L'Ecole des Francs-Maçons

Cliquez ici pour entendre cet air, séquencé par Christophe D.

 

C'est honorer l'Architecte suprême
Que maçonner avec celle qu'on aime.

 

 

Le Frère André Honoré, auteur d'un Recueil de couplets, romances, hymnes et cantiques maçonniques nouveaux, a également publié en 1779 l'Ecole des Francs-Maçons, ou les Francs-Maçons sans le savoir, comédie en un acte et en prose.

Il s'agit d'une bluette bien dans le style du temps, et fort naïvement apologétique quant à la maçonnerie, dont elle fait un éloge dithyrambique - tout en flétrissant l'improbité des mauvais maçons qui peuvent s'y glisser.

Elle se termine par le vaudeville ci-dessous, lui-même suivi, en guise d'envoi, de quelques vers intitulés Les secrets des francs-maçons, puisés dans leur source, que nous reproduisons également.

L'intrigue

Une Loge, dont sont membres Cléon (un jeune homme fort honnête mais peu riche), Dorseval et Dorimont (le sénéchal de la ville), doit ce soir recevoir en son sein Argant, homme fort nanti et de bonne réputation, ainsi que, dans la maçonnerie des Dames, sa charmante fille Lucile. La cérémonie doit avoir lieu dans la maison d'Argant, que les Frères Servants préparent à cet effet.

Cléon s'en réjouit, car il est secrètement amoureux de Lucile, tout en n'osant pas se déclarer vu sa différence de fortune, et il craint d'être évincé par quelque rival plus nanti. Son dévoué valet Frontin - qui est aussi Frère Servant de la Loge - le met en garde contre Dorimont, qui pourrait bien être un tel rival. Mais Cléon, abusé par les paroles aimables de Dorimont, auquel il s'est ouvert de son projet, rejette cette hypothèse car Dorimont est à ses yeux un maçon par excellence.

Argant, Lucile et Cléon dissertent sur les bienfaits de la maçonnerie, et l'on voit aussi que Lucile partage les sentiments de Cléon. Mais une lettre urgente de Dorseval interrompt cette conversation : il conseille à Cléon de s'enfuir, car Dorimont l'accuse d'un meurtre imaginaire et a ordonné son arrestation immédiate, qui se produit effectivement.

Sur ces entrefaites arrive Dorimont qui, comme si de rien n'était, se réjouit de participer à la cérémonie et rudoie Frontin, lequel s'est scandalisé qu'il ait parlé de Cléon en disant qu'il fut jadis notre Frère.

Dorimont étale son arrogance en donnant à entendre que - moyennant la main de Lucile - il pourrait commuer par fraternité la future condamnation à mort de Cléon en ... prison à vie.

Mais on apprend alors que la plainte pourrait être retirée moyennant la somme de 200.000 livres. 

Généreusement, Argant s'engage à la verser et, en prime, octroie à Cléon, avec l'accord enthousiaste de celle-ci, la main de Lucile. 

Apparaissent alors Dorseval et les membres de la Loge, qui se sont de leur côté cotisés pour réunir la même somme.

Celle-ci n'étant plus nécessaire grâce à la générosité d'Argant, il est décidé qu'elle sera convertie en actes de bienfaisance ; le perfide Dorimont (dont la mémoire sera bientôt à jamais proscrite chez les maçons) s'en va dépité, et la cérémonie peut avoir lieu, car Argant et Lucile - qui avaient plus tôt hésité devant la perspective d'être reçus dans une société dont les membres usent entre eux de procédés aussi peu fraternels - ont compris qu'on ne peut confondre l'Ordre en entier avec un de ses membres et sont à présent totalement rassurés sur les vrais maçons, gens vertueux, honnêtes et sensibles, qui témoignent (les Dorimont à part cependant) connaître aussi parfaitement qu'il se puisse les devoirs et les soins de l'amitié, et dont l'empressement à les remplir est sans égal

C'est bien là, conclut Frontin, le secret des francs-maçons, que partagent Argant et sa fille, montrant ainsi qu'ils étaient déjà Francs-Maçons sans le savoir.

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