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C
O U P L E T S.
Air : Vaudeville
d'Epicure.
Célébrons l'heureuse alliance,
De la sagesse & du plaisir :
Les réunir, c'est la science,
Qu'ici nous venons acquérir ;
Que toujours la sagesse éclaire
Les amusements des Maçons,
Que toujours le plaisir tempère,
L'austérité de leurs leçons.
Parmi nous, dans cette retraite,
Les ris & les jeux sont reçus ;
L'amitié prépare la fête,
Sans blesser les droits de Vénus :
Apollon y suit l'harmonie ;
Et l'esprit qu'anime Bacchus,
Enfante la vive saillie,
Plus pétillante que son jus.
Ici notre gaieté décente,
Ne met point le coeur hors de soi,
Et ne devient que plus piquante,
Par la contrainte de la loi ;
La licence n'a point d'excuse,
Pour y paroître un seul moment :
Mais ce qu'aux sens on y refuse,
Tourne au profit du sentiment.
Le Maçon sait d'un vol agile,
Enlever les parfums des fleurs,
D'une vie heureuse & tranquille
Il en compose les douceurs ;
De voltiger de rose en rose,
S'il est enfin rassasié,
Avec délice il se repose
Au sein de la tendre amitié.
Loin d'aimer une folle ivresse,
Où les goûts s'éteignent soudain,
Il se ménage avec adresse
Un désir pour le lendemain :
N'abusons point de la jeunesse,
Les plaisirs encor voleront,
Pour jouer avec la vieillesse,
Dans les rides de notre front.
Voyez sur le sein de Silvie,
Le jasmin qui s’enorgueillit,
Son bonheur abrège sa vie,
En moins d'un jour il est flétri ;
Il va sécher par le feu même,
Du beau coeur qu'il aime à couvrir,
Son destin nous offre l'emblème
De tout excès dans le plaisir.
Par le T. C. F. ***
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