Chant d'Inauguration

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Ce cantique, intitulé Chant d'inauguration, figure (pp. 149-151) au recueil Chansons par Alfred André, dédiées à M. P.-J. de Béranger, publié à Douai en 1842.

Mais quelle est l'inauguration pour laquelle il fut composé ? Il ne nous semble pas inconcevable que ce puisse être la nouvelle inauguration, après restauration (sur les plans de l'Emmanuel Wallet, 1771-1855, mentionné par André dans sa note reproduite ci-dessous) et décoration (dans le style égyptien), du local de la Loge de la Parfaite-Union, qui, d'après Allender & Rousseau dans Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946 (p. 105), eut lieu en 1824 (soit l'année suivant la parution du Mémorial de Saint-Hélène dont André donne une citation dans la même note).

Lors de la Restauration, la Loge, considérée comme un nid de bonapartistes, avait été menacée, ce qui explique sans doute le premier couplet et le refrain exaltant la survie de l'acacia.

André y manifeste sa croyance en la (très probablement mythique) appartenance maçonnique de ce Napoléon que manifestement il idolâtre.

Par son allant, l'air choisi (qui cependant n'était plus un chant national sous l'Empire) convient particulièrement à ce cocorico bonapartiste.

    

      

 

Chant d'inauguration

 

Air : De la Marseillaise.

 

 

Ils se disaient, ivres de joie,
Ces honteux enfants de la nuit :
« Au temps nous ravirons sa proie,
» Leur Temple enfin sera détruit ! »
Si jamais de vœux sacrilèges
Jusques à toi n'ont pu monter,
Qu'auraient-ils donc à redouter,
Grand Dieu ! ceux là que tu protèges ?
 
Il est encor debout ! et vainqueur des hivers,
Maçons, l'Acacia s'élève dans les airs.

 

 

Que de trônes je vois en poudre,
De rois condamnés au sommeil ;
L'aigle las de lancer la foudre,
Ferme enfin son œil au soleil.
Voyez, dans la sphère céleste,
Les astres s'éteindre en leurs cours ;
Toujours tout nait, tout meurt toujours,
Immortel, notre temple reste.
 
Il est encor debout ! et vainqueur des hivers,
Maçons, l'Acacia s'élève dans les airs.

 

 

Des sables que le Nil féconde,
Le silence un jour fût (sic) troublé :
Un homme a passé sur le Monde,
Sous ses pas le Monde a tremblé ;
A leurs fils, de récits avides,
Nos neveux, un jour pour leçon,.
Diront : « Il fut reçu Maçon
» Au pied même des Pyramides. » (*)
 
Il est encor debout ! et vainqueur des hivers,
Maçons, l'Acacia s'élève dans les airs.

 

 

Flambeau de la Maçonnerie,
Toi, qui, des siècles reculés,
Fis briller sur notre patrie
Les beaux jours trop vite écoulés ;
Luis sur le monde, astre magique,
Et les peuples, par leurs travaux,
Enfants que Dieu fit tous égaux,
Diront un jour sous ce Portique :
 
Il est toujours debout ! et vainqueur des hivers,
Maçons, l'Acacia s'élève dans les airs.

(*) Dans cette note en fin de volume (pp. 230-31), André commente ainsi ces vers :

Le général Bonaparte reçut effectivement le grade de Maître en Égypte. Sa réception fut empreinte de ce caractère de sublime simplicité qui distingue tous les actes de la vie de cet homme étonnant.

Ce fût au pied de la pyramide de Cheops, au milieu de la solitude des déserts, n'ayant de bornes que l’horizon, de voûte que le ciel, de témoin que Dieu, que s'accomplit la cérémonie. Napoléon, à Saint-Hélène, parlait souvent à ses compagnons d'exil du désert qui avait pour lui un attrait particulier, il ne l'avait pu traverser sans émotion : « C'était, disait-il, l'image de l'immensité. Il ne montrait point de bornes, n'avait ni commencement ni fin ; c'était un Océan de pied ferme. »

(Mémorial de Saint-Hélène.)

Cet épisode a fourni à M. Wallet, professeur de peinture, le sujet d'un fort joli tableau qui est conservé au Musée de la Loge de Douai.

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