Saint-Jean d'Eté

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre le fichier de l'air mentionné, séquencé par B. A.

Ces Couplets chantés à une Fête de Saint-Jean d'Eté de Delorme figurent aux pp. 27-29 et 19-20 respectivement des deux éditions que nous connaissons de ses Bluettes maçonniques, avec la référence d'air Rions, chantons, aimons, buvons.

On les retrouve (p. 35-6) parmi les cantiques qui suivent le Tableau de 1805 de la Parfaite Réunion, mais avec la mention d'air J'aime la force dans le Vin, et la faiblesse dans les Belles (on voit ici qu'il s'agit des deux derniers vers d'une chanson bachique devant se chanter sur l'air du chapitre second, qui est de Solié).

Ils figurent à nouveau, avec la première référence d'air ci-dessus, aux pages 94-6 (reproduites ci-dessous) du Nouveau Code Récréatif des Francs-Maçons.

On les trouve encore (à l'exception de l'avant-dernier couplet, peut-être jugé trop irrespectueux), sous le titre Cantique maçonnique chanté à une Fête de St.-Jean d'Eté, aux pp. 184-5 de la Lyre maçonnique pour 1811, où il est précisé Par le Frère Delorme, Orateur de la Respectable Loge de la Parfaite Union à l'Orient de Paris.

Ils participent au caractère festif de la Saint-Jean, celui du banquet et de l'allégresse, que le premier couplet oppose à son caractère rituel (célébré au temple), celui de la raison et de la sagesse.

Dans ce cadre, c'est évidemment Jean le Baptiste (celui du solstice d'été où tout est chargé de fleurs, de fruits et de verdure) qui symbolise cette allégresse, plutôt que Jean l'Evangéliste, celui du solstice d'hiver, vu par Delorme comme le temps de la froidure plutôt que comme celui du retour de la lumière.

C'est de toute façon une Saint-Jean très laïque et dépourvue de tout caractère religieux, qu'évoque ce banquet où l'on baptise au jus de la treille plutôt qu'à l'eau, où l'on délaisse eau bénite et saint-chrême, et où (dans le même esprit que dans cette chanson de Legret) :

Nos refrains sont nos orémus, 
Et notre paroisse est Cythère ; 
Que notre curé soit Bacchus, 
Que le plaisir soit son vicaire.

Voir ici sur l'air Rions, chantons, aimons, buvons.


 

 Couplets 

chantés à une Fête de S.-Jean d'Eté

 

 

Air : Rions, chantons, aimons, buvons.

 

C'est un usage respecté 
Par l'antique Maçonnerie, 
De Jean d'hiver, de Jean d'été,
Nous fêtons l'époque chérie, 
Au temple implorons le secours 
De la raison, de la sagesse ; 
Dans nos banquets n'ayons recours 
Qu'aux doux transports de l'allégresse.

 

En vain tu fis de beaux discours, 
Illustre Jean l'Évangéliste ; 
Je te préférerai toujours 
Le solitaire Jean-Baptiste. 
Dans six mois tout sera changé, 
Le froid couvrira la nature ; 
Mais à présent tout est chargé 
De fleurs, de fruits et de verdure.

 

Les champs, les déserts, les forêts, 
De notre Saint étaient l'asile ;
Pour être heureux, pour vivre en paix, 
Il faut, je crois, quitter la ville. 
Arbres d'Éden, feuillage frais, 
Balancez-vous sur notre tête : 
Franche amitié, joyeux couplets, 
Soyez l'âme de notre fête.

 

Jean d'été baptisa Jésus, 
Ne nous baptisons pas de même ; 
Du raisin savourons le jus, 
Laissons eau bénite et saint-chrême. 
Nos refreins sont nos orémus, 
Et notre paroisse est Cythère ; 
Que notre curé soit Bacchus, 
Que le plaisir soit son vicaire.

 

De nos secrets, de notre esprit, 
Chacun croit donner connaissance... 
Chez nous jamais on me médit ; 
On fait du bien à l'indigence ; 
On se donne un baiser bien doux 
De fraternité bien sincère : 
Quand le vulgaire rit de nous, 
Nous rions aussi du vulgaire
.

 

                                Delorme

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