Champein

Nous ne disposons pas encore de fichier midi pour la partition mentionnée ci-dessous, et serions particulièrement reconnaissant à qui pourrait en établir un.

 

Stanislas Champein (1753-1830) connut, avant et après la Révolution, quelques grands succès comme compositeur dramatique (il est l'auteur de quelque 70 opéras, dont seuls la moitié ont été exécutés). Mais on lui doit également de la musique religieuse et des chansons révolutionnaires. Un grand nombre de ses partitions sont disponibles sur Gallica.

L'un de ses airs a été réutilisé pour des chansons maçonniques.

Fétis lui consacre dans son Tome 2 une notice assez fouillée :

CHAMPEIN (Stanislas), compositeur dramatique, naquit à Marseille le 19 novembre 1753. Il apprit la musique sous la direction de deux maîtres peu connus, nommés Peccico et Chauvet. A l'âge de treize ans il devint maître de musique de la collégiale de Pignon, en Provence, pour laquelle il composa une messe, un Magnificat et des psaumes. Au mois de juin 1770, il se rendit à Paris, et, quelques mois après son arrivée, il fut assez heureux pour faire entendre à la chapelle du roi, à Versailles, un motet à grand chœur de sa composition. A la fête de Sainte-Cécile de la même année, il donna, dans l'église des Mathurins, une messe et le motet de Versailles. Son premier essai dans la musique dramatique fut un opéra-comique en deux actes, représenté par les comédiens du Bois-de-Roulogne, sous le titre du Soldat français. Depuis 1780, Champein a donné au Théâtre Italien : 1° Mina, en trois actes, 1780. — 2° La Mélomanie, en un acte, 1781. Cet ouvrage est le meilleur de l'auteur. Il a été repris plusieurs fois, et toujours avec succès. Au milieu des défauts qu'on y trouve, des phrases mal faites, des mauvaises cadences fréquentes et d'une harmonie incorrecte, on y remarque de jolies mélodies, une heureuse imitation des formes italiennes de l'époque, et même une sorte d'élégance dans l'instrumentation. [suit une liste de 15 autres oeuvres] ... Au théâtre de Monsieur : 18° Le Nouveau Don Quichotte, en deux actes, 1789, un des meilleurs ouvrages de Champein. Le privilège du théâtre de Monsieur ne permettait de jouer que des pièces d'origine italienne ; cette circonstance fut cause que le Nouveau Don Quichotte fut joué comme une pièce traduite, sous le nom imaginaire d'un Signor Zuccarelli. Framery assure que les Italiens, mêmes furent dupes de ce subterfuge. [suit une liste de 4 autres oeuvres] ...

On remarque une interruption assez longue dans les travaux de Champein pour le théâtre, car depuis 1792 jusqu'en 1804 il n'a fait représenter aucun ouvrage. Des fonctions administratives auxquelles il avait été appelé en 1793 furent cause de celte lacune dans sa carrière d'artiste. Il ne faut pas croire toutefois qu'il soit resté étranger à la musique dans cet intervalle, car il a écrit pour l'Académie royale de musique et pour l'Opéra-Comique divers ouvrages qui ont été reçus à ces théâtres, mais qui n'ont pas été représentés. Ces opéras sont : [suit une liste de 15 oeuvres]

Dans le temps où le prince de Condé s'amusait à jouer la comédie, à Chantilly, avec quelques seigneurs de la cour, Champein fut invité à écrire un opéra-comique en deux actes, qui a pour titre la Chaise à porteurs. Le prince y jouait le rôle de Fesse-mathieu, et mademoiselle de Condé, morte au Temple, y chantait. La partition de cet ouvrage s'est perdue. Champein avait essayé de mettre en musique un opéra écrit en prose, et il avait choisi l'Electre de Sophocle, traduit littéralement. Le premier acte de cet ouvrage fut répété à l'Académie royale de Musique, et obtint beaucoup d'applaudissements ; mais l'autorité a toujours refusé l'autorisation de représenter cette production, sans faire connaître les motifs de son refus.

Si Champein ne fut pas au premier rang parmi les compositeurs français, il ne mérita pourtant pas l'abandon où il fut laissé dans les vingt-quatre dernières années de sa vie, car il y a de la facilité et de l'esprit scénique dans la Mélomanie, dans les Dettes et dans le Nouveau Don Quichotte. Malheureusement, après un silence assez long, il rentra dans la carrière par Menzikoff, ouvrage faible qui nuisit au reste de sa vie artistique. Dans sa vieillesse il ne fut point heureux. A l'époque de ses succès, les droits d'auteur au théâtre rapportaient si peu de chose qu'il n'avait pu faire d'économies ; toute sa fortune consistait en pensions qui avaient été supprimées à la révolution de 1789. Napoléon lui en avait accorde une de 6,000 francs ; il la perdit encore à la restauration. Plus tard les sociétaires de l'Opéra-Comique achetèrent son répertoire moyennant une rente viagère ; mais, lorsque ce théâtre eut changé d'administration, le nouvel entrepreneur refusa de reconnaître l'engagement contracté envers l'auteur de la Mélomanie. Celui-ci connut bientôt toutes les horreurs du besoin. Sur la proposition de celui qui écrit cette notice, la commission des auteurs, dont il était membre, vota pour Champein un secours annuel de douze cents francs. Cette commission, où figuraient Dupaty, Moreau, Scribe, Catel et Boïeldieu, obtint pour lui du ministre, M. de Martignac, une pension, et le vicomte de la Rochefoucauld en accorda une autre sur les fonds de la liste civile. Le vieillard ne jouit pas longtemps des douceurs de sa nouvelle position, car il cessa de vivre moins de dix-huit mois après, le 19 septembre 1830.

Son fils Marie-François-Stanislas (1799-1871) fut le rédacteur en chef d'une gazette artistique, le franc-juge.

On lira avec intérêt, au sujet d'une de ses oeuvres les plus réputées, l'article de Patricia-Courché SAVARIT, La destinée du Nouveau Don Quichotte, opéra-comique de Stanislas Champein, d’après le fonds de l’ancien Théâtre des Arts, in Un siècle de spectacles à Rouen (1776-1876), Actes du colloque organisé à l’Université de Rouen en novembre 2003 par Florence Naugrette et Patrick Taïeb (© Publications numériques du CÉRÉdI, "Actes de colloques et journées d’étude (ISSN 1775-4054)", n° 1, 2009).

Dans son riche ouvrage Les Musiciens francs-maçons au temps de Louis XVI, Pierre-François Pinaud le mentionne (p. 178) comme membre de la Réunion des Arts en 1777-8 ; dans la biographie qu'il donne, il signale que, contrairement à ce que prétendent beaucoup de ses biographes, il n'a jamais été préfet de département.

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