Jean-Louis DUPORT

Vous entendez le début de son Exercice n° 9 pour 2 violoncelles, interprété par Anner Bylsma et Kenneth Slowik (CD Sony SK 63360)

 

Jean-Louis Duport (1749-1819), généralement désigné comme Duport le cadet ou le jeune pour le distinguer de son frère Jean-Pierre (1741-1808), également violoncelliste, commença par être danseur avant d’étudier le violon, puis d'adopter le violoncelle à la suite de son frère.

En 1768, il fait au Concert Spirituel  des débuts si triomphaux qu'il est demandé partout, notamment à la Société olympique, au Concert des amateurs et chez le Baron de Bagge, célèbre musicien amateur, lui-même maçon. En 1783, il fait un voyage à Londres et y obtient un grand succès. Il joue avec Viotti à la cour de Marie-Antoinette.

En 1789, il fuit la Révolution et rejoint à Berlin son frère, qui y est installé depuis 1773 (il a été engagé par Frédéric le Grand, auquel son neveu Frédéric-Guillaume II a succédé en 1786 ; lui-même violoncelliste passionné, il soutient également la musique); Jean-Louis est comme lui engagé à la Chapelle Royale de Prusse, avec des émoluments considérables. 

C'est sur un thème de Duport (le menuet de sa Sonate pour violoncelle et basse op. 4) que Mozart composa en 1789 ses Variations K. 573. En 1796, Jean-Louis créa, avec Beethoven lui-même au piano, les sonates pour violoncelle et piano de l'opus 5 de ce dernier (qui reçut en récompense une luxueuse tabatière en or, remplie de louis d'or). 

Après l'invasion de Napoléon en 1806, il regagne la France, à Marseille d'abord, puis à Paris en 1813. Il devient professeur au Conservatoire et premier violoncelle à la Chapelle Impériale.

Il fit faire de grands progrès à la technique du violoncelle et écrivit pendant son séjour à Berlin son Essai sur les doigtés du violoncelle, et sur la conduite de l'archet avec une suite d’exercices, qui fera rapidement l'objet d'une traduction en anglais (ci-contre).  

Extraits 

(source : article de Xavier Gagnepain dans le n° 7 de la revue de l'Association Française du Violoncelle)

Mon intention, en écrivant ce Traité, n'a pas été de faire un de ces livres qu'on appelle METHODE, livres où l'on traite légèrement des principes, et où l'on donne une suite énorme d'airs graduels dans tous les tons, et qui vieillissent à mesure qu'on les écrit... Je me suis proposé de traiter le doigté assez à fond et d'une manière assez convaincante, pour accorder les Professeurs qui pourroient différer d'opinion sur différents points, et tacher de les amener; par la conviction, à l'unité des principes. Peut-être cette prétention est-elle un peu forte, je ne croirai cependant avoir fait un ouvrage passable et tant soit peu utile, que si je suis parvenu à ce but...

Je n'ai pas écrit une gamme, un trait, un passage, un morceau sans les avoir non seulement essayés plusieurs fois moi-même, mais encore sans les avoir fait essayer à mon frère qui a été, est, et restera toujours mon maître...

 

Il jouait un violoncelle de Stradivarius datant de 1711 qui, après être devenu en 1843 la propriété du violoncelliste Auguste Franchomme, fut acheté en 1974 par Mistlav Rostropovitch (ci-contre, avec l'instrument). 

On raconte qu’un jour Napoléon entendant Duport voulut lui prendre des mains son Stradivarius et le faire tenir entre ses bottes à éperons. Jean-Louis Duport, follement inquiet lui dit Sire sur un ton si implorant que l’Empereur le lui rendit aussitôt.

Il est signalé comme membre des Loges parisiennes Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social en 1781 et l'Olympique de la Parfaite Estime en 1786. 

Ils ont dit de lui :

Le Mercure de France (mars 1768) :

Monsieur Duport le jeune, élève de monsieur son frère, a exécuté sur le violoncelle une sonate accompagnée par M. Duport l'aîné, une exécution précise, brillante, étonnante ... des sons pleins, moelleux, flatteurs, un jeu  sûr et hardi annoncent le plus grand talent, celui d’un virtuose, à un âge habituellement fixé pour l’étude.

Voltaire, à Ferney en 1780 :

Monsieur Duport, vous me feriez croire aux miracles quand je vois que vous pouvez transformer un boeuf en rossignol !

Jean-Baptiste de la Borde, Essai sur la musique ancienne et moderne (1780):

Il est capable de réussir des effets qui étaient précédemment inconnus en appliquant la méthode large et brillante de Viotti au violoncelle.

Dominique Arot, dans l'intéressant article (auquel renvoie le lien en haut de page) où nous avons trouvé bon nombre des informations reprises dans cette page :

Les contemporains de Duport l’ont décrit comme un homme simple, modeste, généreux, franc et jovial avec ses amis. Ainsi, à la mort de son ami, le violoniste Guérin, il recueillit sa fille, l’emmena avec lui en Allemagne et veilla sur son éducation. 

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