Raoul
Jean-Marie Raoul (1766-1850), juriste ayant exercé dans sa Bretagne natale et ensuite (à partir de 1800) à Paris, fut aussi un violoncelliste et compositeur amateur réputé.
Fétis le mentionne dans son Tome 7, mais se trompe, non seulement sur son lieu de naissance (Saint Pol de Léon et non Paris), mais surtout, ce qui est plus grave, de 13 ans sur sa date de décès (erreur qui ensuite sera scrupuleusement reproduite par tous les auteurs) :
RAOUL (Jean-Marie), amateur de musique et violoncelliste distingué, né à Paris en 1766, fut d'abord avocat aux conseils du roi, puis à la cour de cassation : plus tard il fut longtemps employé dans les administrations de l'État, et mourut à Paris en 1837, à l'âge de soixante et onze ans. Il a publié de sa composition : 1° Trois sonates pour violoncelle et basse, op. 1 ; Paris, Pleyel. — 2° Airs variés ou études ; ibid, — 3° Méthode de violoncelle, contenant une nouvelle exposition des principes de cet instrument, op. 4 ; ibid. — 4° Trois nocturnes à deux voix avec accompagnement de piano ; ib. — 5° Trois romances avec piano; Paris, Momigny. Vers 1810, Raoul conçut le projet de tirer la basse de viole de l'oubli où elle était tombée. Devenu possesseur d'un excellent instrument de ce genre, construit en 1521 par Duiffoprugcar, pour le roi de France François Ier, laquelle a passé ensuite dans la possession de M. Vuillaume, il se livra à l'étude de son manche et de son doigter ; mais la faible sonorité de cette basse lui fit comprendre la nécessité d'en changer les proportions, et de les rapprocher de celles du violoncelle moderne. Ce fut d'après cette idée que M. Vuillaume, célèbre luthier de Paris, construisit pour lui, en 1827, une basse de viole d'un nouveau modèle, montée de sept cordes, et qui parut à l'exposition des produits de l'industrie de cette même année, sous le nom d'heptacorde. Les sept cordes de cet instrument, dont la plus grave sonnait une tierce au-dessous de l'ut du violoncelle, étaient accordées de cette manière, en montant : la, ré, sol, ut, mi, la, ré. Raoul a donné une notice sur cette variété de la basse de viole dans la Revue musicale (tome II, pages 56-61).
La liste d'oeuvres donnée par Fétis doit vraisemblablement être incomplète, puisqu'on lit ceci sur une page présentant des concerts de la Cité de la Musique (et recopiant l'erreur de date de Fétis) :
Jean-Marie Raoul (1766-1837), avocat parisien et amateur violoncelliste, est l’auteur d’un grand nombre de pièces pour son instrument (sonates ou airs variés) ainsi que d’une méthode de violoncelle. Il entreprit vers 1810 de remettre à l’honneur la basse de viole disparue au milieu du siècle précédent. En 1827, Vuillaume conçut pour lui l’heptacorde, une basse de viole d’un nouveau type qui ne connut cependant aucun succès.
Selon Daniel Kerjan dans l'Annuaire 1760-1940 de son ouvrage Rennes, les francs-maçons du Grand Orient de France, 1748-1998, 250 ans dans la ville (PUR, p. 314), Raoul fut reçu Apprenti à la loge rennaise de La Parfaite Union en 1789, pendant ses études de droit. Installé à Paris en 1800, il y poursuit sa vie maçonnique et devient un des fondateurs de la Loge des Chevaliers de la Croix, où on le retrouve en 1839 : d'un article publié par Le Globe en 1839 (p. 243) et intitulé Reprise des Travaux à la Loge des Chevaliers de la Croix, nous extrayons en effet les passages suivants :
Le 8 août, la Loge des Chevaliers de la Croix, après un sommeil de plusieurs années, a procédé à la reprise de ses travaux ... A huit heures les travaux ont été ouverts sous la présidence du frère Raoul, son dernier vénérable en exercice ...
... le vénérable frère Raoul, président, a rappelé, dans une courte et touchante allocution, qu'il avait, à titre de fondateur, coopéré, conjointement avec plusieurs Templiers francs-maçons, à l'établissement de la loge des Chevaliers de la Croix, qui date de l'année 1804 (ère vulgaire) ... Le frère Raoul a terminé en disant qu'il se félicitait, après une si longue carrière et lorsque seul il survivait aux fondateurs de la loge des Chevaliers de la Croix, de présider à la reprise des travaux de cet atelier, et de donner au char de sa glorieuse et utile destinée une nouvelle impulsion en avant ...
Après cela Raoul céda le Vénéralat à Valleray (qui le céda rapidement à de Branville), mais devint 1er Surveillant.
Il était en même temps, comme bon nombre des membres de cette Loge, membre de l'Ordre du Temple, dont il deviendra le régent en 1840, pour le rester jusqu'à sa mort.
Thory le mentionne comme suit dans ses Acta Latomorum :
Raoul (Jean-Marie), avocat, membre de l'académie de législation, auteur de plusieurs écrits didactiques, et notamment d'un discours prononcé, le 10 floréal an 11, au Chapitre de la Constance-Eprouvée, à Paris, dans lequel il réfuta victorieusement les calomnies de l'abbé Proyard contre les Francs-Maçons ; reçu Officier du G. O. de France en 1805.
Voir également ici , ici et ici au fichier Bossu.
Sa soeur Fanny fut une féministe avant la lettre et il vaut la peine de lire son ouvrage (1801) Opinion d'une femme sur les femmes.
Après veuvage, il épousa Sophie Dequeux de Saint Hilaire (membre de la Loge d'Adoption des Chevaliers de la Croix) et en eut comme fils Amédée-Joseph, qui fut comme lui pianiste, compositeur et maçon actif à la Loge des Chevaliers de la Croix et dans l'Ordre du Temple.
(bon nombre des informations de cette page nous ont été aimablement communiquées par Mme Marie-Françoise Bastit-Lesourd, qui est l'auteur de deux intéressants articles sur Jean-Marie et Fanny Raoul.