Inno antimassonico
Cliquez ici pour entendre un fichier mp3 de la partition, séquencé par Christophe D.
On est toujours l'infâme de quelqu'un, que ce quelqu'un aurait pour devoir d'écraser : on sait comment Voltaire avait fait son choix, mais pour la papauté c'était, au temps de Léon XIII, la secte des francs-maçons qui était qualifiée d'association criminelle ... menaçant les Etats des dangers les plus redoutables dans son Encyclique Humanum genus en 1884, laquelle invite à faire disparaître l'impure contagion du poison qui circule dans les veines de la société et l'infecte tout entière.
Un tel appel ne pouvait qu'être entendu avec zèle, ce qui donna lieu à la création, par des sectateurs, de multiples associations anti-maçonniques, comme le rapporte Yves Hivert-Messeca, dans le Tome II (cfr p. 518) de sa monumentale tétralogie l'Europe sous l'acacia (Dervy, 2012), et sur une page de son très riche blog.
L'indignation de ces sectateurs, et leur intense activité en résultant, ne pouvaient qu'être alimentées par les folles révélations de l'ineffable Léo Taxil, que leur crédulité poussait à prendre pour argent comptant malgré leur totale invraisemblance (les apparitions du diable pendant les réunions maçonniques et le crocodile pianiste par exemple). Il faut dire qu'ils n'étaient en cela que les émules du pape Léon XIII lui-même, qui en 1887 avait reçu Taxil en audience pour le couvrir de bénédictions, et qui avait blâmé l'évêque de Charleston pour avoir dénoncé les confessions antimaçonniques comme une fraude. Les sceptiques étaient rares, comme en témoigne Léon Bloy, qui écrit dans Les Dernières Colonnes de l’Église (Mercure de France, 1903, p. 174) :
C'est dans ce cadre que fut organisé en 1896 le Congrès antimaçonnique de Trente. |
A cette occasion fut composé un Inno antimassonico (hymne antimaçonnique) - qui n'est qu'un des nombreux Hymnes et poésies écrits pour ce Congrès.
On en trouve ici la partition et le texte (de Giuseppe Poli) en est visible ici (sur un site intégriste particulièrement pittoresque, qui traite le pape François d'hérétique, fils de Lucifer et bête de l'Apocalypse et l'accuse de conspiration avec Poutine et les maçons pour établir le nouvel ordre mondial luciférien).
Le compositeur Edoardo Carlo Stefecius semble totalement inconnu, hormis par quelques partitions. Il est qualifié, à la p. 6 de ce document, de musicien d'origine bohême, à cheval sur les deux siècles, sans doute arrivé à Trente avec un orchestre militaire autrichien stationné dans cette ville (ndlr : le Trentin est resté autrichien jusqu'en 1918).
Inno Antimassonico di G. Poli e G.
Stefecius
Su fratelli, sorgiamo; la voce
Una setta crudel sulla testa Noi dormiamo? Oh vergogna! Si scuota
Che temiam? La vittoria è sicura; Non siam noi discendenti dei forti Su sorgiamo, e per questa gentile Non sia vero che un Covo nefando Su fratelli, sorgiamo; la voce |
Frères, levons
nous ; la voix Une secte cruelle est
venue poser Dormons-nous ? Oh quelle
honte ! Secoue Que craignons-nous ? La victoire est sûre
; Ne sommes-nous pas les descendants des forts Levons-nous, et pour cette aimable
et Qu'il ne soit pas vrai qu’un Repaire néfaste Frères,
levons nous ; la voix (*) Léon XIII évidemment |