La vertueuse indifférence

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Cette chanson figure aux pp. 219 à 221 de La Lire Maçonne

On la trouve également au recueil de Sophonople, qui la sépare en deux chansons distinctes (avec des airs différents) :

C'est la version de la Lire qui sera reprise en 1806 (pp. 124-5) par la Muse maçonne.

Comme le rappelle le 3e couplet, c'est le règne de l'Egalité qui est ici le gage du retour au siècle d'or.

L'air La nuit quand j'pense à Jeannette figure, sous le n° 324, dans la 3e édition de la Clé du Caveau. Au décalage de ton près, il est identique à celui de la partition ci-dessous.

LA VERTUEUSE INDIFFERENCE.

 

 

 

Sur l'Air: La nuit quand j'pense à Jeannette.

 

 

 

Au sein de l'indépendance,
Nous coulons des jours heureux ;
Tranquiles sans indolence,
Nos travaux sont précieux.
Ce rien, qu'on nomme science,
Ne fascine point nos yeux.
Notre étude est l'Innocence,
Nos modeles sont les Dieux.

Esclaves de l'opulence,
Nos cœurs, fuïant vos travers,
Vous condamnent sans vengeance,
Plaignant encor vos revers.
Dans un paisible silence,
Notre esprit, libre de fers,
Voit, avec indifférence,
Les erreurs de l'Univers.

L'Egalité notre Reine
Nous ramène au siécle d'or.
Sur l'urbanité Romaine
Nous enchérissons encor,
L'Amitié, qui nous enchaîne,
Est un besoin de nos cœurs ;
Chez vous, c'est une ombre vaine,
Le jouet des imposteurs.

Nous possédons pour richesse
La foi, la sincérité ;
La vertu fait la noblesse
De qui suit la vérité.
Le plaisir nous intéresse,
Quand il peut être monté
Sur le ton de la sagesse,
Et d'une aimable gaîté.

Qui cherche un bonheur durable,
Doit se ranger sous nos loix.
Notre sort est préférable
A celui des plus grands Rois.
Au pouvoir de la fortune
Nous ne sommes point soumis :
Le flatteur nous importune,
Nous cherchons de vrais amis.

Vous, que la sagesse inspire,
Mortels, amis des vertus,
Ce penchant doit vous suffire :
Mais nous avons encor plus.
Chez nous, la vérité pure,
Dont le cœur est enchanté,
De la premiere Nature
Fixe la simplicité.

Le vulgaire nous condamne !
Mais craignons-nous les arrêts
De ce tribunal prophane,
Qui ne nous entend jamais !
Qu'au sage on fasse la guerre ;
Est-ce un prodige à nos yeux,
Quand les enfans de la Terre
Ont osé la faire aux Dieux ?

 

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