Adieux au Frère Vassal (Paris 1830)
Pierre Gérard Vassal (1769-1840) est une des grandes figures de la maçonnerie française dans la première moitié du XIXe.
Bésuchet, dans le Tome II de son Précis historique de l'ordre de la franc-maçonnerie, le présente ainsi en 1829 (p. 282) :
Une page du site de Sylvie Lécuyer cite le portrait qu’en trace Éd. Peyrouzet dans Gérard de Nerval inconnu (Corti) :
portrait de Vassal paru dans le volume 2 du Globe en 1840 |
Tout en jouant un rôle important (il fut notamment Grand Commandeur du Grand Collège des Rites) au Grand Orient, il présida longtemps les 3 Ateliers (Loge, Chapitre et Consistoire) des Sept Ecossais réunis, qui le 30 juin 1840 célébrèrent sa pompe funèbre (dont on peut lire ici le Tracé, qui a été reproduit dans Le Globe).
En 1828 la Loge (fondée en 1809) institua des prix d'émulation en faveur des écoles élémentaires gratuites de garçons de Paris, qui étaient remis au cours de prestigieuses séances publiques (En 1829, Nerval fut invité à cette occasion à prononcer un discours en vers sur Les Bienfaits de l’enseignement mutuel. Dans un fragment inédit de Promenades et souvenirs, il raconte :
Il vaut la peine de lire la justification que, dans son oeuvre maîtresse, Vassal lui-même donne de cette institution (pp. 637-ss) :
Chemin-Dupontès en fut plusieurs fois Vénérable. On peut lire ici des Strophes adressées aux jeunes Lauréats des Ecoles mutuelles de Paris, couronnés dans la Fête philanthropique de la Loge des Sept Ecossais réunis par le Frère Coudret, Orateur de la Loge de l'Espérance.
(image provenant de la p. 89 de la Revue belge de Numismatique en 1884) |
Vassal publia en 1827 un Essai historique sur l'institution du rit écossais et sur la puissance légale qui doit le régir en France par un disciple de Zorobabel et en 1832 son grand oeuvre, intitulé Cours complet de Maçonnerie ou Histoire générale de l'initiation depuis son origine jusqu'à son institution en France.
Il est difficile de nos jours de lire cet ouvrage (dont on trouvera plus bas quelques extraits significatifs) sans sourire de tant de naïveté ou se trouver agacé par tant d'assurance ; il cultivait en effet, sur les origines de la Franc-maçonnerie (et de chacun des différents grades du REAA), des mythes fort à la mode à cette époque (et qui chez certains le restent même de nos jours : le snobisme de l'immémorial, selon l'heureuse expression d'André Hélard, n'a pas fini de frapper).
Déjà à l'époque, les idées de Vassal n'étaient cependant pas du goût de tout le monde, comme en témoigne cet avis particulièrement fraternel paru (p. 96) dans le n° 2 (avril 1832) de la Revue de la franc-maçonnerie (qui était dirigée par Clavel) :
1er mars 1832 - Depuis quelque temps, le frère Vassal, ancien secrétaire du Grand-Orient, a entrepris un cours de franc-maçonnerie, dans la loge des Sept-Ecossais. Aujourd'hui, il se décide à livrer son travail à l'impression, et il appelle à cet effet les souscriptions des frères. Nous voudrions bien dire notre avis et sur le cours de frère Vassal, et sur le parti qu'il a pris de le mettre en lumière ; mais nous pensons qu'il est à la fois plus sage et plus fraternel de nous abstenir de toute réflexion. Heureux si notre réserve pouvait suggérer à ce frère, d'ailleurs digne de toute notre estime, une résolution aussi prudente que la nôtre !
Son ultime ouvrage, Développements scientifiques de la philosophie des divers âges du monde, jusqu'à nos jours, divisés en trois périodes, chacune subdivisée en autant d'époques quelle se composait de siècles, est resté inachevé et n'a pas été publié.
En 1830, Vassal décida de prendre sa retraite en Provence, sa région natale (en fait, un an plus tard, il serait de retour à Paris et retrouverait la présidence de la Loge). Son Atelier des Sept Ecossais Réunis décida de lui rendre hommage à cette occasion et de lui marquer sa reconnaissance des éminents services qu'il a rendus à la Franc-Maçonnerie. Un touchant Banquet d'adieu eut donc lieu le 3 avril 1830.
à droite : frontispice gravé représentant les médailles offertes au frère Vassal à cette occasion (voir détails ici et ici). |
Les discours (notamment de Bouilly et Bésuchet) et les réponses de Vassal se succédèrent, et deux médailles furent offertes, l'une en or par la Loge et l'autre en argent par une Loge affiliée.
Ensuite une pièce de vers fut lue et finalement la parole fut accordée aux Frères qui ont bien voulu gratifier le Frère Vassal des produits de leur muse.
Deux de ces cantiques sont reproduits au document :
Extraits choisis du Cours complet de Maçonnerie p. 18
p.127
p. 513
p. 576
p. 610
Quoique adepte du REAA - mais dans le clan Grand Orient plutôt que dans le clan Suprême Conseil - Vassal en juge sévèrement certains éléments, et propose d'en revenir à un Rite Ecossais en 25 degrés pour les raisons suivantes (pp. 624 ss) :
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