Un beau jour de réconciliation 

à Lons-le-Saulnier en 1778

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Cette chanson est la deuxième des deux dont le texte est reproduit au Tracé concernant la fusion, le 7 juillet 1778, des Loges de l'Egalité et de la Parfaite Intelligence à l'Orient de Lons-le-Saulnier.

Ce tracé précise qu'au Banquet, après d'autres cantiques, Le Frère Ebrard, nouvellement initié, animé par l'exemple, a voulu aussi donner des marques de son zèle et témoigner sa joie par un Cantique de sa composition sur l'air Que l'on goûte ici de plaisirs.

Ce cantique fait donc partie de la grande famille des impressions d'initiation censées émaner d'un maçon fraîchement émoulu.

Les couplets 2 et 3 vont dans le sens de l'enthousiasme manifesté dans les discours vis-à-vis de la cessation de la guerre entre les deux Loges. L'avant-dernier couplet est la traditionnelle Santé du Vénérable et le dernier témoigne, lui, du bonheur d'un nouvel initié.

D'après le fichier Bossu, un Pierre Ebrard, avocat, né en 1748 à Lons-le-Saulnier et décédé en 1799, était en 1778 Orateur de l'Egalité, dont était également membre un Honoré Ebrard, conseiller du magistrat ; l'auteur de notre chanson est très probablement un parent, et peut-être l'Ebrard, notaire, membre en 1811 de la Parfaite Egalité (c'est le nouveau titre distinctif qu'allaient prendre les loges fusionnées) de Lons-le-Saulnier.

Voir ici sur l'air Que l'on goûte ici de plaisirs.


  
FRERES, chantons d'un si beau jour
L'époque mémorable ;
Bacchus quelquefois sans l'amour
Aux Jeux est favorable :
La joie, âme de ce repas,
Nous sourit, nous inspire ;
Pourrions-nous ne nous livrer pas
A son charmant délire ?

 

 

La discorde avec ses serpents
Qui sifflaient sur nos têtes,
Espérait à l'aide du temps,
Etendre ses conquêtes ;
L'amitié s’offre ; à son aspect
La discorde interdite,
Et de frayeur & de respect,
Recule & prend la fuite.

 

 

Divine amitié, désormais
Préside à nos mystères :
Tout schisme cesse, & pour jamais
Tu réunis des Frères :
Nos plaisirs, nos cœurs ne font qu'un :
Aimer afin de l’être,
C'est le mot unique & commun
Qui nous fait reconnaître.

 

 

Frères, je porte la santé
De notre Vénérable ;
Est-il pour la société
Santé plus agréable?
Sa vertu le place avant nous
Pour être notre guide ;
Discorde, nous bravons tes coups
Sous sa divine égide.

 

 

Et toi noble Société,
De l'Être digne ouvrage,
Heureux de ta félicité,
Je te dois un hommage ;
Le bonheur que m'offre ce jour,
Pur comme ton essence,
Inspire à jamais mon amour
Et ma reconnaissance. 

Le Frère Ebrard connaissait ses classiques : les deux premiers vers du couplet 2 ne manquent pas de rappeler Racine

 

(dessin de Daumier, dans les Maîtres Humoristes

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