Les Frères,

vaudeville maçonnique

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Les Frères, 

vaudeville maçonnique

Chanté au banquet de la St Jean d'été, dans la loge de la Fidélité, à l'Orient d'Alençon, le 11 Messidor an 13.

 

Air : Il faut des époux assortis.
Ou
On compterait les diamans.

 

QUE ce nom de frère est charmant ! 
Quelle aimable idée il appelle ! 
Doux au coeur, cher au sentiment, 
Il enchante une âme fidèle. 
Mais c'est surtout aux vrais Maçons 
Que ce nom caressant doit plaire. 
Avec quel plaisir nous disons : 
Tout homme de bien est mon Frère.

 

 Sans bandeau, sans arc et sans traits, 
L'hymen présente un front austère ; 
Mais son joug offre plus d'attraits 
Si de l'Amour il fait son Frère. 
Quand Penn aux bords américains, 
Loin des discordes sanguinaires,
Veut fixer ses nobles destins ,
Il bâtit la Ville des Frères (*)

 (*) Philadelphie.

 

La guerre aux bras ensanglantés,
Parcourant le double hémisphère,
N'offre aux mortels épouvantés
Que les pleurs, le sang, la misère :
Bientôt l'air devient plus serein,
Les fronts paraissent moins sévères, 
Quand, brisant le glaive inhumain, 
Des rivaux la paix fait des Frères.

 

Dans la souffrance ou la santé, 
Dans l'indigence ou la richesse, 
S'il brille par la probité, 
Que tout homme nous intéresse.
Germains, Américains, Persans, 
Vos affections nous sont chères ; 
Tandis qu'hélas ! les seuls méchans, 
Les méchans ne sont pas nos Frères.

 

De deux moitiés le genre humain 
Fort heureusement se compose.
Si l'une a le pouvoir en main, 
L'autre unit les lis à la rose. 
L'Amour enflamme tous les coeurs ;
Nous descendons d'un même père.... 
De nos belles et tendres Soeurs 
Combien il est doux d'être Frère !

 

Nous voyons au milieu de nous
Un Préfet vraiment Vénérable : 
Son pouvoir toujours paraît doux 
Comme son esprit est aimable. 
Si de tous ses administrés 
Sans cesse il se montre le père ; 
Ici, sous ces dômes sacrés, 
En lui nous retrouvons un Frère.

 

Agréez, Très-Chers Visiteurs, 
La réception la plus tendre ; 
Nos coeurs s'unissent à vos coeurs : 
Ne sont-ils pas faits pour s'entendre ?
Heureux, très-heureux en ce jour, 
Nos embrassemens sont sincères :
Moins par devoir que par amour, 
Nous vous accueillons comme Frères.

 

Le Saint qu'en ce jour nous fêtons 
A Jésus en tout tems sut plaire ; 
Dans ce plus sage des patrons,
Dans Saint Jean Jésus vit un Frère. 
Saint Jean ne versait que de l'eau.
Je crois tes ondes salutaires,
Jourdain ! mais près d'un bon caveau 
Nous traitons un peu mieux nos Frères.

 

                              Louis DuBois 

La date du 11 Messidor an 13 correspond au 30 juin 1805.

Dubois donne deux airs possibles pour cette chanson :

On retrouve cette chanson aux pp. 231-4 du Nouveau Code récréatif des Francs-Maçons (qui donne comme air Je ne suis plus de ces vainqueurs). 

Mais dans cette version l'anté-pénultième couplet (qui dans la version originale correspondait à une circonstance spécifique, la présence du Préfet qui était en même temps le Vénérable) est modifié 

de  :

Nous voyons au milieu de nous
Un Préfet vraiment Vénérable : 
Son pouvoir toujours paraît doux 
Comme son esprit est aimable. 
Si de tous ses administrés 
Sans cesse il se montre le père ; 
Ici, sous ces dômes sacrés, 
En lui nous retrouvons un Frère.

en :

J'exciterais votre courroux 
Si j'oubliais le Vénérable ; 
Son pouvoir paraît aussi doux 
Que son esprit paraît aimable : 
Si de tous ses administrés 
Il se montre toujours le père, 
Ici sous ces dômes sacrés, 
En lui nous retrouvons un frère.

La Lyre maçonnique pour 1812 reproduit également la chanson à sa p. 161.

Les cinq premiers couplets de la chanson se retrouveront au Banquet maçonnique de Gentil en 1820 (pp. 95-6) avec la mention d'air En deux moitiés, dit-on, le sort (qui est un titre alternatif pour Je ne suis plus de ces vainqueurs).

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