Jean Baptiste Krumpholtz

Jean-Baptiste Krumpholtz (1742-1790) est un harpiste et compositeur d'origine tchèque qui vécut en France à partir de 1777. Il contribua aux perfectionnements de son instrument par Naderman et Érard.

Il fut admis en qualité d'apprenti le 10 juillet 1782 à la Loge parisienne Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social, pour y devenir compagnon l'année suivante (source : Pierre Chevallier dans son livre Histoire de Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social, Mère loge Ecossaise de France, p. 276). Selon Le Bihan dans son ouvrage Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, il figure aux Tableaux de cette Loge pour ces années 1782-3 en tant que Professeur de musique.

Cette page donne le choix entre l'écoute de quelques-unes de ses oeuvres.

 

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 5 :

KRUMPHOLZ (Jean-Baptiste), excellent harpiste et compositeur distingué, naquit à Zlowicz, en Bohême, vers 1745. Admis dans la musique du prince Esterhazy en 1766, il reçut des conseils de Haydn pour la composition. Encouragé par le succès que ses ouvrages obtenaient en Allemagne, il forma le dessein de voyager, obtint un congé, et prit sa route vers la France par Dresde, Leipsick, Francfort et Coblence. Arrivé à Metz, il y fit la connaissance de mademoiselle Meyer qui, bien qu'encore enfant, montrait les plus heureuses dispositions pour la musique, particulièrement pour la harpe. Krumpholz se chargea de son éducation musicale, développa son talent, et l'épousa lorsqu'elle eut atteint l'âge de seize ans. Après son arrivée à Paris, Krumpholz s'y fit connaître par ses compositions et par son habileté pour l'enseignement. Bientôt il fut le seul maître de harpe en vogue. Incessamment occupé du soin de perfectionner la harpe, il communiqua d'abord ses idées à Naderman, qui les exécuta, et le 21 novembre 1787, il fit entendre à l'Académie des sciences de Paris une harpe construite par ce facteur, où il avait fait adapter deux pédales dont la première augmentait ou diminuait la force des sons, en ouvrant une soupape, et dont la seconde plaçait une sourdine sur les cordes. La première de ces pédales à clé a été conservée dans la harpe moderne. Krumpholz a rendu compte de son invention dans les préfaces de ses œuvres 14e et 15e pour la harpe. Cependant, convaincu qu'il restait beaucoup à faire pour faire disparaître les défauts de la harpe à crochets dont il se servait, et plein de confiance dans le génie de Sébastien Érard, il le sollicita vivement pour qu'il s'occupât de la recherche d'un meilleur mécanisme. Le célèbre facteur y songea, et trouva la solution du problème de la manière la plus simple et la plus rationnelle. Déjà le nouvel instrument était prêt et allait paraître, quand Krumpholz lui-même, qui dans l'intervalle s'était lié d'intérêts à Naderman, vint prier Érard de ne point mettre au jour son instrument, dont la supériorité devait faire abandonner la harpe à crochets : et par condescendance, l'inventeur consentit à retarder la publication de sa découverte. Peu de temps après, madame Krumpholz, dont le talent d'exécution, bien supérieur à celui de son mari, excitait la plus vive admiration, partit pour l'Angleterre avec un jeune homme qui l'avait séduite, et abandonna l'artiste à qui elle devait tant de reconnaissance. Cet événement inattendu, et le mauvais état des affaires de Krumpholz poussèrent cet artiste à un acte de désespoir : il alla se précipiter dans la Seine, et se noya près du Pont-Neuf, le 19 février 1790. 

Un génie original, un profond sentiment d'harmonie, et des modulations inattendues, se font remarquer dans la musique de Krumpholz, et malgré le temps qui s'est écoulé depuis qu'elle a paru, les variations de goût et les perfectionnements que la harpe a reçus, elle serait encore considérée comme excellente, si elle ne s'était dispersée depuis un demi-siècle, et si elle n'était devenue fort rare. [suit une liste de 18 opus]. On a publié sous le nom de Krumpholz des Principes pour la harpe, qui ne sont pas de lui : ce n'est qu'une fraude mercantile.

Gatayes lui a dédié ce touchant in memoriam en tête de l'édition de ses deux duos d'après Krumpholtz :

Illustre favori du Dieu de l'Harmonie, 
Toi dont la Perte excite encore nos Regrets 
Je voulais, inspiré par la Mélancolie, 
Suspendre une Guirlande à tes sombres Cyprès 
Mais les Fleurs en étaient sans Vie, 
Et de leur peu d'Éclat tout bas je soupirais ; 
Alors, dans mon Projet sentant que je succombe, 
Je change aussitôt de Dessein ; 
J'éparpille un Bouquet que composa ta Main, 
Et de tes propres Fleurs je viens orner ta Tombe.

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