit n'y sauroit atteindre,
Le coeur sent & n'écrit pas ;
Il présente un pur hommage
Qu'il a lui-même dicté,
Et par son simple langage
Honore la vérité.

 

Chères Soeurs, dont la présence
Vient d'embellir nos climats,
Recevez pour récompense
Le plaisir qui suit nos pas.
Du lien qui nous attache
Doublons la force en ce jour,
Et que le respect se cache
Pour faire place à l'Amour.

 

C'est ainsi que les Déesses
Déposant leur Majesté,
Vont par de pures tendresses
Jouir de l'égalité.
Les Mortels osent leur dire
Comme ils savent les aimer.
Entendre ce qu'on inspire,
Vaut le bonheur d'inspirer.

 pour la fête de la Saint-Jean de la Loge d'adoption des Disciples de Pithagore.

Divinité bienfaisante
Qui nous donnez le bonheur,
Que nos voix reconnaissantes
Aillent jusqu'à votre coeur.
Nous sentons l'insuffisance
De nos trop faibles talents :
Mais faut-il de l'éloquence
Quand on a des sentiments.

2

Enfin nous voudrions peindre
Tant de vertu, tant d'appas :
L'esprit ni (sic) saurait atteindre
Le coeur sent et
n'écrit pas,
Il présente un pur hommage
Qu'il a lui-même dicté
Et par son simple langage
Honore la vérité.

3

Chères Soeurs dont la présence
Vient d'embellir nos climats,
Recevez pour récompense
Le plaisir qui suit nos pas :
Du lien qui nous attache
Doublons la force en ce jour
Et que le respect se cache
Pour faire place à l'amour.

4

C'est ici Grande Maîtresse
Que mon coeur veut s'exprimer
Le vôtre a telle noblesse
Que je vis pour vous aimer.
Pour moi la reconnaissance
Est le plus doux sentiment
Aussi ma triste existence
Fait des voeux pour ? vous longtemps ?

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