Les chansons de Delorme
et autres Bluettes maçonniques
Nous avons pu
consulter deux ouvrages, dont une partie du contenu est commun, intitulés
Bluettes
maçonniques.
Le premier (à gauche) est titré Bluettes maçonniques par le Frère Delorme, Rose-Croix, suivies de l’Amour maçon du Frère Guichard, et spécifie que Delorme est l’Orateur de la la Loge parisienne La Parfaite Réunion. Il porte comme indication d’éditeur (probablement fictive) Imprimerie de Delafolie, Paris, et la date 5806. Mais une mention manuscrite apparemment d’époque ajoute que l’éditeur est en fait le Frère Brun, 251 rue St Honoré. Au bas de la page 36 et dernière, on lit la mention déposé à la Bibliothèque impériale. Un autre exemplaire (sans la couverture) de cette édition est maintenant consultable à la BNF. Il en existe également une réédition en fac-similé par l'éditeur Christian Lacour-Ollé, aux éditions Lacour/Rediviva. Le second (à droite), non daté, est simplement titré Bluettes maçonniques, sans autre mention, mais est plus précis sur l’éditeur : A Paris, chez le Frère Brun, rue Saint Louis (Saint Honoré) n° 6. Il est même précisé que chez celui-ci on trouve cordons, bijoux, tabliers et certificats pour tous les grades. Il a compilé des chansons d'auteurs divers, sans les nommer. Tous deux contiennent des chansons et des poèmes (dans ce dernier cas, nous indiquons "-" dans la colonne Air de la Table ci-dessous). |
TABLE
N° page dans l'édition 1806 | N° page dans l'édition s. d. | Titre | Incipit | Air |
5-8 |
9-11 | Aux détracteurs de l'Ordre | Maint profane parle ici-bas | du Curé de Pomponne |
8 | Vers pour le buste de Cambacérès | - | ||
9-10 | 5 | La ville assiégée ou les trois voyages | J'entends gronder à chaque instant | de Léonce |
10 | 4 | Inscription pour un Temple | - | |
11-12 | 6-7 | L'Acacia | Je te salue, arbre illustré | Comment goûter quelque repos |
13 | A certain profane | - | ||
14-16 | Couplets [sur l'Initiation d'un aveugle] | Nos orateurs dans leurs débats | du Pas redoublé | |
16 | Epigramme | - | ||
17-19 | 12-13 | Préceptes de plaisir et de bienfaisance | Vive Epicure | Vive Henri IV |
19 | 4 | Quatrain mis au-dessus d'un squelette | - | |
20-21 | Au Vénérable Hipolyte Marchand | Au milieu d'un joyeux repas | Mon Père était pot | |
22-25 | Au Vénérable Hipolyte Marchand | De nos loisirs charmante horloge | C'est à mon maïtre en l'art de plaire | |
25-26 | A Madame Marie A., épouse d'un de nos Frères | De Marie et du Saint-Esprit | de Lasthénie | |
26 | Le désir de perfection | - | ||
27-29 | 19-20 | Couplets chantés à une Fête de Saint-Jean d'Eté | C'est un usage respecté | Rions, chantons, aimons, buvons |
29 | Distique | - | ||
29-32 | 21-22 | Ronde bachi-maçonnique | Amis, ne nous lassons pas | du branle sans fin |
32 | Réflexion | - | ||
33-36 | 41-43 | l'Amour maçon (Guichard) | - | |
3-4 | Maximes du maçon | - | ||
7-9 | Cantique pour la Saint-Jean | On est indécis sur le Jean | du pas de charge | |
13-14 | Saint Jean | L'amitié vive et pure | L'amitié vive et pure | |
15-16 | Cantique | Eh ! gai, gai, gai, rions, chantons | Eh ! gai, gai, gai | |
16-17 | Le culte maçon | Tous les jours l'aveugle profane | Quand l'amour naquit à Cythère | |
17-19 | Le fin mot de la maçonnerie découvert | Chut ! mes amis | du petit mot pour rire | |
23-24 | Cadet-Buteux, maçon | Puisq'j'ons eu la valissance | J'arrive à pied de province | |
24-25 | Cantique | Pardonnez aux dures épreuves | le nautonnier près du rivage | |
25-26 | Cantique pour la réception d'un ou plusieurs profanes | Si notre art auguste et sublime | Si Pauline est dans l'indigence | |
27-28 | Fait's-vous maçon | Vous qui cherchez l'union | Bon, bon, Saint-Léobon | |
29-32 | La recherche mystérieuse ou la vapeur symbolique | Or, écoutez tous mes amis | (divers) | |
33-34 | Tableau d'une Loge | Toujours la curiosité | Femmes voulez-vous éprouver | |
34-35 | Hommage aux Soeurs | D'un sexe digne qu'on l'adore | Tout consiste dans la manière | |
35-36 | Explication du tableau | - | ||
37-41 | Discours allégorique | - |
Nicolas-Antoine Delorme, homme de lettre né à Lyon, âgé de 34 ans en 1805, est cette année-là Orateur de la Parfaite Réunion, une Loge où l'on s'amusait beaucoup. Delorme collabora aussi à la Lyre maçonnique. L'édition de 1810 est parsemée de petits poèmes de sa plume, souvent d'une rare banalité. L'un de ceux-ci (p. 11) nous apprend qu'il fut initié à Lyon, à la Parfaite Harmonie (cette Loge, constituée par le Grand Orient en 1782, avait repris ses travaux en 1801). On trouve aussi la Nuit, romance maçonnique, aux pp. 192-3 de l'édition 1810 et un Cantique chanté à la Fête du Vénérable Merché-Marchand dans celle de 1812. On trouve aussi régulièrement sa signature dans les Annales maçonniques de Caillot. Nous n'avons pas trouvé de biographie le concernant, mais nous savons qu'il est décédé avant 1812, puisqu'on trouve dans la Lyre maçonnique pour 1812, en-dessous d'une de ses chansons, la mention suivante (p. 119) : |
Delorme a également publié en 1808 le fascicule Les faux-maçons, satire, suivie (pp. 9-44) de poésies et chansons maçonniques. Parmi les chansons, l'une (l'acacia) a déjà été publiée dans les Bluettes, et une autre (qui termine le recueil) est une chanson militaire dépourvue de tout caractère maçonnique (mais l'éditeur Barba précise en note que l'auteur ne voulait pas que cette chanson, un peu trop gaie, fût insérée dans un Recueil Maçonnique, et je ne l'ai fait imprimer que pour satisfaire plusieurs personnes qui me l'avaient demandée). Il faut noter que les chansons des pp. 27, 32 et 34 non plus ne sont guère maçonniques. Les chansons sont les suivantes (les liens dans la première colonne renvoient à une page BNF, ceux dans la 2e à une page du présent site) : |
page | Titre | Incipit | Air |
17 | L'amitié fraternelle, romance maçonnique | La voix des Amis-Réunis | de la Piété filiale |
22 | Le réveil de la Nature | Mille poètes | - |
25 | L'Acacia | Je te salue, arbre illustré | Comment goûter quelque repos |
27 | La voix du désert | Sur les vices de notre âge | A Paris, l'Amour commode |
30 | Couplets à nos Frères de la Garde Impériale | Que tes exploits | - |
32 | La nuit, romance | Le malfaiteur évite la lumière | De la Peine et du Plaisir |
34 | Couplets maçonniques (si l'on veut) pour la fête de St Jean | Pour moi c'est assurément | A la papa |
38 | la Parfaite Réunion, cantique | Etre éternel | - |
40 | Impromptu à des Soeurs | Dans cette charmante assemblée | Aux soins que je prends de ma gloire |
41 | Ran, plan, plan, tambour battant | Je suis premier tambour maître | J'ons un curé patriote |
Les faux-maçons Dans sa satire Les faux-maçons, Delorme critique quelques travers répandus dans certaines Loges - bien entendu, ne manque-t-il pas de préciser, autres que la sienne. Ce texte ne manque pas de piquant et il faut bien reconnaître ... qu'il n'a malheureusement pas perdu toute actualité. On retiendra par exemple les vers : Nos
temples sont très beaux, ils sont mal desservis ; ou Hélas
! jusqu'à minuit, que de travaux futiles ! Ailleurs, il met dans la bouche du Trésorier le dicton : Point d'argent, point de frère. Et enfin, il s'insurge contre le traitement réservé à un Frère indigent ayant demandé assistance :
On trouve une réimpression des faux-maçons dans les Annales maçonniques de Caillot, aux pp. 203-211 du Tome VI (ce tome est accessible sur Google-Books, derrière le tome V). |