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Une Marseillaise maçonnique
Cliquez ici pour entendre le refrain, dans l'interprétation de Bernard Muracciole à son livre-CD-DVD Airs et Hymnes maçonniques
La Loge La Sagesse, fondée en 1757 (et peut-être même antérieurement, sous un autre nom) était, selon Paul Pistre dans Les Francs-maçons à Toulouse, l’atelier le plus respecté de l’Orient de Toulouse, le conservatoire de l’orthodoxie, et le temple privilégié de l’Art royal. Sa devise était Hic sapientia facit pares (ici la sagesse fait des égaux).
On sait qu'elle poursuivit ses Travaux pendant toute la durée de la Révolution, période pendant laquelle elle initia Boubée.
Le document ci-dessous témoigne de cette activité.
CANTIQUE
CHANTé à l’Orient de Toulouse, dans la Respectable Loge de la SAGESSE, le jour de la Saint Jean d'Hiver 1792, an premier de la République Française ;
PAR le Frère JOUY, affilié à ladite loge, & ex-Maître de la loge Saint-Hubert, à l’Orient du Mans.
I
Allons, enfants de la
lumière,
Poursuivons ces nobles travaux ;
Laissons le stupide vulgaire
Languir dans un triste repos (bis).
Pour nous qu'un utile mystère
Protège en cet heureux séjour,
Nous bâtissons plus dans un jour
Qu'un profane en sa vie entière.
Aux Armes, Apprentis, Maîtres et Compagnons,
Chargeons, chargeons,
Qu'un feu d'enfer tonne dans nos canons.
II
C'est parmi vous, c'est dans vos temples
Qu'on vit naître la LIBERTE ;
C'est par vos vertueux exemples
Que l'on connut l'EGALITE (bis).
Nous sommes de la République
Les plus solides Défenseurs ;
Les maçons portent dans leurs cœurs
Un foyer brûlant et civique.
Aux Armes, etc.
III
Déjà sur nos succès, MES FRERES,
Tout l'univers fixe les yeux ;
Devant le toit d'une chaumière
S'écroule un palais orgueilleux. (bis)
Notre douce Philosophie
Partout a donné le signal ;
Nos mains placèrent le fanal
Dont l'éclat guida la patrie.
Aux Armes, etc.
IV
Dans la paix et dans le
silence,
Notre art conserva sa vigueur ;
C’est pour le bonheur de la France
Qu’il sut triompher de l’erreur. (bis)
Comme on vit ces Vierges à Rome
Entretenir le Feu Sacré,
De même on l'a vu consacré
À la garde des Droits de l’Homme.
Aux Armes, etc.
V
La République universelle
N’est que le Temple des Maçons ;
Ils en ont tracé le modèle
Dans leurs symboliques leçons. (bis)
Comment ces colonnes brillantes
Craindraient-elles de s'écrouler,
Quels coups les feraient chanceler,
Sur des bases aussi puissantes ?
Aux Armes, etc.
VI
De l'un et de l'autre hémisphère
Bientôt disparaîtront les Rois ;
L'espèce humaine toute entière
Ne veut pour Maître que les Lois (bis).
Ainsi notre cher vénérable
Ici fait régner nos statuts,
Et l’exemple de ses vertus
Rend l'obéissance agréable.
Aux Armes, etc.
Aux Frères nouvellement initiés.
O vous, qu’une douce lumière
Guida pour la première fois !
En vous voyant, la Loge entière
S’applaudit de son heureux choix :
Secondez un peuple de Sages,
Qui se plaît à vous enseigner
La morale qui doit régner
Sur les climats les plus sauvages.
Aux Armes, etc.
Comme l'hymne Liberté Vérité, cette chanson témoigne d'une adhésion aux idéaux de la Révolution. Le témoignage le plus précoce (on sera surpris de voir qu'il date du 23 juillet 1789) que nous connaissions d'un tel enthousiasme est celui manifesté à la Loge rennaise La Parfaite Union. |
Ce document imprimé a été redécouvert dans les années 1980 ; une version manuscrite, conservée à la bibliothèque municipale de Toulouse (cote ms 1181), était déjà connue antérieurement et avait été publiée par Michel Taillefer dans son ouvrage La Franc-maçonnerie toulousaine 1741-1799; il y voit une proclamation de l'identité de l'idéologie maçonnique et de l'idéologie républicaine.
Cette version manuscrite ne présente que quelques légères variantes par rapport à l'édition imprimée.
Mais ces "découvertes récentes" ne sont en fait que des ... redécouvertes. Ce texte avait en effet déjà été publié en 1906, aux colonnes 997 à 999 de son numéro du 30 juin, par L'Intermédiaire des chercheurs et curieux (consultable sur le site de la BNF), qui donne sur l'auteur (qu'il suppose être Victor-Joseph Etienne, dit Etienne de Jouy (1764-1846) le commentaire ci-contre :
Le texte qui y figure présente quelques légères différences, par exemple colonnes géantes au lieu de colonnes brillantes. |
Le premier couplet, et surtout le refrain ci-dessus ont été modernisés pour être enregistrés par Jean Kriff sur un CD publié par le Grand Chapitre Général (Rite Français) du Grand Orient de France, où il voisine avec un Hymne du Rite Français. Ce CD est disponible chez Detrad. Allons, enfants de la Lumière
Un frère prend ta main Cliquez ici pour entendre ce refrain modernisé. Chacun appréciera à sa manière cette mise à jour (que personnellement je trouve intempestive) d'un patrimoine plus que bicentenaire ... |
Plusieurs autres Marseillaises maçonniques figurent à ce site.
Notre source pour cette page est l'article Une Marseillaise maçonnique à Toulouse en 1792, paru dans le n° 6 (octobre 1987) des Cahiers de la Grande Loge Provinciale d'Occitanie édités par le Cercle Villard de Honnecourt de la Province d'Occitanie de la GLNF.