L'union de 1799

Cette chanson est la dernière de la série de celles exécutées lors de la Tenue solennelle du 22 juin 1799 actant la fusion des deux Obédiences ayant survécu à la Révolution ; elle s'extasie avec attendrissement sur la paix retrouvée entre Obédiences et rend hommage à Montaleau.

Desaudray 

Le Frère Desaudray est Charles-Emmanuel Gaulard de Saudray (1740-1832), personnage assez connu de la Révolution et fondateur du Lycée des Arts, auteur notamment de Couplets aux mânes de Viala et Bara, par le cit. DESAUDRAY, Lus au Comité d'Instruction publique, qui en ordonna le dépôt au carton de réserve le 29 messidor II et de La mort de Lavoisier, hyérodrame de Charles DESAUDRAY, mis en musique par le citoyen LANGLÉ, professeur national du Conservatoire et membre du lycée des Arts, cités respectivement sous les n°s 1532 et 121 par Constant Pierre dans son ouvrage LES HYMNES ET CHANSONS DE LA RÉVOLUTION (1904), où il ajoute :

Ch. GAULARD Desaudray, d'abord secrétaire de plusieurs légations, puis colonel du génie et commandant de la milice parisienne, fondateur du Lycée des Arts ... est l'auteur d'un programme d'une fête civique proposée pour le 14 juillet 1790.

Le Bihan, dans son ouvrage  Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, le mentionne comme Lieutenant-Colonel, ancien résident du Roi dans les cours étrangères et comme membre entre 1778 et 1789 de diverses Loges (Saint-Jean d'Ecosse du Contrat Social, La Vraie Réunion, Les Bons Amis, La Vérité).

On peut lire ici (p. 47) :

Gaullard de Saudray ... avait suivi en 1765 le marquis de Beausset dans son ambassade à Pétersbourg. En 1767, il était entré dans les bureaux comme ingénieur géographe avec la commission de capitaine et un traitement annuel de 2,400 livres. Secrétaire de légation à Berlin en 1769, chargé d'affaires de 1770 à 1772, chef du dépôt des cartes à Versailles en 1772, secrétaire particulier du comte de Guines, ambassadeur en Angleterre, en 1775, il avait été chargé depuis cette époque de divers travaux sur les manufactures du Royaume-Uni, et en particulier sur celles de Birmingham. Il recevait à ce titre, outre ses appointements de 3,000 livres sur les Affaires étrangères, une pension de 2,000 livres sur le bureau du commerce.

Il est également l'auteur d'un cantique dédié à la loge de l'Océan français en 1798/9, où il est désigné (comme ci-dessous) comme Vénérable de la ci-devant Loge des Amis de la Vertu, à l'Orient de Paris.

        

     

Par le Respectable Frère Desaudray, Officier du Grand Orient,

Vénérable de la Respectable Loge des Amis de la Vertu.

Air : Guillot et Guíllemette.

Je sens que la douce harmonie
En ce moment par ses accords
Excite en mon âme attendrie,
Ici les plus charmans transports :
Partagez amis mon ivresse,
Que cette tendre émotion
Soit le signal de l'allégresse
Et de notre réunion.

Après quarante ans de querelle,
De trouble et de divisions,
L'esprit de paix enfin rappelle
Sous un seul drapeau les Maçons.
Qu'il est doux de pouvoir ensemble
Penser, chanter à l'unisson ;
C'est l'amitié qui nous rassemble fl
Et fait notre réunion.

Chantons Montaleau, cette Fête
Lui doit ses plus touchants plaisirs ;
Ss complaisance active, honnête,
Se prête à nos moindres désirs ;
La gaieté franche et naturelle
Dístingue ce brave Maçon,
Et c'est par lui que Ie vrai zèle
Forma cette Réunion.

Jurons d'être unis pour la vie,
J'en prends ici l'engagement
Et que cette époque chérie
Soit celle du pur sentiment.
Soyons, de l'amitié fidelle,
Le vrai point de réunion ;
Et ce sera raison nouvelle.
De chérir le nom de Maçon !

De ce jour gardons la mémoire,
Chantons aussi nos Visiteurs ;
De nos Travaux ils font la gloire,
Comme ils en ont fait les douceurs :
Que pour des santés aussi chères,
Nos cœurs suivent notre canon ;
Tirant d'accord pour ces bons Frères,
Prouvons notre réunion.

Avant qu'Atropos nous appelle
Pour passer la barque à Caron,
Que Phébus long-tems renouvelle
Du printems l'aimable saison :
Dame cinquante ans du même zèle,
Puissions-nous, mes chers Compagnons
Redire ici chanson nouvelle,
Et fêter l'ordre des Maçons.

Le 3e couplet est reproduit (p. 147) dans l'Histoire de la fondation du Grand Orient par Thory, reproduite dans les Documents maçonniques recueillis et annotés par François Faivre (1866).

La Clé du Caveau donne 4 airs différents ayant un titre commençant par Guillot, dont (n° 202) Guillot auprès de Guillemette.

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