Blangini

En cliquant ici, vous entendrez le début de son nocturne Per valli, per boschi, interprété par Patrizia Biccire (Soprano), Paul Austin Kelly (Ténor) et Antoine Palloc (Piano), extrait de l'album IL SALOTTO Vol. 8: Notturno (CD Opera Rara 235)

Félix Blangini (1781-1841), ténor et compositeur (de nombreux opéras, mais c'est à ses mélodies qu'il dût sa gloire et son succès), fut jusqu'en 1830 la coqueluche de la meilleure société.

Cotte le mentionne comme membre de l'Age d'Or (Apprenti en 1803, Maître en 1804).

Il est peut-être le Blanchini mentionné sur une autre page.

 

Le nocturne italien que vous pouvez entendre sur cette page, Per valli, per boschi, est asez célèbre : il avait d'ailleurs déjà été enregistré par Nellia Melba en 1904 et par Gérard Souzay. Dans ses Souvenirs, Blangini raconte qu'il en a été complimenté par Rossini.

Fétis en donne dans son volume 1 une biographie assez complète :

BLANGINI (Joseph-Marie-Félix), né à Turin, le 18 novembre 1781, a fait ses études musicales comme enfant de chœur à la cathédrale de Turin, sous la direction de l'abbé Ottani, maître de chapelle de cette église. Doué de dispositions précoces, Blangini fit de rapides progrès dans la connaissance de la musique et de l'harmonie. A l'âge de douze ans il fit exécuter dans l'église de la Trinité un motet et un Kyrie de sa composition. Il avait atteint sa seizième année, lorsque le Piémont fut envahi par les armées françaises en 1797. La cour de Turin se réfugia en Sardaigne, et la famille de Blangini, demeurée sans appui, prit la résolution d'aller chercher des ressources en France. Arrivée à Nice, elle s'embarqua et se rendit à Marseille. Là, Blangini donna des concerts dont le succès le détermina à parcourir le midi de la France, Lyon, le Dauphiné et la Suisse. Arrivé à Paris en 1799, il s'y fit connaître par la publication d'un grand nombre de romances et de nocturnes qui eurent beaucoup de succès, et s'adonna à l'enseignement du chant et à la composition dramatique. Son premier essai au théâtre fut la Fausse Duègne, que Della-Maria avait laissé imparfait, et qu'il acheva. Cet ouvrage fut représenté en 1802 au théâtre Feydeau. Son second opéra fut joué au même théâtre en 1803, sous le titre de Chimère et Réalité. Les rôles principaux de ce petit ouvrage étaient joués par Elleviou, Mme Saint-Aubin et Mme Gavaudan, avec une perfection qui en fit la fortune. Peu de temps après, il donna seul Zélie et Terville, qui eut peu de succès, et plusieurs autres ouvrages, tant à l'Opéra-Comique, qu'à l'Académie royale de musique. La vogue qu'avaient obtenue quelques-unes des romances de Blangini lui fit bientôt une brillante réputation dans la haute société de cette époque. Toutes les femmes à la mode voulaient l'avoir pour maître de chant ; car alors l'art du chant consistait, pour le monde parisien, à bien dire des romances. Blangini avait organisé des matinées musicales dans sa maison de la rue Basse-du-Rempart, où se réunissait l'élite de la société. Il y faisait entendre de bonne musique italienne chantée d'une manière agréable, et ses romances nouvelles, dont il faisait ainsi la réputation. Appelé à Munich en 1805, il y fit représenter un opéra intitulé Encore un tour de Calife, qui lui valut le titre de maître de chapelle du roi de Bavière. L'année suivante, la princesse Borghèse, sœur de Napoléon, le nomma directeur de sa musique et de ses concerts ; en 1809, le roi de Westphalie lui conféra le titre de maître de sa chapelle et de directeur de sa musique. Rentré en France en 1814, Blangini y a successivement obtenu les titres de surintendant honoraire de la musique du roi, de compositeur de la musique particulière de S. M., et de professeur de chant à l'École royale de musique et de déclamation ; mais il fut privé de ce dernier emploi par un arrêté du vicomte de La Rochefoucault, qui avait alors la direction des beaux-arts au ministère de la maison du roi. La liste des ouvrages de Blangini se compose de cent soixante-quatorze romances en trente-quatre recueils ; de cent soixante-dix nocturnes à deux voix; de dix-sept recueils de Canzonetti, pour une et deux voix ; de six motets ; de quatre messes à quatre voix et orchestre, et des opéras suivants : [suit une liste de 31 items]

Peut-être trop tôt oublié, Blangini méritait qu'on gardât le souvenir de quelques-unes de ses compositions. Il y a de la grâce, de l'élégance et de l'expression dans ses nocturnes et dans ses romances. Quelques-unes de ces petites pièces, entre autres : Il est trop tard, les Souvenirs, M'aimeras-tu ? Il faut partir, ont un charme irrésistible. Il y a aussi du mérite dans quelques morceaux de son opéra de Nephtali, dont un air a été chanté avec beaucoup de succès dans les concerts. 

La fortune fut longtemps souriante pour Blangini. Sa taille était petite ; mais, élégant et gracieux, il plaisait aux femmes qui le protégeaient. Il eut pour élèves de chant la reine de Bavière, la reine de Westphalie, le roi de Hollande (Louis Bonaparte), la reine Hortense, la princesse Pauline Borghèse, pour qui, suivant ses indiscrétions, il fut quelque chose de plus qu'un maître de chapelle ; la duchesse de Berry, enfin, un nombre immense de dames de la plus haute noblesse de toute l'Europe. Ces relations lui procurèrent des avantages de tout genre. Le temps du Consulat et de l'Empire fut surtout pour lui une source de prospérité. Sous la Restauration, il trouva encore de la protection par l'appui de Mme la duchesse de Berry ; mais après 1830, il n'y eut plus que malheur pour le pauvre Blangini. Il perdit alors toutes ses places à la cour ; des faillites de négociants lui enlevèrent des sommes considérables, fruit de ses économies ; il voulut réparer ses pertes en travaillant activement pour le théâtre ; mais le succès ne couronna pas ses travaux. La plupart de ses opéras tombèrent ou n'eurent qu'une courte existence. Dans ses dernières années, sa tristesse était habituelle. Il mourut à Paris, le 18 décembre 1841, à l'âge de soixante ans. Plusieurs années auparavant, M. Maxime de Villemarest, son ami, et littérateur connu par divers ouvrages, avait rédigé sur ses notes un volume [ndlr : disponible sur google] qui a paru sous le titre de : Souvenirs de F. Blangini, maître de chapelle du roi de Bavière, membre de la Légion d'honneur et de l'Institut historique de France (1797-1834). Paris, Allardin, 1834, 1 vol. in-8° de 394 pages. Il y a beaucoup de vanité dans ces souvenirs ; mais on doit la pardonner à un artiste que tant de succès et de faveurs avaient caressé dans ses beaux jours. D'ailleurs la plupart des personnages dont parle Blangini intéressent ou par leur mérite, ou par les événements auxquels leur nom est attaché. 

Le Nouveau Dictionnaire des Girouettes souligne en 1832 (p. 134) que l'avènement de Louis-Philippe lui fut fatal.

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