Quelques parodies (non maçonniques) de La Marseillaise
Il existe (même si actuellement il est interdit de chanter sur cet air d'autres
paroles que les officielles) de nombreuses parodies de la Marseillaise.
Pour
l'anecdote, nous en reproduisons ci-dessous l'une ou l'autre. Le curieux en
trouvera encore d'autres aux colonnes 764-765, 881 à 885, 929, 995 à 999, du
recueil pour le premier semestre 1906
de L'Intermédiaire
des chercheurs et curieux (consultable sur le site de la BNF). Une
parodie anti-maçonnique figure aussi au présent
site. Ainsi que quatre Marseillaises
compagnonniques.
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La Marseillaise de la Paix
(paroles attribuées à André Chénier)
De l'universelle patrie
Puisse venir le jour rêvé
De la paix, de la paix chérie
Le rameau sauveur est levé (bis)
On entendra vers les frontières
Les peuples se tendant les bras
Crier: "il n'est plus de
soldats"
Soyons unis, nous sommes tous frères.
Plus d'armes, citoyens
Rompez vos bataillons
Chantez, chantons
Et que la paix féconde nos sillons.
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La Marseillaise de la
Commune
(paroles de Mme Jules Faure,
1871)
Français, ne soyons plus esclaves !,
Sous le drapeau, rallions-nous.
Sous nos pas, brisons les entraves,
Quatre-vingt-neuf, réveillez-vous. (bis)
Frappons du dernier anathème
Ceux qui, par un stupide orgueil,
Ont ouvert le sombre cercueil
De nos frères morts sans emblème.
Refrain
Chantons la liberté,
Défendons la cité,
Marchons, marchons, sans souverain,
Le peuple aura du pain.
Depuis vingt ans que tu sommeilles,
Peuple français, réveille-toi,
L’heure qui sonne à tes oreilles,
C’est l’heure du salut pour toi.(bis)
Peuple, debout ! que la victoire
Guide au combat tes fiers guerriers,
Rends à la France ses lauriers,
Son rang et son antique gloire.
(refrain)
Les voyez-vous ces mille braves
Marcher à l’immortalité,
Le maître a vendu ses esclaves,
Et nous chantons la liberté. (bis)
Non, plus de rois, plus de couronnes,
Assez de sang, assez de deuil,
Que l’oubli dans son froid linceul
Enveloppe sceptres et trônes.
(refrain)
Plus de sanglots dans les chaumières
Quand le conscrit part du foyer;
Laissez, laissez, les pauvres mères
Près de leurs fils s’agenouiller. (bis)
Progrès ! que ta vive lumière
Descende sur tous nos enfants,
Que l’homme soit libre en ses champs,
Que l’impôt ne soit plus barrière.
(refrain)
N’exaltez plus vos lois nouvelles,
Le peuple est sourd à vos accents,
Assez de phrases solennelles,
Assez de mots vides de sens. (bis)
Français, la plus belle victoire,
C’est la conquête de tes droits,
Ce sont là tes plus beaux exploits
Que puisse enregistrer l’histoire.
(refrain)
Peuple, que l’honneur soit ton guide,
Que la justice soit tes lois,
Que l’ouvrier ne soit plus avide
Du manteau qui couvrait nos rois. (bis)
Que du sein de la nuit profonde
Où l’enchaînait la royauté,
Le flambeau de la Liberté
S’élève et brille sur le monde !
(refrain)
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Parodie royaliste
(texte de J.
Peltier)
Allons, amis de la patrie,
Français trop longtems aveuglés,
Que des suppôts de l'anarchie
Les drapeaux sanglants soient brûlés !...
cette parodie,
ainsi que la parodie gastronomique (ci-dessous plus bas), sont citées dans les souvenirs
de Louis Du Bois (1773-1855), consultables sur le site de la Bibliothèque municipale de Lisieux ;
celui-ci cite également - ci-contre - le couplet additionnel
paru en 1794 à Lyon et attribué à Collot-D'Herbois.
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A l'Arbre de la Liberté
Arbre chéri, deviens le gage
De notre espoir et de nos voeux ;
Puisses-tu fleurir d'âge en âge
Et couvrir nos derniers neveux !
Que, sous ton ombre hospitalière,
Le vieux guerrier trouve un abri ;
Que le pauvre y trouve un ami ;
Que tout Français y trouve un frère !
Aux armes, citoyens ; etc.
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La Marseillaise agricole
N'oublions pas la
Marseillaise agricole qui fut chantée pour la Fête de l'agriculture du 10 messidor an VI [28 juin 1798] : c'est l'œuvre de François de
Neufchâteau (1750-1828), poète, magistrat, avocat et homme politique (il fut président du Sénat de 1804 à 1814), qui fut aussi membre de la
Loge des Neuf Sœurs et du Grand Chapitre du Grand Orient de France. En voici quelques vers :
Aux Armes, laboureurs! Prenez votre aiguillon ;
Marchez (bis), qu'un vent docile ouvre un large sillon.
Allons, amis du labourage,
Pousser le soc avec vigueur ;
Charmez les soins de votre ouvrage
Par un chant qui parte du cœur (bis).
Du sein de la moisson naissante,
A vos besoins l'espoir sourit ;
Et sous vos mains partout fleurit
La campagne reconnaissante. |
Vous n'allez plus à la corvée
Vous épuiser pour un seigneur ;
La gerbe n'est plus enlevée,
Sous vos yeux par un exacteur (bis).
La charrue aux yeux de la France,
Aujourd'hui remise en honneur,
Vous assure avec le bonheur,
La véritable indépendance. |
Comme l'écrit
Charles Porset dans ses notes critiques accompagnant la réédition de
l'ouvrage de Louis Amiable,
Une loge maçonnique d'avant 1789, la loge
des Neuf Soeurs :
on s'explique qu'après de tels morceaux, la postérité ait oublié F. de Neufchâteau; mais, en 1798, une telle Marseillaise pouvait jouer son rôle dans le redressement économique du pays quand on sait que la France était essentiellement
agricole ...
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La Marseillaise
de ... Léo Taxil
L'ineffable Léo Taxil,
célèbre pour ses mystifications successivement pro- et anti-maçonniques, a
également commis, en 1881, une Marseillaise anticléricale, le Chant des électeurs
:
Refrain :
Aux urnes, citoyens, contre les cléricaux !
Votons, votons et que nos voix
dispersent les corbeaux !
1
Allons ! fils de la République,
Le jour du vote est arrivé !
Contre nous de la noire clique
L'oriflamme ignoble est levé (bis).
Entendez-vous tous ces infâmes
Croasser leurs stupides chants ?
Ils voudraient encore, les brigands,
Salir nos enfants et nos femmes !
3
Quoi ! ces curés et leurs vicaires
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi! ces assassins de nos pères
Seraient un jour nos meurtriers ! (bis).
Car ces cafards, de vile race,
Sont nés pour être inquisiteurs...
A la porte, les imposteurs !
Place à la République! place !
5
Citoyens, punissons les crimes
De ces immondes calotins ;
N'ayons pitié que des victimes
Que la foi transforme en crétins (bis)
Mais les voleurs, les hypocrites,
Mais les gros moines fainéants,
Mais les escrocs, les charlatans ...
Pas de pitié pour les jésuites ! |
2
Que veut cette maudite engeance,
Cette canaille à jupon noir ?
Elle veut étouffer la France
La France sous l'éteignoir! (bis)
Mais de nos bulletins de vote
Nous accablerons ces gredins,
Et les voix de tous nos scrutins
Leur crieront : A bas la calotte !
4
Tremblez,
coquins ! cachez-vous, traîtres !
Disparaissez loin de nos yeux !
Le Peuple ne veut plus des prêtres;
Patrie et Loi, voilà ses dieux (bis)
Assez de vos pratiques niaises !
Les vices sont vos qualités.
Vous réclamez des libertés?...
Il n'en est pas pour les punaises !
6
Que la haine de l'imposture
Inspire nos votes vengeurs !
Expulsons l'horrible tonsure ;
Hors de France, les malfaiteurs ! (bis)
Formons l'union radicale ;
Allons au scrutin le front haut :
Pour sauver le pays, il faut
Une chambre anticléricale. |
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LE RETOUR DU SOLDAT
(Marseillaise
bachique ou gastronomique)
Refrain :
A table,
citoyens,
Vuidez tous les flacons,
Buvez, mangez, qu'un vin bien pur
Humecte vos poumons !
Allons enfants
de la Courtille,
Le jour de boire est arrivé,
C'est pour nous que le boudin grille,
C'est pour nous qu'on la conservé (bis)
Ne vois-tu pas dans la cuisine
Rôtir des Dindons et Gigots!
Ma foi, nous serions bien nigauds
Si nous leur faisions triste mine.
Tremblez Lapins,
tremblez Volailles,
Ou bien prenez votre parti!
Ne tremblez que dans nos entrailles,
Pour appaiser notre appetit. (bis)
Tout est d'accord pour vous détruire,
Chasseurs et gloutons tour-à-tour,
Peut être viendra-t-il un jour
Où c'est vous qui nous ferez cuire.
A table, citoyens, etc.
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Quoi des
cuisines étrangères,
Viendraient gâter le goût françois !
Leurs sauces fades ou légères
Aurait le véto sur nos mets (bis)
Dans nos festins quelle déroute !
Combien nous aurions à souffrir!
Nous ne pourrions plus nous nourrir
Que de fromage, ou de choucroutte.
A table, citoyens, etc.
Amis, dans vos
projets bachiques,
Sachez ne pas trop vous presser,
Épargnez ces poulets étiques,
Laissez-les du moins s'engraisser. (bis)
Mais ces chapons d'aristocrates,
Chanoines de la basse-cour,
Qu'ils nous engraissent à leur tour
Et n'en laissons rien que les pattes.
A table, citoyens, etc.
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On lira avec intérêt
l'article consacré par Hinrich Hude à cette Marseillaise de la Courtille et
à ses multiples variantes, dans le n° 17 de la revue Dix-huitième Siècle (PUF,
1985 ; pp. 377-95)
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On appréciera
aussi une très républicaine Marseillaise
électorale de 1880 :
Aux
urnes, citoyens,
portons nos
bulletins ;
Votons, votons,
l'avenir est
aux vrais
républicains.
ainsi
que la Marseillaise
de la Revanche dédiée à Gambetta en 1871 :
Patience,
Français, la
revanche viendra
!
Prussiens (bis),
soldats bandits,
votre sang
coulera !
Mais
il ne faut pas oublier la variante chantée par les Girondins en route pour
l'échafaud :
Contre nous de la tyrannie
Le couteau sanglant est levé
cependant qu'il
existait un hymne
en l'honneur de la Sainte Montagne :
Montagne, Montagne chérie,
Du peuple les vrais défenseurs,
Par vos travaux la République
Reçoit sa Constitution.
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Citons
aussi des Marseillaises des femmes, dont celle-ci datant de 1880 :
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Allons toutes femmes de France
Au réveil de la liberté
Nous annonçant la délivrance
Au cri de solidarité
Femmes de villes, des campagnes
Nous sommes mères de soldats
Plus de guerre et plus de combats
Mais l'amour de toutes compagnes
Faisons valoir nos droits, élevons nos enfants
Humains, humains libres, instruits, vertueux, beaux et grands ! |
Et
celle-ci de 1870 :
Ah ! plus de pleurs ! Ah! plus de fièvres !
Tout chante, amis, votre retour ;
Français ! buvez ! buvez ! l'amour !
Voici nos fronts, voici nos lèvres ...
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Voir
ici
dans la Goguette (p. 141) en 1834 une Marseillaise épicurienne
de E.-C. Piton
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... Et
n'oublions pas, pour terminer, cette Marseillaise
anti-maçonnique.
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