Fête de l'Ordre à la Constance éprouvée (1801) 

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre le fichier de l'air, séquencé par David C.

La première édition que nous ayons identifiée de ces couplets de Rizaucourt, datés du 30 décembre 1801, est dans le volume 2 du Miroir de la Vérité d'Abraham (pp. 141-3, reproduites ci-dessous).

Avec le même nom d'auteur, ils seront repris aux pp. 276-9 du Code Récréatif des Francs-Maçons de Grenier sous le titre Couplets chantés le jour de la Saint-Jean au banquet de la Respectable Loge de la Constance éprouvée.

Ils constituent une variation très conventionnelle sur les thèmes les plus rebattus du discours maçonnique académique.

Voir l'air Femmes, voulez-vous éprouver ?

La Loge parisienne de la Constance éprouvée (à ne pas confondre avec une Loge homonyme à Rouen) a été constituée en 1785 par le Grand Orient, comme on le voit à sa médaille ci-contre.

La colonne brisée (avec l'inscription adhuc stat) est entourée de branches d'acacia : il s'agit d'un symbole du premier grade au Régime écossais Rectifié, qui l'avait repris (en en changeant la signification) de la Stricte Observance Templière, où il représentait l'Ordre du Temple, décapité mais toujours debout sur sa base.

Après la Révolution, elle eut une Loge d'Adoption.

Selon un usage très répandu, le titre distinctif de la Loge (chaque fois souligné par les italiques) est utilisé (d'une manière qui me semble quelque peu laborieuse) comme un leitmotiv terminant chaque couplet.

                 


      

Couplets

 

Chantés au banquet de la Respectable Loge de la Constance éprouvée, pour la célébration de la fête de l'ordre, le 30 décembre 1801.

 

Air : Femmes, voulez-vous éprouver ?

 

 

 DE notre art chantons les douceurs, 
Chantons-en les vertus, mes freres ; 
Elles sont toutes dans nos cœurs, 
Et nous sont également cheres ; 
L'une d'elles jusques aux cieux 
En ce jour doit être élevée ; 
Cette vertu brille en ces lieux, 
Et c'est la Constance éprouvée.

 

 

Dans ce respectable at[t]elier 
Où regne l'amitié fide[l]le, 
Chaque maître, chaque ouvrier, 
A tout Maçon offre un modele ; 
Dans les sentiers de la vertu , 
Où notre art donne l'arrivée, 
Aucun ne peut être abattu, 
Oh ! sa constance est éprouvée.

 

 

Pour être reçu Franc-Maçon 
Et voir briller notre lumiere, 
Il faut qu'un homme ait le cœur bon, 
L'ame droite, juste et sincere : 
Pour savoir s'il est vertueux, 
Sa morale est bien observée, 
Et nous ne le rendons heureux 
Que par la constance éprouvée.

 

 

On sait que notre ordre sacré 
Est en but[te] aux traits du vulgaire ; 
Mais bientôt son nom révéré 
S'étendra par toute la terre ; 
Profanes, en vain votre erreur 
Contre notre art est soulevée ; 
Nous vous conduirons au bonheur 
Par notre constance éprouvée.

 

 

 Pour avancer cet heureux tem[p]s, 
Que toujours notre jouissance 
Soit d'être humains et bienfaisans, 
Et les soutiens de l'innocence ;
Ah ! sans cesse qu'aux malheureux , 
Notre amitié soit réservée ; 
On sait que les Maçons pour eux 
Ont une constance éprouvée.

 

 

Sexe chéri, sexe enchanteur,
Toi dont nous adorons les charmes,
Hélas ! maint profane imposteur
Souvent a fait couler tes larmes.
Tu ne verserais plus de pleurs,
Ta gloire serait préservée,
Si tous venaient former leurs cœurs
A notre Constance éprouvée.

 

 

Du haut du ciel, ô bon St-Jean, 
Patron de notre ordre sublime, 
Tu redoubles en cet instant 
Le feu sacré qui nous anime : 
La fête que nous célébrons 
Ne peut être bien achevée 
Qu'en tirant pour toi nos canons 
Dans notre constance éprouvée.

Dans le chapitre Un banquet maçonnique à Dreux en 1826 du (très antimaçonnique) ouvrage (1964) de Charles Maillier Les loges maçonniques drouaises du XVIIIe au XXe siècle, on trouve, sur le même air, un Salut à saint Jean dont le premier couplet est quasiment recopié (ne changent que le dernier vers, puisqu'il comprenait le nom de la loge, et celui avec lequel il rime) du dernier ci-dessus, mais dont le deuxième nous semble inédit :

Du haut du Ciel, ô bon saint Jean,
Patron de notre Ordre sublime
Tu redoubles en cet instant
Le feu sacré qui nous anime.
La fête que nous célébrons
Dans cet asile respectable
En tirant pour toi nos canons
Rendra notre bonheur durable.

Pour satisfaire à mon devoir
Dans le zèle qui me transporte,
Mon canon me sert d'encensoir,
Mon encens c'est la poudre forte.
Frères partagez son ardeur
Je vais vous mettre sur la voie...
Allons, pour saint Jean, de bon cœur
Faisons un triple feu de joie !

Dans son remarquable ouvrage La Fraternité en choeur, Sylvain Chimello mentionne qu'on trouve aussi, isolé, le dernier couplet de ce cantique à la p. 51 du recueil de cantiques maçonniques dédiés à la Respectable loge des Amis réunis à l'Orient du 9e Régiment d'Infanterie légère à l'Orient de Longwy (1810), mais avec le dernier vers transformé de Dans notre constance éprouvée en Chargés de poudre éprouvée et sous le titre Cantique pour la santé de notre Bien-aimé Patron.

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