Statuts

Cliquez ici pour entendre le mp3 de cet air, séquencé par Christophe D.

Cette longue (25 couplets !) chanson figure aux pp. 30-36 du recueil publié à La Haye en 1751, Chansons de l'ordre de l'Adoption ou la Maçonnerie des femmes.

L'auteur est le Frère Parmentier.

La chanson entend visiblement fixer les normes de la maçonnerie d'Adoption.

Elle n'est pas sans rappeler les statuts des Tricardins quelques années plus tôt.

On notera particulièrement :


                         

                  

                          

               

                     

  

S T A T U T S

 

par Frère PARMENTIER.

 

 1

Frères notre Maçonnerie 
eut du monde l’inimitié, 
pour avoir de sa Confrairie 
retranché la belle moitié.

   

 2

Assez long-temps sur nos misteres,
Le Sexe fixa son soupçon ;
Eclairé des mêmes lumieres,
Qu'il soit à son tour franc maçon.

 

 3

Que ce titre nous Justifie,
Qu'il cimente notre union ;
Qu'il serre le nœud qui nous lie,
Dans l’arche de l'Adoption.

 

 4

 A tout maçon, toute maçonne,
Sur cela fraternel salut :
Voici, quoique l'on en raisonne,
De l’ordre quel est le statut. 

 

 5

A nos loíx sans que l'on déroge,
Les belles à titre de sœurs,
Seront admises dans la Loge,
Elles en feront les honneurs.

 

 6

Pour mieux mériter leur présence
Bornons nos indiscrets desirs ;
C'est dans le sein de la Décence
Que l'on goute les vrais plaisirs.

 

 7

Si le cœur ne peut se deffendre,
De rendre homage à la Beauté ;
On fera par un regard tendre,
L'aveu de sa captivité.

 

 8

Les yeux ont un müet langage,
Qui par Ie cœur est entendu ;
Parler au cœur de la plus sage,
Ce n’est pas blesser sa vertu.

 

 9

 Mais entre nous, point de misteres,
Point de particularité ;
Pensons tout haut comme bons freres,
C'est la loi de Société.

 

 10

Que le Propos, sans être libre,
Inspire une honnête gaieté ;
Décence servés [servez] d'Equilibre,
Embellisséz la volupté.

 

 11

Gardons nous surtout de médire,
Et lorsque nous serons entrain,
Même en disant le mot pour rire,
Ménagéons toujours le prochain.

 

 12

Cachons Ies fautes de nos freres,
Les révéler c'est vanité ;
Voilons les humaines miseres,
Du manteau de fraternité.

 

 13

 Quelque fois la vérité blesse,
Pour éviter ces pas glissans,
Menageons avec politesse,
Les absens, comme les presens.

 

 14

Chose assés difficile à faire,
Pour ne jamais nous égarer,
Sachons nous parler, & nous taire
On ne doit pas trop se livrer.

 

 15

 Remplis d'égards pour la noblesse,
Sans détruire l’égalité ;
Réspectons ici sans bassesse,
La naissance & la qualité.

 

 16

 Sans oublier ce que nous sommes,
Que nous les rangs soient confondus ;
Soyons maçons, soyons des hommes
Que nos titres, soient nos Vertus.

 

 17

Grands profités de l’avantage,
De pouvoir vous communiquer,
Petits faites un bon usage,
De l’honneur de les pratiquer.

 

 18

Dans nos loges si d'avanture,
Quelqu'un sallissoit ses Discours,
Par la moindre petite ordure,
Bannissons le pour quinze jours.

 

 19

Que si ces peines redoublées
Sur lui ne font aucun effet ;
Par les sœurs en loge assemblées,
II faut que son procés soit fait.

 

 20

Mêlons les tendres chansonnettes,
Et les bons mots, dans nos repas ;
Buvons rasade aux amourettes,
Mais pourtant ne nous grisons pas.

 

 21

Que si par malheur quelque frere
Venoit a perdre la raison ;
Prenant pitié de sa misere,
Remenons-le dans sa maison.

 

 22

Entre nous mes freres qu’à table
Chacun boive à sa volonté ;
Les plaisirs n'ont rien d’agréable,
Qu'autant qu'on a de liberté.

 

 23

Ne faisons jamais violence,
A ceux qui refusent du Vin ;
Ils en font bien la pénitence,
S’ils n’aiment pas ce jus Divin.

 

 24

Pour sceler plus gayment mes freres,
Les loix de la Societé ;
Armés vous chacun de vos verres,
Je vais porter une santé.

 

Chacun ici remplit son verre, & attend l’ordre.

 

C'est a vous que nous allons boire,
Sexe aimable & toujours vainqueur ;
Si nos desirs font votre gloire,
Nos plaisirs font votre bonheur.

 

Les freres boivent tous en ordre
Ensuite les Soeurs Remercient

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