l'Olympe

Cliquez ici pour entendre le fichier midi, séquencé par B. A., de la partition harmonisée par Casadesus pour l'air

 

Ce cantique de Quantin figure (pp. 73-5) à la Lyre des francs-maçons de 1830. 

C'est une des nombreuses variations de l'époque sur le thème de l'admission en maçonnerie de personnages (ici, seulement masculins ! car, contrairement aux aimables soeurs, les déesses sont des ferments de discorde) de la mythologie gréco-romaine. 

Mais elle se termine, tout aussi classiquement, par les traditionnels appels à la tempérance.

Le premier couplet énonce que Minerve-Athéna, en tant que déesse de la Sagesse, est la mère des maçons.

Les carreaux de Jupiter mentionnés au 2e couplet sont ceux de son foudre.

Les carreaux ou dards dont la réunion en faisceau constitue le foudre [de Jupiter], allaient, de par la croyance universelle de l'antiquité, frapper instantanément le point qu'avait visé le souverain des dieux. (Flouest)

Une page d'un riche site consacré au patrimoine de Court-Saint-Etienne nous rappelle que le foudre (ci-contre) de Jupiter (I. O. M. pour Jupiter Optimus Maximus) est un des symboles figurant au célèbre mausolée de Goblet d'Alviella.

L'Argonaute Admète, mentionné au 4e couplet en relation avec Phébus (Apollon), est un roi légendaire de Thessalie qui, après qu'Apollon eût été chassé de l’Olympe par Zeus, l'aurait accueilli et qui ensuite aurait obtenu son aide en vue d'obtenir la main d'Alceste. 

Comus, mentionné au même couplet, était  le dieu de la bonne chère et des joyeusetés. Le fait qu'il n'ait voix au chapitre qu'aux jours de Saint-Jean laisse supposer qu'une certaine modération était censée régner en-dehors de ces festivités. Il faut rappeler que ce n'est qu'au cours du XIXe que le qualificatif grivois qui lui est appliqué a acquis son sens actuel de licencieux, sens qu'il n'avait pas du tout au XVIIIe. Littré disait encore : Aujourd'hui, homme ou femme d'un caractère libre, entreprenant, alerte à toute chose.

Voir sur l'air Un chanoine de l'Auxerrois.


CANTIQUE

 

 

AIR : Un chanoine de l'Auxerrois

 

 

DE l'Olympe on sait que les Dieux 
Ne sont pas fort d'accord entre eux ;
Il faut en croire Homère. 
Minerve leur dit un beau jour : 
« Quittez le céleste séjour ; 
« Des Maçons je suis mère. 
« Il faut vous faire initier, 
« Chacun doit s'en glorifier,

« Et bon, bon, 
« Vive le Maçon, 
« Il faut boire à sa gloire. »

 

 

Jupiter, fronçant les sourcils, 
Dit : « Quoi ! de la veuve les fils 
« Possèdent trois lumières 
« Qui répandent plus de clartés 
« Que mes carreaux tant redoutés 
« Des nations entières ? » 
Minerve répond : « Sur le seuil 
« De leur temple laissez l'orgueil,

« Et bon, bon, etc. »

 

 

Mars, agitant son bouclier, 
Dit : « Je vois ceint du tablier 
« Des enfans de la gloire ! » 
Minerve : « Bon ! l'ignorez-vous ? 
« Je monte en mes jours de courroux 
« Le char de la victoire, 
« Dont le Maçon n'est point épris, 
« Mais il sait aimer son pays,

« Et bon, bon, etc. »

 

 

Minerve fait affilier 
Phébus qu'on vit initier 
Autrefois chez Admette. 
Pour le frère Comus, je crois, 
Quoiqu'il soit tant soit peu grivois, 
Qu'il faudra qu'on l'admette ; 
En lui recommandant pourtant 
De ne jaser qu'à la saint Jean,

Et bon, bon, etc.

 

 

Vénus et la fière Junon 
Voudraient bien les suivre, mais non. 
Du feu qui brûla Troie,
En voyant nos aimables sœurs, 
Je vois leurs jalouses fureurs 
Rendre Pâris la proie. 
Nous avons, croyez moi, bien mieux 
Qu'on ne trouverait chez les Dieux ; 

Et bon, bon, etc.

 

 

Maître Bacchus sur ton tonneau 
Retourne au moderne caveau 
Et sache, à notre éloge, 
Que la décence à ses leçons 
Rend dociles tous les Maçons ; 
Qu'on ne s'enivre en loge, 
Que des charmes que, de moitié, 
Offrent l'amour et l'amitié,

Et bon, bon, etc.

 

J. QUANTIN. 

  

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