Cantique d'Adoption (Orléans 1781)

Cliquez ici pour entendre un fichier mp3 de la partition du n° 156 de la Clé du Caveau (remerciements à Daniel Bourgeois, auteur du fichier Musescore utilisé)

Comme il est mentionné ici, la loge orléanaise de l'Union Parfaite, lors de son inauguration le 27 juillet 1778, avait manifesté l'intention de s'adjoindre une loge d'Adoption.

Ce voeu fut comblé le 14 juin 1781 avec la réception de quatre dames. Le Frère Houry présenta à cette occasion le cantique suivant, bel exemple de l'aimable et flatteur marivaudage qui caractérise beaucoup de chansons du XVIIIe relatives à l'adoption.

On notera, au premier couplet, l'anomalie consistant à faire rimer soeurs avec encens et, au deuxième, jardin avec Eden.

Voir ici sur l'air De l'oiseau qui te fait envie.
 

    

CANTIQUE

 

Sur l’air : De l'oiseau qui te fait envie

 

Quel est cet aimable délire
Qui vient de surprendre nos soeurs ?
De ces beautés le doux empire
Sur leurs pas fixe notre encens ;
La vertu fait leur digne exemple ;
Elles n’observent que ses lois ;
C'est pour l’honorer qu'en ce Temple
Elles font retentir leur voix.

 

A Cythère, elles sont les grâces
Qui suivent le char de Cypris.
Le grand Mahomet sur ses traces
N'a pas de si belles houris ;
Elles ont le charme de Flore,
Dans un voluptueux jardin :
Leurs traits brillent comme l’aurore
Aux heureuses plaines d'Eden.

 

Ce jour, abondant en délices,
De l'Union comble les vœux :
Il forme les plus beaux auspices,
Et sera cher à nos neveux ;
Le sort, aux rives de la Loire,
Nous donne des divines sœurs.
Le souvenir de cette gloire
Sera gravé dans tous les cœurs.

Les nouvelles soeurs répondirent à ces transports, mais en les modérant par leur insistance sur le fait que c'est l'amitié plutôt que l'amour qu'elles venaient chercher en loge. Même s'il adopte un ton semblable, leur texte (dont la versification est plus rigoureuse), est très ferme sur ce point :
 

    

RÉPONSE

Faite par les sœurs nouvellement réunies à l'Orient d'Orléans

AU CANTIQUE

Qui leur a été chanté le jour de leur réception.

Sur le même air :

 

Pour répondre aux rimes charmantes
Qu'embellit encore votre encens
Des Sœurs les plus reconnaissantes
Ne dédaignez point les accents.
L'amour d'une ardeur éternelle
Chaque jour se laisse enflammer ;
Mais l’amitié rend plus fidèle ;
On lui doit le bonheur d'aimer.

 

Amitié, sentiment céleste,
Quels accents sont dignes de toi !
Frères chéris, que j'en atteste,
Est-il une plus douce loi ?
Vainement on cherche à décrire
Ce qu’icy nous éprouvons tous :
On ne rend point ce qu'elle inspire,
Mais on le sent auprès de vous.
 

Nos sources pour cette page sont les pp. 45 et 46 d'un ouvrage anti-maçonnique extrêmement bien documenté, l'Essai historique sur les francs-maçons d'Orléans (1740-1886) publié en 1886 à Orléans par un auteur qui signe simplement U. P. mais que Pierre Allorant identifie ici (cfr note 4) comme l'abbé Théophile Cochard, écrivain antisémite et grand admirateur de son évêque Mgr Dupanloup.

Cet ouvrage reproduit également (pp. 47-50) une Epître dédiée par un Frère à l'une de ces Soeurs, et qui est une description de la cérémonie. 

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