Cantique de Dépierris (Niort, 1803)

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre le fichier de l'air mentionné, séquencé par David C.

 

Ce cantique est un de ceux que nous avons trouvés (pp. 30-31) dans l'ouvrage de Gustave Boissière, Histoire des loges et des chapitres de Niort.

Il fut chanté à la Saint-Jean d'Été 1803 de la Loge l'Intimité.

L'auteur en est le Frère G. Dépierris (que nous supposons être le cadet, puisqu'un autre membre de la Loge, qui en était l'imprimeur, est désigé comme Etienne Dépierris aîné ; il semble avoir été avec sa mère un imprimeur important à Niort).

Il développe quelques thèmes traditionnels du chansonnier maçonnique : hommage à Saint Jean dont c'est la fête, culte de la vertu et de la Raison, bienfaisance discrète, mépris des fausses valeurs, évocation (couplet 4) du nom de la Loge, hommage aux visiteurs, ...

Mais ce sont les deux derniers couplets qui doivent particulièrement attirer notre attention : une note au premier vers du couplet 6 nous apprend en effet que Les capitaines anglais Joseph DARE (vaisseau l'Amalthée) John SMITH (le London) William RAWLE (le Hasard), tous trois Maçons et prisonniers de guerre, assistaient à la fête et au banquet de ce jour.

On sait en effet que, du fait de la confiance accordée à leur parole de maçon, des officiers maçons prisonniers sur parole pouvaient parfois bénéficier de privilèges particuliers.

Le jour de ce banquet devait normalement se situer fin juin, soit quelques semaines seulement après la rupture (le 18 mai) de la Paix d'Amiens entre la France et l'Angleterre, paix qui avait donné lieu à des manifestations de fraternisation entre maçons anglais et français, comme on peut le voir ici.

Et celui de participer à une Tenue en était un sérieux, illustrant que (Si les peuples sont ennemis, Les Maçons restent toujours Frères) la Fraternité maçonnique allait au-delà des aléas de la vie.

CANTIQUE

Air : Femmes voulez-vous éprouver.

1.

Auguste apôtre des Maçons,
Dont nous fêtons l'anniversaire,
Sur nous lance quelques rayons
De ta bienfaisante lumière !
Dans ce banquet mystérieux,
Pénètre-nous de ton génie,
Et resserre à jamais des noeuds
Que forma la Maçonnerie.

2.

Précieuse institution !
École sublime de l'âme.
Où le flambeau de la Raison
Et nous éclaire et nous enflamme.
Par nos préceptes merveilleux
Tout homme apprend à se connaître ;
Si son coeur n'est pas vertueux,
Il sent qu'il a besoin de l'être.

3.

Ici de l'or et des grandeurs
On dédaigne la vaine pompe ;
On fuit ces plaisirs corrupteurs,
Dont l'appareil séduit et trompe ;
Ici l'on consacre, en secret,
Ses moments à la bienfaisance,
Et toujours du bien qu'il a fait
Le Maçon jouit en silence.

4.

Une parfaite Intimité
Fait toute notre jouissance,
Dans un banquet, où la gaîté
Ne bannit jamais la décence.
De tous les Maçons malheureux
En tous tems ! nous sommes les Frères,
Nous fraternisons avec eux
Par le triple accord de nos verres.

5.

A nos chers Frères Visiteurs,
Amis, présentons notre hommage;
Couronnons des plus belles fleurs
Les vertus qui sont leur partage,
Leurs lumières et leurs talens
Font l'ornement de notre temple.
Puissions-nous suivre en tous les tems
Et leur morale et leur exemple ! 

6.

Et vous (note), que les arrêts de Mars
Tiennent loin de votre patrie,
Comptez sur les soins, les égards
Que promet la Maçonnerie.
En vain Bellonne, en nos pays,
Allume de nouvelles guerres,
Si les peuples sont ennemis,
Les Maçons restent toujours Frères.

7.

Ainsi libres, indépendans
De tout intérêt politique,
N'oublions jamais les sermens
Que prescrit l'Ordre maçonnique.
Faisons des voeux pour le retour
D'une heureuse paix sur nos terres ;
Anglais, Français, peut-être un jour
Nous serons tous amis et Frères.

Voir ici sur l'air Femmes voulez-vous éprouver.

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