Installation de la Grande Loge d'administration méridionale des Pays-Bas en 1818
En 1815, après le Congrès de Vienne, les provinces constituant la future Belgique se trouvèrent annexées à la Hollande. Il y avait à ce moment 27 loges en Belgique. Comme l'écrit Paul Naudon dans son Histoire Générale de la Franc-Maçonnerie (PUF), leur affiliation au Grand Orient de France inquiéta le roi Guillaume Ier, qui n'était cependant pas hostile à la Franc-Maçonnerie. Pour s'assurer du loyalisme des loges, il les fit se constituer en un Grand Orient des Pays-Bas présidé par son second fils, le prince Frédéric.
Effectivement, en 1816 Guillaume donna à son ambassadeur à Berlin, où se trouvait Frédéric, l'instruction de faire le nécessaire pour l'initiation de celui-ci. Ce qui fut fait dès le 20 juin, à la Loge des 3 Globes. Les 2 et 25 juillet, il obtint les deux grades suivants, si bien qu'une fois rentré au pays il put être installé comme Grand Maître le 13 octobre.
Naudon poursuit : Afin de calmer les appréhensions des Frères belges, il fut décidé en 1817 que le nouveau Grand Orient comprendrait deux Grandes Loges d'administration, l'une pour le Nord (Hollande), l'autre pour le Sud (Belgique).
Cette décision ne fut cependant pas unanimement appréciée : comme le signale l'ouvrage Visages de la Franc-maçonnerie à Tournai (éd. Memogrames, 2006), la Loge tournaisienne des Frères Réunis refusa d'abord, avant de finalement s'incliner, de reconnaître Frédéric comme Grand Maître.
Dans le Tome III (années 1818-19) des Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 (accessible via la digithèque des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles), Auguste de WARGNY donne (pages 95 à 123) le Tracé de la Tenue solennelle d'installation, le 11 avril 1818, de la Grande Loge d'administration méridionale des Pays-Bas, Tenue dont il reproduit une gravure en frontispice de ce volume :
Entre les pages 200 et 201, il reproduit aussi (tout en se récriant sur le fait que le graveur ait omis d'y mentionner la date !) la médaille réalisée par le Frère Simon à cette occasion :
Ce tracé contient à la p. 106 un hymne (chanté juste après l'annonce officielle de l'installation et reproduit ci-dessous) et, aux pp. 122-123, un cantique (chanté pendant le Banquet) composé par le Frère Plasschaert, 1er Grand Surveillant.
Sous le régime hollandais, les Loges belges ont, comme l'écrit Jo Gérard dans la Franc-Maçonnerie en Belgique (J. M. Collet Ed., 1988), manifesté un intense loyalisme envers le prince Frédéric, leur grand-maître, qui était aussi le fils du roi Guillaume Ier, notre souverain de La Haye. Reçu, par exemple, le 18 mai 1819 par les francs-maçons de la Concorde à Mons, le prince s'entendit déclarer par M. Dupont, l'orateur du jour : les Nassau favorisent le progrès des lumières, ils encouragent toutes les vertus inspirant à l'homme des sentiments libres et grands.
Attestent également de ce loyalisme :
le
compte-rendu de la Fête donnée à Gand en 1818 pour le Grand
Maître
des extraits des cantiques de la Loge brugeoise Les Amis du Nord :
- du cantique les Pierres maçonniques de 1818 :
Nos Princes, Maçons parfaits,
Veulent servir d'exemples !
C'est au bonheur de leurs sujets
Qu'ils construisent des Temples;
- l'Hommage à Sa Majesté dans le cantique de 1820 :
Des dieux clémens et protecteurs
Les bons Rois sont l'ouvrage :
GUILLAUME, des dieux bienfaiteurs
Est la vivante image.
Ce Roi plein d'honneur,
A notre bonheur
Consacre ses journées;
Puisse le destin
Retarder sa fin
Par d'illustres années.
l'impression
du cantique La Bienfaisance chanté en 1919 dans la
même loge, mentionnant la présence de S. A. R. le Prince
héréditaire au Banquet du Solstice d'Eté;
la
fondation de plusieurs loges (militaires) aux noms évocateurs
: les Défenseurs de Guillaume et de la Patrie
à Bruxelles (elle a travaillé de 1817 à 1821), les Amis du Roi
et de la Patrie
à Gand, les Amis sincères du Roi et de la Patrie
à Anvers (cette Loge a édité ses Règlements en 1817 et 1821).
les hommages rendus au Prince Frédéric à l'occasion de son mariage en 1825.
Cet enthousiasme allait cependant péricliter devant l'autoritarisme de Guillaume.
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La Grande Maîtrise du Prince Frédéric fut, pendant cette période, marquée par deux échecs spectaculaires :
ci-contre : en 1820, le Frère Smulikowski, membre des Amis Philanthropes, publia à Bruxelles un Almanach maçonnique historique, avec en frontispice le portrait du Grand Maître. Cette publication fut désavouée par la Grande Loge des Pays-Bas. |
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à droite : ce portrait en
décors du Grand Maître le Prince Frédéric figure à la p. 5 d'un Woordenboek
voor Vrijmetselaren (dictionnaire pour francs-maçons) publié en 1844 à
Amsterdam.
à gauche : portrait du Grand Maître Frédéric, datant des années 1860 |
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à gauche : cet
autre portrait du Prince Frédéric en décors date de 1817 et est donc
certainement un des premiers le représentant dans sa nouvelle charge.
à droite : Frédéric vers 1880.
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Après l'indépendance de la Belgique en 1830, certaines Loges belges orangistes restèrent fidèles à Frédéric et refusèrent de s'inscrire au nouveau Grand Orient de Belgique, lequel avait reporté sur Léopold Ier la ferveur auparavant entretenue pour Guillaume. Frédéric resta longtemps Grand Maître du Grand Orient des Pays-Bas, amputé de sa partie méridionale. Ce détail d'une gravure parue en 1876 dans le n° 1718 de l'Illustration montre la fastueuse célébration du 60e anniversaire de la Grande Maîtrise maçonnique du Prince Frédéric, à La Haye. |
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Médaille de 1841 à Willem Frédérick Karel Prins der Nederlanden |
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