Chansons de l'Ordre de l'Adoption
Dans son ouvrage The masonic muse. Songs, music and musicians associated with Dutch freemasonry: 1730-1806, ainsi que dans un article (en néerlandais) de la revue Thot et dans un chapitre (en anglais) de l'ouvrage Women's agency and rituals in mixed and female Masonic orders), Malcolm Davies traite de la célèbre Loge (mixte) de Juste (ainsi dénommée selon son Vénérable Juste van Wassenaer, devenu Grand Maître en 1749).
Celle-ci était formée de membres de la noblesse, de l'armée et de la bourgeoisie de La Haye, ainsi que de nombreux membres français, masculins et féminins, de la troupe théâtrale locale dite Comédie française.
La vie de la loge fut certainement très brève et ne semble pas avoir laissé un très bon souvenir puisque l'on sait que, lors de la constitution en 1756 de la Grande Loge des Pays-Bas, toutes les activités maçonniques antérieures (depuis 1734) furent considérées comme nulles et non avenues (est-ce pour des raisons morales ? politiques ? financières ? maçonniques ?).
Davies analyse le chansonnier qu'édita la loge en 1751 : Chansons de l'Ordre de l'Adoption ou la Maçonnerie des Femmes Dédiées aux Soeurs de la fraternité Répandues sur toute la surface de la Terre ; par les Freres ***** Ce recueil de Chansons de l'ordre de l'Adoption ou la Maçonnerie des femmes constitue un précieux témoignage de la précocité de la création de Loges d'Adoption puisqu'il est imprimé 23 ans avant que le Grand Orient de France reconnaisse leur droit à l'existence. |
Il contient d'abord (pp. 3-8) un Discours fait par le Vénérable Frère de Saint Etienne, Député Maître de la Grande Loge d'Adoption le 1e de May 1751, Jour de l"Etablissement de la ditte Société, discours dont l'objet est la justification de la mixité de la maçonnerie. En vici un extrait significatif :
On trouve ensuite 17 chansons, soit avec leur partition soit avec le renvoi à une autre partition du recueil. Toutes ces chansons ont pour auteur le Frère Corbin ou le Frère Parmentier, tous deux membres de la Loge et de la troupe théâtrale de la Comédie Française à La Haye.
Parmentier est désigné au Tableau de la Loge comme A. Wilfelsphem de Parmentier, résidant à Paris (nous ignorons s'il peut s'agir de l'André Parmentier qui en 1746 collabora avec Favart à Bruxelles).
Le recueil est très rare ; on en connaît un exemplaire aux Pays-Bas et un à la BNF (Cote YE-17876), qui est maintenant en ligne.
On trouvera ci-dessous la table de ces chansons.
Le texte d'un certain nombre de ces chansons (marquées * dans la première colonne) présente de fortes parentés avec des chansons se trouvant dans la Lire maçonne. Mais, contrairement à ce qu'écrit ici Malcolm Davies, ce ne sont pas des adaptations de chansons existantes, c'est tout le contraire puisqu'il n'existe pas d'édition de ces chansons dans aucun des chansonniers antérieurs à 1751 que nous connaissions, et que c'est bien plus tard que paraîtra, en 1763, la première édition de la Lire. Ces chansons doivent donc être considérées comme originales - au même titre que toutes les autres d'ailleurs. Elles seront exploitées par la Lire, qui veillera à en supprimer tout ce qui peut évoquer une loge mixte.
page | Titre | Incipit |
9 * |
Marche des Maçons à la Louange du Respectable G. M. de l'ordre par le frère Corbin |
W..... permets qu'un frère |
11 * |
Même Marche aussi dédiée au G. M. par le frère Parmentier |
Chantons tous Soeurs et Frères |
13 |
Chanson dédiée au V. F. de St Etienne Député maître de la grande loge par Frère Corbin |
Frères rendons grâce au destin |
16 |
Autre par Frère Parmentier |
Adam le premier homme |
19 * |
Autre par Frère Corbin |
D'un ordre auguste et respectable |
22 |
Autre par Frère Parmentier |
Que tout ici respire la charmante gaieté |
24 |
Chanson par Frère Corbin : Dédiée par les Frères aux Soeurs de la Loge |
Dans ces aimables retraites |
27 |
Autre en réponse à la précédente dédiée par les Soeurs aux Frères de la loge, par le même auteur |
Daignez recevoir chers frères |
30 |
Statuts par Frère Parmentier |
Frères notre Maçonnerie |
37 |
Chanson par Frère Parmentier |
Quoi dans nos loges de Maçons |
40 |
Autre par Frère Parmentier |
Mes Frères chantons sans cesse |
43 * |
[p]ronde par Frère Corbin |
Dans notre arche la gaieté |
46 * |
Chanson par Frère Corbin |
Chantons de concert mes frères |
48 * |
Autre sur le même air par le Frère Parmentier |
Ici la vertu riante |
50 |
Autre par Frère Corbin |
Qu'en ces beaux lieux chacun s'empresse |
52 |
Autre par Frère Corbin |
Ce n'est que dans ces lieux qu'on goûte |
54 * |
Autre par le Frère Corbin |
De ce glorieux empire |
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Sur la Loge de Juste, on peut lire l'article d'Hélène Palma, Women's restricted access to masonic spirituality in 18th century Europe: a case of betrayal of the Enlightenment ideals?