Consécration du nouveau Temple des Amis Philanthropes

 

Le 26 janvier 1879, la Loge bruxelloise des Amis Philanthropes a procédé à l'inauguration de son nouveau Temple (rue du Persil), au cours d'une cérémonie présidée par les plus hautes autorités du Grand Orient de Belgique. 400 membres de l'Atelier et 300 visiteurs y étaient présents.

Un accent particulier fut mis, lors des discours, sur la présence de délégations étrangères, présence qui marquait la fin du long isolement international qu'avait connu l'Obédience à la suite de sa décision de 1854. Il fut beaucoup insisté sur le caractère judicieux de cette décision, qui à l'époque avait paru si révolutionnaire et fait l'effet d'un coup de foudre, et sur la mémoire de son principal instigateur, Théodore Verhaegen. Comme le dit le Garant d'Amitié de la Grande Loge de Suède, la Maçonnerie étrangère a compris que la Maçonnerie belge avait fait oeuvre de progrès en élargissant le champ de son activité, tout en restant fidèle à la tradition universelle ... Aussi les Grands Orients étrangers apprécient hautement les travaux des Loges belges et leurs efforts pour amener le triomphe de la vérité et de la justice.

La manifestation de ces efforts fut encore largement donnée dans les discours, appelant à la défense contre la tyrannie, le fanatisme et la superstition. En témoigne la première Santé du Banquet qui suivit, portée à la nation belge, souveraine sur son territoire, et au Roi son premier magistrat. Le texte du troisième feu de cette Santé est particulièrement significatif :

Aux Belges non-électeurs ! ... Puisse le triple voeu de la Maçonnerie Belge : un large enseignement primaire, laïque, gratuit et obligatoire, recevoir bientôt sa réalisation !

Le Tracé nous apprend que deux cantates furent créées au cours de cette cérémonie :

- la Consécration du Temple, paroles de Lucien Solvay et musique de Gustave Huberti (page 16, pendant le dévoilement de la pierre commémorative)

- Fraternité, paroles de Lucien Solvay, musique d'Emile Mathieu (p. 28, après le discours de l'Orateur)

Lucien Solvay (1851-1950 ; aucun lien avec la famille d'industriels) est le fils du pianiste Théodore Solvay (1821-1908). Poète, journaliste (il fut rédacteur en chef du Soir), librettiste, critique d'art (très conservateur), membre de l'Académie Royale de Belgique, il a notamment publié en 1919 une Notice sur Gustave Huberti.

Après la deuxième de ces cantates, ces artistes furent, à l'appel du Vénérable, à leur tour (de nombreux autres l'avaient été auparavant, dont l'architecte et le peintre, les Frères Samyn et Verhas, médaillés respectivement d'or et de vermeil) médaillés par la Loge à cette occasion :


Le Frère Huberti demanda ensuite la parole pour remercier en leur nom et pour ajouter modestement : 

Goblet d'Alviella

On remarque au Tracé que c'est Eugène Goblet d'Alviella qui, avant d'en devenir Vénérable quelques mois plus tard, était à ce moment l'Orateur de la Loge (qu'il allait quitter en 1895 pour devenir le premier Vénérable des Amis Philanthropes n° 2, plus conservateurs).

Il allait plus tard devenir une des personnalités les plus célèbres du monde maçonnique belge et aussi international.

Sa mémoire allait être perpétuée par son célèbre mausolée au cimetière de Court-Saint-Étienne.

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