La grande Famille

La Fête d'Ordre du 28 janvier 1841 de la Loge Chapitrale Ecossaise des Hospitaliers Français fut en bonne part consacrée à la Réfutation de la circulaire du Grand-Orient de France par le frère L. Rétif de la Bretonne.

Au cours des Travaux de Banquet qui suivirent, Rétif de la Bretonne lui-même fit entendre un cantique, qui illustre bien le point de vue que, dans cet exposé, il avait développé  sur la situation de conflit ouvert prévalant alors entre le Grand Orient et le Suprême Conseil, et où il continue à afficher son mépris pour le Grand Orient, traité d'aveugle Titan.

     

LA GRANDE FAMILLE. 

Air de l'Aveugle.

Malgré l'hiver, le fracas des tempêtes,
Et l'ennemi de la fécondité,
Fils de la veuve, accourez à nos fêtes
Pour partager notre félicité ;
Dans ce foyer le feu commun pétille,
On ne saurait comprimer son élan ;
Venez, élus de la grande famille,
Dans nos banquets célébrer la Saint-Jean.

 

Si tout ici respire l'allégresse,
Quand l'univers s'épuise en vain regrets,
C'est que l'espoir dissipe la tristesse,
Et peut changer l'aspect des noirs cyprès.
En attendant que l'astre du jour brille
Et mette un frein au fougueux Océan,
Venez, élus de la grande famille,
Dans nos banquets célébrer la Saint-Jean.

  

Ralliez-vous à cette tolérance
Que vous suivez dans le temple écossais.
Persévérez ; la vérité s'avance.
Et garantit votre droit, vos succès,
Riez du fou qui vous cherche castille,
Des rêves creux d'un aveugle Titan ;
Venez, élus de la grande famille,
Dans nos banquets célébrer la Saint-Jean.

  

Le vrai Maçon méconnalt-il son frère ?
Refuse-t-il de lui tendre la main ?
Du malheureux n'est-il pas tributaire ?
Fuit-il Abel pour protéger Caïn ?
S'enflamme-t-il pour la moindre vétille ?
Des préjugés se fait-il partisan ?
Venez, élus de la grande famille,
Dans nos banquets célébrer la Saint-Jean.

 

Ah ! puisse-t-on exaucer ma prière,
Et mettre fin à ces honteux conflits !
Puissions-nous avant l'heure dernière
Voir l'unité confondre tous les rits !
Pour donner jour au progrès qui pointille,
Et ranimer l'oeuvre du pélican,
Venez, élus de la grande famille,
Dans nos banquets célébrer la Saint-Jean.

L'Air de l'Aveugle pourrait provenir de L'Aveugle De Palmyre, comédie-pastorale en deux actes, en vers, mêlee d'ariettes (1767) de Jean Joseph Rodolphe (1730-1812) pour la musique et François G. Desfontaines pour le texte.

Cinq airs de cette comédie sont disponibles aux pp. 26 et 31 du Journal de clavecin de 1767.

Deux de ceux-ci ont été utilisés pour des chansons maçonniques, Des simples jeux de son enfance et La lumière la plus pure

Nous n'avons cependant trouvé dans L'Aveugle De Palmyre aucun air dont la métrique corresponde exactement à celle (8 vers décasyllabiques) de la présente chanson. Mais nous avons relevé que la métrique (10-10-10-10-10-12-10-10) de l'ariette Astre éternel est très voisine et pourrait convenir, mais n'en avons pas trouvé la partition.

Il y a également une romance de l'aveugle à l'acte II scène 3 de l'opéra de Jean-François Le Sueur, La caverne (1793), mais la métrique ne correspond pas non plus. Il existe aussi une romance de l'aveugle de Mme de Genlis, qui a été mise en musique par le mathématicien Gérono, mais nous ne croyons pas que cet air ait connu une grande notoriété.  

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