Nouveau Temple à Villeneuve-d'Agen en 1825

La Loge les Amis des Bourbons, qui avait été fondée en 1818 et installée en 1819, inaugura son nouveau Temple lors de la Fête de l'Ordre, à la Saint-Jean d'été du 7 juin 1825. Curieusement, le Tracé de cet évènement (imprimé par Quillot à Agen) porte déjà la transformation, au niveau de l'Orient, de Villeneuve-d'Agen en celui de Villeneuve-sur-Lot, alors que, sur le plan administratif, un tel changement n'est devenu officiel qu'en 1875.

Cette cérémonie est décrite aux pp. 30-41 de l’article de Jacques CLOUCHÉ, Une Loge légitimiste à l'orient de Villeneuve d'Agen : Les Amis des Bourbons (1818-1828), paru en janvier 1997 dans le n° 3 des Chroniques du Midi Toulousain de l’Institut D'Etudes et de Recherches Maçonniques.

L'ordre du jour était particulièrement chargé : il commençait par l'inauguration du nouveau Temple, qui fit l'objet d'un discours dont voici quelques extraits :

… ce Temple a été naguère profané : des étrangers ont vu cette enceinte : leurs mains ont travaillé et poli les matériaux qui décorent ces colonnes.

Sa purification a donc été nécessaire : aussi l'eau et les flammes ont déjà effacé de ce Temple les traces qu’y avaient laissées les profanes.

Mais vous avez pensé que ces purifications n'étaient pas suffisantes, et vous avez choisi un jour plus solennel pour inaugurer ce Temple que vous avez relevé de ses ruines.

Que le bonheur dont son inauguration est le gage, mes Frères, serve à vous mieux rappeler le triste souvenir de nos malheurs passés !...

Vous le savez : trois années sont à peine écoulées depuis que nos ouvriers furent réduits à déserter le Temple qu'avaient consacré leurs vertus... 

Ce discours fait probablement allusion à une fermeture de la Loge ordonnée par les autorités en 1823, pour cause de recrutement dans le parti libéral, selon la p. 62 de ce document.

Il y eu ensuite une initiation au cours de laquelle le profane reçut la lumière au son de la musique la plus propre à élever son âme vers le Grand Architecte de l'Univers

Puis la Loge justifia bien son titre distinctif en procédant à l'inauguration du buste du Roi Charles X, dont l'image chérie manquait dans cette enceinte et qui fut l'objet de marques de vénération (les Amis des Bourbons pourraient-ils se passer du buste de leur Roi ? ) aussi obséquieuses que celles que quelques années plus tôt la plupart des maçons adressaient à Napoléon :

Charles X ! reçois nos louanges, et souffre que ma faible main pose sur ta tête cette couronne que les Amis des Bourbons ont tressée !...

Elle n'est pas celle du pouvoir : celle-là, tu la tiens de là-haut : mais celle-ci représente l'emblème des vertus que nous cultivons dans ce Temple, et dont ta grande âme nous offre le modèle.

Depuis longtemps ces voûtes attristées réclamaient ta présence ! tu parais, et aussitôt la prospérité, le bonheur se répandent sur nous !...

Gloire au Grand Architecte de l'Univers qui a placé sur le trône de France un Prince tolérant et juste, qui nous permet de nous livrer paisiblement à l'exercice de nos sublimes mystères...

L'accession au trône en 1824 de Charles X (souverain notoirement plus réactionnaire que son frère et prédécesseur Louis XVIII) avait généralement été accueillie avec enthousiasme (réel ou feint) par les maçons, et une loge aussi légitimiste (comme on le voit ci-dessus au texte en grasses, elle considère le monarque comme de droit divin, ce qui est d'ailleurs conforme au texte de la Charte de 1814 : Louis, Par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre...) ne pouvait évidement manquer de surenchérir.

Le tout se termina bien entendu par un banquet.

Les textes des trois chansons suivantes sont donnés :

  1. cantique à Charles X

  2. le testament d'un Franc-maçon.

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