Cantique de Ranville
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Cet imprimé est conservé, sous la cote FN BR 11900, dans les collections de la Bibliothèque de Caen, qui nous nous en a communiqué un cliché et nous a accordé l'aimable autorisation d'en faire usage pour ce site.
La chanson qu'il contient nous semble devoir son intérêt, plus qu'à son texte, non seulement au fait qu'elle est accompagnée de sa partition, mais aussi à la personnalité de son auteur, Guernon de Ranville.
Guernon de Ranville Dans son ouvrage Révolution et sociabilité en Normandie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, Éric Saunier mentionne (p. 472) Martial Guernon de Ranville (1787 - 1866) comme membre, de 1816 à 1826, de la Loge caennaise de La Constante Amitié, dont, selon une page du site d'Union et Fraternité, il fut à la base de la réorganisation après l'Empire (information confirmée par le fichier Bossu). Il fut avocat général à la Cour de Lyon, député et ministre de Charles X ; à ce titre il fut mis en accusation, en 1830, devant la Chambre des Pairs de la Monarchie de Juillet, et condamné à la détention à perpétuité au fort de Ham, mais fut amnistié en 1836 (on lira plus de détails sur sa carrière à la p. 5 d'une conférence de B. Dutour sur l'histoire de la maçonnerie au Calvados, au site des Loges caennaises de la Grande Loge de France). Chateaubriand dit ceci de lui dans ses Mémoires d'outre-tombe : M. de Guernon-Ranville, s'il était un homme de cœur, était aussi un homme de talent. En 1814, il avait quitté le barreau de Caen, où il avait brillamment débuté, et, après un vote énergique contre l'Acte additionnel, il s'était rendu à Gand auprès du roi Louis XVIII, à la tête d'une compagnie de volontaires royalistes. De Gand il était allé à Londres rejoindre le duc d'Aumont, qui préparait un débarquement sur les côtes de Normandie. Comme avocat d'abord, puis comme procureur général, il avait fait preuve de remarquables qualités oratoires. Il a laissé sur son ministère de huit mois un intéressant Journal, publié en 1874, par M. Julien Travers, sous ce titre : Journal d'un ministre. |
Nous n'avons par contre pas trouvé de précisions nous permettant d'identifier avec certitude le compositeur, le Frère P. F. H. Bénard.
Sans doute ce compositeur est-il le Henri Bénard qui, en 1818 également et à la Constante Amitié, a chanté (avec René et Constantin Longuet) un cantique de Rossy. Dans l'ouvrage précité, Éric Saunier mentionne, parmi les membres de Thémis et/ou la Constante Amitié, un Bénard, bibliothécaire, membre sous la Restauration de sociétés musicales animées principalement par des maçons et notamment secrétaire de la Société philharmonique du Calvados. Peut-être ce Bénard avait-il quelque lien de parenté avec Gilles Pierre Bénard, chirurgien, initié en 1785 à Union et Fraternité, ou avec Pierre Bénard, membre de la Constante Amitié et administrateur du département au début de la Révolution ? Le fichier Bossu signale également un Bénard, notaire, membre-né de Thémis en 1785. |
Après les excès connus sous l'Empire par la chanson maçonnique, avec son culte de la personnalité bonapartiste et ses préoccupations plus bachiques que symboliques, cette chanson marque - conformément à la personnalité de son auteur - un retour à un style plus proprement maçonnique et plus proche de celui du XVIIIe.
30 octobre 1818
Cantique
Paroles du Frère Guernon de Ranville
Musique du Frère P. F. H. Benard
Quel doux transport saisit mon coeur, |
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2 Si l'on représente à vos yeux
3 Vous qui consumez en désirs |
images : © Bibliothèque de Caen/ Ph. Dartiguenave
Comme l'indique la mention ci-dessous qui y figure, ce document, contrairement aux apparences, n'est pas un manuscrit, mais bien sans doute une impression autographique.
Le premier couplet de ce cantique a servi de point de départ pour la composition d'un autre dans la même Loge deux ans plus tard.