Couplets au Vénérable (Lille 1820)

Nous avons trouvé ces Couplets au Vénérable Vanackère à l'occasion de l'inauguration de son portrait (par la Loge lilloise des Amis-Réunis) à la p. 289 des Mélanges de philosophie, d'histoire et de littérature maçonnique publiés à Ostende.

Ne flatte pas ton Frère ; si ton Frère te flatte, crains qu'il ne te corrompe, dit un précepte maçonnique : ce principe n'était manifestement pas d'application dans les siècles passés quand il s'agissait d'encenser le Vénérable, considéré comme le père de la Loge et traité par exemple ici de parfait modèle de vertu dont comme ici la Sagesse éclate aux yeux et auquel, comme ici, chaque frère dresse en son coeur des autels.

Il était jadis de tradition dans beaucoup de Loges (voir exemples ici, ici, ici ou ici) d'engager un peintre pour portraiturer - évidemment revêtu de ses décors - chaque Vénérable, ce qui a généré les longues galeries de portraits qu'on peut encore voir dans certains bâtiments maçonniques anciens. Il semble que cette tradition tende à se perdre, ou du moins, là où elle se maintient, à utiliser la moins coûteuse technique de la photographie.

Le destinataire, Vanackère

Le Frère Jean-Baptiste Joachim Joseph Vanackère est selon une des fiches Bossu né à Lille le 15 février 1770, capitaine des canonniers sédentaires de Lille (ce qui est confirmé ici pour 1812 ; on peut aussi voir ici ou ici qu'il protégea Louis XVIII pendant les Cent Jours), Grand Ecossais, Sublime Maître de l'Anneau Lumineux et, en 1814, affilié libre à la Parfaite Union de Douai (dont on voit ici qu'elle régissait ce grade ultime du Rite Ecossais Philosophique). Une autre fiche Bossu le donne en 1822 comme négociant à Lille, Grand Inspecteur du Rite de Kilwinning (également apanage de la Loge de Douai) et membre honoraire de la Loge lilloise de la Fidélité.

Il doit être décédé vers 1844 puisqu'on peut voir ici une ordonnance royale d'acceptation, le 19 février 1845, du généreux legs qu'il avait fait au bureau de bienfaisance et aux hospices de la ville de Lille.

L'auteur, Plaideau fils aîné

Antoine-Victor Plaideau est en 1812, selon le fichier Bossu, né à l'île de Ré le 27.10.1766, négociant, Rose-Croix, et membre des Amis Réunis à Lille. Nous voyons ici que lui-même ainsi que Jacques-Prosper Plaideau, né à Lille (France) le 19 février 1794, tous deux fabricants de tabac et domiciliés à Menin, ont sollicité en 1842 la nationalité belge mais ne l'ont pas obtenue. En 1846 par contre, Jacques-Prosper l'a obtenue, en même temps d'ailleurs que Théodore Edmond Plaideau, fabricant de tabac, né à Lille le 15 janvier 1811 et domicilié à Gand (qui selon cette page était le fils d'Antoine-Victor et de Marie Josèphe Devooghelaere, 1774 - 1843).

On peut voir ici (cfr note 62) qu'Antoine-Victor, qui avait été antérieurement fabricant de tabac à Dunkerque avant de devenir sous l'Empire inspecteur pour le nord de la France des plantations et industries du tabac, avait démarré en 1815 une fabrique de tabac à Menin.

L'auteur des couplets est vraisemblablement un de ses fils.

Il n'y a pas de mention d'air.

COUPLETS,

 

Adressés au Très Cher Frère Vanackère, Vénérable de la Respectable Loge les Amis-Réunis, Orient de Lille, à l'occasion de l'inauguration de son portrait, le 22e. jour du 1er. mois de l'an de la Vraie Lumière 5820.

 

1.

Nous possédons les traits chéris
De notre Maître respectable ;
Nos voeux sont enfin accomplis,
Quel jour à jamais mémorable !
Mais malgré l'habile pinceau,
Qui voulut le rendre fidèle,
Je prouverai que le tableau
Est bien au-dessous du modèle.

2.

Répandre en secret des bienfaits,
Des malheureux remplir l'attente,
Voilà l'objet de ses souhaits,
Et son âme alors est contente.
Brillant des plus rares vertus,
Honorons en lui le vrai sage :
Et quel Maçon mérite plus
De notre amour le pur hommage ?

3.

Embrasés du plus vif transport,
Un charme nouveau nous engage ;
Jouissons d'un si doux accord,
Notre bonheur est son ouvrage !
Puisque d'un zèle aussi touchant
Il nous chérit tous comme un père,
Chacun de nous est son enfant,
L'aime, l'estime et le révère.

 

Par Frère Plaideau, fils aîné. 

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