Adam, premier maçon

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3)  pour entendre l'air, d'après la partition de la page 423 de la Lire

Cette chanson au ton léger, due au Frère Parmentier, figure aux pp. 16-18 du recueil publié à La Haye en 1751, Chansons de l'ordre de l'Adoption ou la Maçonnerie des femmes.

Comme l'indiquent les caractéristiques répétitions la la et don don, l'air est celui d'un Noël bien connu, Les Bourgeois de Chartres, dont on trouve la partition - identique à celle-ci - notamment aux pages 423 et 523 de la Lire maçonne.

Le premier couplet fait écho à la légende (Adam premier maçon) créée par Anderson, mais y ajoute un épisode original : Eve en mordant la pomme créa l'adoption : il est de fait que la pomme d'Eve joue un grand rôle dans les rituels de la maçonnerie d'Adoption.

Compagnonnage, deuxième grade

RECEPTION (extrait)

... Ce discours fini, le frère inspecteur conduit la récipiendaire au Paradis terrestre, et l'abandonne à ses réflexions. Sitôt qu'il est parti, quelqu'un de préposé pour cela lui donne une pomme, et lui persuade qu'il faut qu'elle la mange pour être reçue, en ajoutant que c'est cette marque d'obéissance qu'on exige d'elle, et que sans cela elle ne pourroit parvenir à la connoissance des sublimes mystères de la Maçonnerie. On peut bien s'imaginer que l'aspirante ne fait aucune difficulté d'y consentir ; mais à peine a-t-elle commencé à mordre la pomme, que l'on fait entendre le tonnerre et la grêle, puis on tire le rideau qui sépare cet Appartement de la Loge ; l'instigateur s'échappe adroitement, et l’Orateur, qui se tient prêt, s’avance à pas précipités, arrête le bras de la récipiendaire, lui détache son bandeau, et lui dit, avec le ton de l'enthousiasme : Malheureuse ! Qu’avez-vous fait ? Est-ce ainsi que vous pratiquez les leçons de sagesse que l'on vous a données ? Se pourroit-il que vous méconnoissiez ces sentiments d'honneur et de vertu, premier fondement de notre Ordre ; Quoi ! au mépris des promesses que vous a fait le grand Maître, de récompenser votre courage et votre prudence, vous vous laissez séduire par ce monstre, (il lui montre le serpent, duquel on fait remuer la tête) qui n'a d'autre but que celui de corrompre votre innocence ; quelle récompense devez-vous attendre d'une pareille foiblesse ?

Il est aisé de penser que la récipiendaire, surprise et trompée elle-même dans ses sentiments, est trop déconcertée pour répondre quelque chose de bien positif. Alors, sans lui donner le temps de la réflexion, l'Orateur lui dit : Suivez-moi, Madame, et sortons au plus vïte du lieu qui vous rappelleroit sans cesse votre faute. Puis la conduisant au milieu de l'Assemblée, il la remet entre les mains de l'inspecteur, et va porter au grand Maître la pomme mordue. Le Vénérable la reçoit, et dit à la récipiendaire : Je vois trop, Madame, le peu de compte que vous avez fait des sages conseils que je vous ai donnés ; mais non comptant l’oubli de vos devoirs, connoissez l'excès des malheurs que votre inconséquence a causé. On fait retourner la soeur du côté du transparent, au-dessus duquel elle doit lire ces mots : Le crime a vaincu l'innocence ...

       (Louis Guillemain de Saint-Victor, Manuel des Franches-Maçonnes ou La vraye Maçonnerie d'adoption, éd. 1783, p. 42)

Nous avons emprunté l'image de ce tablier (propriété du Musée français de la Franc-maçonnerie) à une page de la remarquable exposition organisée par la BNF sur la maçonnerie.

Il s'agit d'un tablier du 3e grade du rite d'Adoption, datant du premier Empire. On voit sur la bavette deux des symboles le plus souvent mentionnés dans ce chansonnier : 

  • (au centre) l'arbre du bien et du mal, avec le serpent et la pomme, 

  • (à gauche) l'arche de Noé.

(NB : le 3e symbole, à droite sur la bavette, la tour avec échelle, concerne le rituel du 3e grade, comme on peut le voir ici)

Le catéchisme de Compagnonne, à la p. 49 du Manuel ci-dessus, mentionne le dialogue suivant : 

  • D. Chassée du Paradis terrestre, comment avez-vous pu rentrer dans le Temple ? 

  • R. Par l'Arche de Noé, première grâce que Dieu accorda aux hommes.

Contrairement au discours (ici on ne connaît que l'amitié, cependant que l'amour n'a aucune place) qui sera inlassablement répété dans les Loges d'Adoption françaises, le dernier couplet admet - au risque de conforter des accusations de libertinage - que par ci par là il puisse arriver que l'amoureuse ivresse trouve place dans la loge, mais n'en veut faire ni un drame ni un cas pendable (Se pendre pour cela serait grande folie).


  

 

 

Autre

 

par Frère Parmentier :

 

Adam le premier homme
Fut le premier maçon,
Eve en mordant la pomme,
Créa l'adoption
De leur tendre union
Une branche chérie
Peupla par ci par la, la, la,
De petits rejettons don, don,
Notre Maçonnerie.

 

 

 

 

 

 

SALOMON notre Maître,
Les mit a l'attelier ;
Et pour les reconnoitre,
Et les mieux rallier ;
Sa prudence inventa,
Dans notre coterie ;
Mots, signes, & cœtera, la, la ;
Tous les secrets, dictons, don, don,
De la maçonnerie.

  

CE GRAND PRINCE eut la Gloire
D'elever par nos mains ;
Un temple en la memoire,
Du MAITRE des humains :
Des rigoureux destins,
ll devint la furie ;
Ce beau temple tomba, la, la ;
Mais nous le relevons, don, don ;
Dans la maçonnerie.

  

Prenons donc nos truelles.
Et construisons mes soeurs ;
En mémoire des belles,
Un temple dans nos coeurs;
C'est à vos yeux vainqueurs,
Qu'on peut sans flatterie ;
Rendre cet honneur, la, la, la ;
Ce sont les vrais patrons, don, don ;
De la maçonnerie.

 

De l'amoureuse yvresse
S'y par fois l'aiguillon,
lnterrompt la Sagesse,
De notre ADOPTION ;
Se pendre pour cela,
Serait grande folie ;
Il faut par ci par la, la, la,
Egayer l'union, don, don,
De la maçonnerie.

 

 

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