Chanson sur l'Adoption

Dans son article Comment la franc-maçonnerie vint aux femmes, paru dans le n° 19 (consacré à la franc-maçonnerie) de la revue Dix-huitième Siècle (PUF, 1987), Colette Bertrand reproduit (p. 208), à titre d'exemple de l'esprit de galanterie de la maçonnerie d'Adoption, cette chanson qu'elle a trouvée dans le Courrier de l'Europe (n° 51, 25 avril 1777, p. 444) :

Salut aux deux charmantes sœurs 
Qu'on associe à nos mystères ; 
Par nos chants célébrons mes frères, 
La fin de leurs vaines frayeurs ; 
Loin qu'aucun de nous leur conteste 
Le prix de la docilité, 
Si l'on osait, en vérité, 
On leur apprendrait tout le reste.

Mais il faut aller par degré 
Aux choses qui doivent surprendre, 
Un secret que l'on fait attendre 
Est plus ardemment désiré : 
Aimables sœurs, je vous proteste 
Que l'on vous ménage un plaisir, 
Il faut vous laisser le désir 
De savoir un jour tout le reste. 

                                    Par un habitant de Loches

Le Courrier de l'Europe précise :

[chanson] sur un air des « Mariages Samnites » qui a le même refrain que celle-ci. Chantée à la loge de table le jour de la réception de Mme la comtesse de Cambrai et de Mme Nicchols, Anglaise aux grades d'apprentisse et de compagnonne.

Les Mariages samnites sont un drame lyrique (livret d'après Marmontel) de Grétry en 1768 (révisé en 1776). L'air en question pourrait bien, à notre avis, être l'air final (p. 37), auquel cas le refrain mentionné et non reproduit pourrait correspondre à :

Que de plaisirs ! quel plus beau jour.
Aimons, triomphons tout-à-tour :
Quel prix la victoire nous donne :
Quand la Beauté nous couronne :
La gloire applaudit à l'amour.

ou plutôt à :

Objet chéri de notre hommage,
Sexe charmant, régnez sur nous :
Nos arts, nos loix, sont votre Ouvrage :
Talens, vertus, tout naît par vous.
Du monde entier formez la chaîne :
C'est commander que vous servir ;
Quand on a la Beauté pour Reine,
Tout est devoir, tout est plaisir.

La partition correspondante est visible ici (pp. 179 & ss.)

On notera le ton particulièrement paternaliste de la chanson.

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