Travaille !  Travaille !

 Cliquez ici pour entendre la partition, séquencée par Christophe D.

Cette partition est la dernière des 6 figurant à l'Album de chants maçonniques publié en 1865 par la Loge brestoise des Amis de Sully.

La pièce est dédiée à l'Hospitalier, le Frère Hersent. Le fichier Bossu contient plusieurs fiches relatives à Denis-Auguste Hersent, de Brest. Elles nous apprennent que, né dans cette ville le 12.8.1789, il fut d'abord commerçant puis percepteur des contributions directes. Initié le 21.10.1829, il était déjà Rose-Croix en janvier 1832. On sait en outre qu'il fut blessé à la bataille de Lutzen en 1813, qu'il accueillit des proscrits au château de Kerouartz en 1816 (on voit ici, p. 35, qu'il était alors propriétaire du moulin de Kerouartz) et permit à deux généraux de gagner Jersey, et que de nombreux actes de bienfaisance lui méritèrent en 1850 une médaille du Grand Orient, ce qui lui valut de voir en 1851 son portrait par Morin installé dans la loge ; en 1868, il était encore garde des sceaux ; il serait décédé en 1873.

Le texte est une larmoyante illustration, digne d'un médiocre roman-feuilleton, de la bienfaisance maçonnique envers les malheureux (pourvu qu'ils aient du mérite) et particulièrement (cfr couplet 3) de son obligatoire discrétion.

Cette obligation de discrétion dans la bienfaisance est un thème fréquent dans le chansonnier maçonnique, comme on le voit par exemple ici, ici ou ici.

Les doigts usés par la couture
Et les yeux fatigués de pleur
Couverte de haillons de bure
Elle chante et de son malheur
Elle aiguillonne son labeur ;
Par le toit m'a souri l'étoile
Qui se lève dès le matin ...
Comme elle est dure cette toile
Presqu'aussi dure que mon pain,
L'aiguille s'arrête en chemin.

Travaille ! travaille
Près du lit de paille
L'eau gélera cette nuit,
Les mains s'alourdissent,
Les yeux s'obscurcissent,
L'âge vient, l'espoir s'enfuit.  (bis)

2.

Nul ne sourit à ma jeunesse
Et pourtant mon coeur a battu
Au mot d'amour et de tendresse
Que j'ai quelques fois entendu
Autour de moi ... rêve perdu !
Chaque jour apporte un supplice,
Chaque heure une espérance fuit :
Non, le bon Dieu n'est pas complice
Du mauvais sort qui me poursuit,
Je le prierai bien cette nuit,

Travaille ! travaille ...

3.

Le lendemain que Dieu lui garde
Mettra l'espérance en son coeur
Pauvre fille ! .. dans sa mansarde,
Entre un étranger : à ma soeur,
Salut, dit-il, paix et bonheur.
J'apporte travail et salaire,
Pain moins noir et sommeil plus long.
Acceptez les secours d'un frère,
Les délaissés savent mon nom
au revoir, je suis franc-maçon !..

Repose et travaille, 
De ton lit de paille
Les sombres rêves fuiront,
Charité discrète
Te donne ou te prête
Aide et secours sans rançon,  (bis)

 

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