JAdis tu chansonnois si bien,
Ne saurois-tu le faire encore ?
Muse, tu ne produis plus rien,
Ton silence te déshonore :
Chantons, consacrons nos chanfons
A la gloire des francs-maçons.
Gens aimables, honnêtes gens,
Que l’esprit d’union rassemble,
Qui desirez de tems en tems
De chanter, rire & boire ensemble,
Venez, nous vous reconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Quel lustre tire-t-on du sang ?
Les sentimens font la noblesse :
Vous, grands seigneurs, qui d’un haut rang
Savez descendre sans bassesse,
Venez, nous vous reconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Vous qui tendez aux malheureux
Une main toujours secourable,
Et qui ne vous croyez heureux
Qu’autant que l’est votre semblable,
Venez, nous vous reconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Combien de coups intéressans
Ont manqué faute de mystere !
Sur nos secrets quoiqu’innocens,
Vous amis qui savez vous taire,
Venez, nous vous reconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Allez porter loin de ces lieux
Un aspect qui nous importune,
Vous qui par un culte odieux
N’offrez d’encens qu’à la fortune,
Fuyez, nous vous méconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Traîtres qui nous serrez la main,
Quand notre bonheur vous chagrine,
Vous qui détruisant le prochain,
Voulez bâtir sur sa ruine ;
Fuyez, nous vous méconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Chacun pour le frere indigent
Doit tirer le pain de sa bouche :
Vous qui dans un besoin urgent
Montrez un cœur dur & farouche :
Fuyez, nous vous méconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
Honneur aux Dieux, respect aux rois
Mais n’entrons pas dans leurs affaires,
Vous qui voulez changer les loix
Que constamment suivoient nos peres :
Fuyez, nous vous méconnoissons
Pour véritables francs-maçons.
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