Cantique de Fréminville

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Curieux personnage que ce Chevalier de Fréminville (1787-1848), marin, explorateur, capitaine des frégates du Roi, archéologue, écrivain et adepte de l'éonisme comme l'attestent un dessin de sa main (ci-dessous au centre) et le parfum de scandale qui entoura son Essai sur l'influence physique et morale du costume féminin publié sous le pseudonyme de Caroline de L..

Dans leur Histoire de la Franc-maçonnerie en France, Faucher et Ricker signalent qu'en 1845 le Chevalier de Fréminville préside à Brest le Chapitre des Elus de Sully (ce chapitre travaillait au Rite de Heredom de Kilwining).

Le Fureteur breton a publié dans ses volumes 2 et 3 (1907-8) une série d'articles de Léon Durocher sur le Chevalier de Fréminville. Dans un de ceux-ci, il cite (pp. 221-3) un cantique maçonnique qu'il a trouvé dans un manuscrit de celui-ci, daté de 1845.

Ni des neuf sœurs ni d'Apollon 
Je ne suis point le nourrisson 
Comme l'était Voltaire. 
Aussi pour faire une chanson, 
Que la rime soit juste ou non, 
Je ne m'en pique guère. 
N'aurai-je pas toujours raison, 
Si vous chantez à l'unisson : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Quand je bois à mes frères ! 

A Noé de qui nous tenons 
De notre art les sages leçons, 
Rendons grâces plénières ; 
Du plus grand de tous ses secrets 
Cet illustre et savant profès 
Nous fit dépositaires. 
Sans ce jus qu'il sut inventer, 
Pourrions-nous aujourd'hui chanter : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Quand je bois à mes frères ! 

Ne craignez pas qu'à Salomon 
De sage on ait donné le nom 
Pour ses vertus austères ! 
II n'eût pas acquis ce surnom 
S'il n'eût encore en bon maçon 
Pratiqué nos mystères. 
Malgré l'éclat de sa grandeur, 
Il aimait à chanter en chœur : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Quand on boit à ses frères ! 

En vain le vulgaire ignorant 
Chercherait d'un œil dévorant 
A percer nos mystères. 
Qunnd il saurait tous nos secrets, 
Pourrait il comprendre jamais 
En aucune manière 
Quel doux plaisir nous ressentons 
Quand tous ensemble nous chantons : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Lorsqu'on boit â ses frères !

A la santé de notre chef 
Qui conduit si bien cette nef 
Dont il est la lumière ! 
Avec lui on peut sans danger 
D'un pôle à l'autre voyager, 
Tant par mer que sur terre. 
Que chacun de nous en ce jour 
Chante et répète tour à tour : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Quand on boit à ses frères ! 

En nous joignant tous main en main, 
Que ce soit le signe certain 
Qpe ces nœuds sont sincères. 
Ah ! qu'il doit nous paraître doux 
De nous voir ainsi liés tous 
D'une amitié sincère Par des chaînes si chères ! 
(ndlr : correction manuscrite)
Non, jamais rien ne les rompra, 
Tant qu'entre nous l'on chantera : 
Bon, bon, bon, 
Que le vin est bon, 
Quand on boit à ses frères ! 

Voir sur l'air Bon, bon, bon, Que le vin est bon.

Durocher se demande si la chanson est de Fréminville lui-même ou s'il l'a simplement copiée, mais penche pour la première hypothèse en raison de la correction manuscrite et du fait que le cinquième couplet sent bien son officier de marine

Pour notre part, nous pouvons affirmer que Fréminville n'en est pas l'auteur : il a recopié 6 des 12 couplets d'une chanson du XVIIIe (dont le 5e ci-dessus, ce qui invalide le raisonnement de Durocher).

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