La Parfaite Réunion

La Loge parisienne (il y en eut du même nom à Lyon et à Bayonne) de la Parfaite Réunion fut fondée en 1802 ; le compte-rendu (avec un cantique de Rizaucourt et un cantique de Legret) de son installation, le 24 mai, figure aux pp. 251-69 du volume 2 du Miroir de la Vérité d'Abraham (qui donne, p. 256, la liste de ses premiers membres : on n'y voit encore figurer aucun de ceux qui la feront connaître par la suite, à l'exception du Vénérable Merché-Marchand et de Rizaucourt).

Elle est un exemple-type de la maçonnerie d'Empire, en se vouant - sans doute exclusivement - à la guindaille. Elle devint sous l'Empire le quartier général des amuseurs publics maçons, se cooptant dans le milieu du théâtre de vaudeville et des sociétés bachico-chantantes comme le Caveau Moderne ou les Soupers de Momus.

Cela ne l'empêcha pas de se rallier avec empressement à la Restauration : les Acta Latomorum de Thory nous apprennent ici que, le 4 mai 1814, La Loge de la Parfaite-Réunion, à Paris, donne une féte brillante suivie d'un banquet, en mémoire de l'entrée du roi dans sa capitale. Des Maçons anglais, russes et de toutes les nations assistent à cette solennité, dans laquelle les santés de S. M. et de son auguste famille sont portées avec enthousiasme. Suivant l'ancien usage, un toast est consacré à la reine Caroline, protectrice des Maçons persécutés à Naples en 1775.

Elle disparut ensuite : Bésuchet ne la mentionne déjà plus en 1829.

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Médaille de la Loge :

(à gauche) Étoile portant la lettre G (ici peu lisible) dans une couronne de chêne et de laurier, inscription : Loge de la Parfaite Réunion à l'O(rient) de Paris 

(à droite) : emblèmes dans un ouroboros, inscription : CONSTITUEE PAR LE G(rand) O(rient) DE FR(ance) - Le 7e J(our) DU 3e M(ois) D L D L V L  5802.

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En seront membres, outre de nombreux militaires, Jacquelin, Désaugiers, Delorme, Dumersan, Merle, Rougemont, Moreau, Villiers, Rizaucourt, Brazier (qui, 30 ans plus tard, republiait avec attendrissement une chanson - particulièrement médiocre au demeurant - qu'il avait chantée en Loge le jour de sa réception), et sans doute Dacosta et Vivant-Denon. Parmi les auteurs réguliers de chansons, seuls Delorme et Rizaucourt figurent déjà au Tableau de 1805.

Une des principales activités de la Loge semble avoir été de célébrer avec faste et force chansons la fête annuelle de son inamovible Vénérable, Hippolyte Merché-Marchand.

Il faut cependant signaler qu'en 1803, elle avait débattu avec le plus grand sérieux de la question Peut-on recevoir Maçon un aveugle ? Mais c'était avant qu'elle ne soit phagocytée par sa bande de joyeux drilles ...

Dans une farde de plusieurs fascicules séparés, disponible sur Gallica sous le titre Archives des loges issues de la collection de Jean Baylot. Paris. Loge "Parfaite Réunion", on trouve successivement :

page  Titre Incipit Air
35 Couplets En vain j'ai vu s'user mon coeur Jeunes Amans
36 Couplets improvisés Pour célébrer ce jour heureux de la Fuite en Egypte
37 Couplets ajoutés en impromptu Oui, de St Jean avec ardeur de la Fuite en Egypte
43 - Charmantes Soeurs, daignez m'entendre de la Barcarole, de Michel-Ange, à Venise, jeune fillette
page  Titre Auteur Incipit Air
35 Couplets Delorme C'est un usage respecté J'aime la force dans le Vin, et la faiblesse dans les Belles
36 - Dufour De St Jean, notre bon patron du Vaudeville de la Soirée orageuse
38 Couplets sur la maçonnerie Viat Longtemps l'ignorance et l'erreur -
40 Cantique - Au bonheur d'être dans ces lieux de la Croisée
42 - - Sur les autels de l'Amitié d'Hyppolite

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